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Règles de Bâle II : Les inquiétudes des PME subsistent
Publié dans Finances news le 03 - 07 - 2008

* Les patrons des PME et des TPE sont inquiets par rapport à la mise en application définitive des règles de Bâle II, entrées en vigueur en juin 2007.
* D’aucuns craignent en effet un durcissement des conditions d’octroi des crédits.
* Les banquiers renvoient la balle aux PME. Car les conditions d’octroi des crédits dépendront désormais de la qualité de l’entreprise et du risque qu’elle présente.
Quel serait l’impact de l’application des règles de Bâle II sur le financement des PME ? Y aura-t-il un durcissement des conditions de crédit pour cette catégorie d’entreprises ? Vont-elles être désavantagées par
rapport aux grandes entreprises ? La mise en application progressive des nouvelles règles de Bâle II s’appliquant aux établissements bancaires ne finit pas d’alimenter les discussions de salon. Les hommes d’affaires sont inquiets. Et leur inquiétude semble bien fondée. Car qui dit règles de Bâle, dit plus d’exigence en matière de fonds propres des banques et donc durcissement des conditions de crédit à la clientèle. Et ce n’est guère la faute des banques. Celles-là n’ont pas choisi de leur plein gré d’aller vers ce dispositif. Elles étaient bien obligées de s’aligner aux standards internationaux en matière de gestion des risques. Il y va en effet de la solidité du système financier du pays et de son image.
«Les banques en tant que gestionnaires des dépôts, sont dépositaires de la confiance du public. Elles doivent disposer en permanence de fonds propres suffisants pour faire face aux pertes générées par leurs activités», avait en effet expliqué Abderrahim Bouazza, Directeur de la supervision bancaire à Bank Al-Maghrib, lors d’une rencontre organisée la semaine dernière par la Chambre française de commerce (CFCIM).
Le dispositif Bâle II n’est pas (encore) complètement mis en place. Et les spéculations vont bon train. D’aucuns craignent en effet que cela ne produise une éviction, pure et simple, de la PME et de la TPE du circuit bancaire. Les règles de Bâle II stipulent en effet que le niveau des fonds propres des banques doit être, à tout moment, en parfaite adéquation avec les risques auxquels elles s’exposent. Les banques seront donc sommées de mettre la main à la poche à chaque fois que leur risque de portefeuille de crédit s’apprécie. Chose que tout actionnaire, quelle que soit sa stature, ne pourra tolérer indéfiniment. La seule solution qui reste alors pour les banques est de passer au peigne fin les emprunteurs pour éviter le maximum de risque. Autrement dit : ne financer que les mieux nantis. Les petits (PME et TPE) seront priés d’aller voir ailleurs. Déjà que sans règles de Bâle II, celles-ci trouvent d’énormes difficultés pour se financer…
Ces arguments sont bien valables. Et il ne faut en aucun cas charger les banques si durcissement de crédit il y a. Car, il est normal pour un banquier de faire des affaires avec une entreprise solide plutôt qu’une entreprise qui ne l’est pas «Business is Business. Charité après».
Les banques seront désormais obligées d’attribuer à chaque entreprise une note (un rating dans le jargon des banquiers) calculée en fonction du risque de défaillance de l’entité concernée. La notation fluctue d’une échelle de 1 à 9. Plus la notation de l’entreprise est élevée, plus son risque de défaillance est important. Et plus encore, les conditions d’octroi de crédit seront dures. Comprenez : plus de garanties exigées et tarification relativement élevée. «C’est aux entreprises donc de faire un effort pour améliorer leur rating», lance Bouazza. Le mot est lâché. La balle est aujourd’hui dans le camp des entreprises. Son patron, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, ne cesse également de le dire et de le répéter à qui veut l’entendre. Dans une récente rencontre organisée par la Smaex autour du même sujet, Jouahri avait lancé un appel sans équivoque aux entreprises. Un appel qui résume toute la problématique: «Voulez-vous qu’on vous aide ? Passez à la transparence financière». Il a été même rejoint dans son raisonnement par Mohammed Kettani, patron du groupe Attijariwafa bank, qui avait déclaré lors de la même manifestation que «les entreprises doivent améliorer leur organisation, leur process, leur gestion pour que nous puissions leur octroyer un crédit facile d’accès et surtout compétitif». C’est en effet de la qualité, la disponibilité et la pertinence de l’information fournie par les entreprises que dépendront les conditions d’octroi de crédit et de la tarification de celui-ci. Il faudra en finir avec les pratiques du passé. L’ère des trois bilans (pour le Fisc, la banque et sa femme) sera bientôt révolue», ironise ce banquier à la retraite. Les entreprises ont donc un énorme travail à faire sur elles-mêmes.


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