La fin de la première phase de l'opération «Vacances pour tous», le 14 juillet, a permis à Narjiss de retrouver ses deux enfants partis en colonie de vacances à Ifrane, non sans soulagement après le drame de Ras El Ma. Elle nous fait part des impressions de ses deux enfants après cette expérience. Narjiss, un nom d'emprunt, a accueilli avec beaucoup de soulagement le retour de ses deux enfants de l'opération «Vacances pour tous» qui a été marquée par l'événement dramatique de Ras El Ma. Cette jeune maman les a envoyés pour la première fois dans une colonie de vacances avec comme objectif que ces enfants, qui fréquentent la mission espagnole, pratiquent leur langue maternelle, découvrent les différentes composantes de la société où ils vivent et apprennent à compter sur eux-mêmes. Pari gagné puisque durant deux semaines, ils ont vécu dans un climat éclectique et ont été satisfaits de cette nouvelle expérience. Toutefois, certains points noirs ont été soulevés par les deux gamins. Ils étaient partis depuis le premier juillet à Ifrane avec la colonie de vacances organisée par l'agence MAP. Hanane et Mourad ont eu la chance d'être logés dans le centre de vacances de Maroc Telecom, en plein centre-ville dans un chalet d'époque avec piscine, terrains de sport, électricité, eau potable... «Chaque dortoir accueillait 10 personnes, dont un moniteur», raconte Narjiss d'après ce que lui ont rapporté ses deux enfants. 600 DH par «tête» Pour ce «grand» luxe, elle a dû payer 600 DH pour chacun, en plus de leur argent de poche et des cartes téléphoniques que les enfants n'ont finalement pas utilisées. En effet, les portables étaient interdits et pour avoir des nouvelles de ses enfants, elle devait appeler les responsables du camp. En tout et pour tout, elle leur a parlé 2 ou 3 fois pendant deux semaines, sous la surveillance des moniteurs bien entendu. A leur retour, Narjiss a constaté que sa fillette se portait bien mais que Mourad avait perdu quelques kilos; et pour cause, il refusait de faire sa sieste et jouait beaucoup trop. La nourriture servie dans le camp était correcte, explique Narjiss. Les enfants avaient droit à des petits-déjeuners équilibrés et n'étaient aucunement privés de ce côté-là. Par contre, pour l'hygiène, ils n'ont eu droit qu'à deux douches pendant la durée de leur séjour puisque l'eau n'était pas tout le temps disponible. Mais ce problème n'est rien à côté d'un autre souci auquel les enfants ont dû faire face. La qualité de l'encadrement, notamment le choix des moniteurs, faisait affreusement défaut et pesait lourd sur le moral des enfants. « Je me demande comment certains animateurs ont été sélectionnés ? Certains d'entre eux étaient brutaux et n'hésitaient pas à dire des grossièretés devant les enfants. Il y en avait même quelques-uns qui étaient à peine âgés de 18 ans et n'avaient aucune formation d'animateur ni aucune prédisposition à s'occuper des enfants». A tel point que les vacanciers ont soulevé ce point devant le «Parlement des enfants », l'une des activités programmées dans ce camp. Des activités auxquelles tous les enfants ne prenaient pas part parce que les moniteurs faisaient des «casting» de qui jouera à quoi. Mais, dans l'ensemble, «c'était une expérience globalement positive, à tel point que «mes deux enfants m'ont demandé de les inscrire pour l'année prochaine », conclut Narjiss. L'on notera parmi les points positifs relevés dans l'expérience globalement satisfaisante de Hanane et Mourad, les excursions organisées en faveur des enfants du camp d'Ifrane dans les régions avoisinantes, notamment à Bensmim et Ras Al Ma qui a déploré la mort des 6 fillettes. Une fois dans ce camp tenu par l'Association Hassania Yacoub El Mansour, et comme le montre un enregistrement amateur des deux enfants, le responsable du camp de Ras El Ma explique aux jeunes visiteurs que cette région regroupe un ensemble d'animaux sauvages qui, à cause de la pénurie d'eau, viennent se désaltérer tout près du campement. Parmi ces animaux, le sanglier, un animal réputé dangereux tant pour les enfants que les adultes. Ainsi, les enfants du camp de Ras El Ma sont perpétuellement exposés à ce danger sans que cela n'inquiète personne.