* Le marché des MRE est réparti entre trois banques. * En dépit de leur augmentation, les transferts des MRE se concentrent sur l'immobilier. * La faible bancarisation des MRE fait que seuls 16% de leurs transferts transitent via le circuit bancaire. Lévolution importante enregistrée ces derniers temps par les transferts des Marocains Résidant à l'Étranger suscite de nombreuses interrogations. C'est dans ce sillage que s'inscrit l'étude élaborée par BMCE Bank. Les transferts des MRE ont atteint plus de 40 Mds DH en 2005 contre 19 Mds DH en 1996, soit une progression annuelle moyenne de 8,9 %. Les raisons inhérentes à cette progression tiennent essentiellement à un engagement de l'Etat qui, en fait, a stimulé les retours des MRE. Le ministère délégué chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l'Etranger a réalisé plusieurs avancées en terme d'incitations des MRE au retour au pays et à l'investissement. La cellule mise en place au sein du ministère vise à attirer les MRE en tant que travailleurs pour apporter leur savoir-faire mais aussi en tant qu'investisseurs et touristes. De même, l'implantation des banques marocaines à l'étranger a permis la commercialisation d'une variété de produits destinés à ce segment. Ces transferts, qui représentent 26,3% des dépôts globaux des banques, ne sont pas utilisés comme il se doit dans les secteurs productifs. Bien qu'il s'avère difficile de quantifier le nombre de MRE en raison de l'émigration clandestine et de la double nationalité, les rédacteurs de l'étude ont évalué les MRE à environ 3,2 millions de personnes. «La communauté marocaine résidant à l'étranger est fortement concentrée en Europe occidentale. Les statistiques de 2004 indiquent que l'Union européenne constitue la destination privilégiée des émigrés marocains, regroupant 85,9% de nos ressortissants», précise l'étude. Près de 1,1 million de Marocains, soit 42% de MRE, vivent en France. Des écueils à éviter A noter qu'en dépit de l'évolution qu'ont connue les transferts des MRE, il n'en demeure pas moins que d'importantes contraintes persistent, telles que la cherté du coût des transactions, la faiblesse du taux de bancarisation, la lourdeur des procédures administratives et la difficultés d'accès aux services bancaires. Les transferts des MRE ont toujours constitué la première source en devises pour notre économie. Ce n'est qu'en 2005 que les recettes touristiques ont dépassé, et pour la première fois, les transferts liés aux MRE. Au cours de la période 2001-2005, le rapatriement des fonds des MRE a permis de couvrir les deux-tiers du déficit commercial du pays et 22,8% des importations. Comparativement à d'autres pays à développement comparable, les transferts des MRE rapportés au PIB sont élevés. Au moment où le Maroc dégage un ratio de transferts/PIB avoisinant les 9%, la Syrie, l'Algérie et la Tunisie dégagent respectivement des taux de 2%, 3% et 2% ; tandis que le Liban et la Jordanie réalisent des taux de 22% et de 15%. D'après BMCE Bank, les dépôts des MRE ont représenté à fin 2005, 26,3% du total des dépôts des banques commerciales, en baisse de 1,5% par rapport à 2004. Cette régression résulte essentiellement d'une hausse du total des dépôts ( 11,9%), plus importante que celle des dépôts des MRE (5,7%). Quid de la répartition bancaire ? En ce qui concerne la répartition des transferts des MRE, la Banque Centrale Populaire détient la part du lion, soit 54,8%. AWB occupe la seconde position avec 26,4% du total des dépôts, suivie de BMCE Bank (8,1%). Cette position de la BCP s'explique par plusieurs facteurs. D'après BMCE Bank, la BCP est la première banque à s'installer sous d'autres cieux, avec pour mission de bancariser la population marocaine locale et à l'étranger. AWB est aussi très présente sur les marchés européens. Elle se concentre sur les pays où réside une forte population de MRE, tels que la France, l'Espagne, la Belgique et l'Allemagne. BMCE Bank a vu ses parts de marché améliorées, et ce depuis 2002 en raison de l'intérêt accordé aux MRE dans le cadre de la stratégie de ladite banque ainsi que par les efforts de communication fournis par le réseau interne et externe. Au cours des dernières années, d'autres banques se sont intéressées à cette catégorie de clientèle et ont mis à sa disposition des produits variés afin de les inciter à venir investir au Maroc et à participer activement à leur intégration dans les circuits économiques. Toutefois, les ressortissants marocains investissent en masse dans l'immobilier puisque ce secteur représente, non seulement une forme de placement sûre, mais également un signe de réussite sociale et une véritable sécurité en cas de retour au pays d'origine. A noter que malgré le dynamisme dirigé vers les MRE, une grande partie des transferts échappe aux banques. Seuls 16% des transferts sont réalisés au niveau des banques en raison de la faible bancarisation des MRE. En dépit de la forte évolution des fonds transférés par les MRE, une grande partie de ces capitaux passe par les circuits informels, ne permettant pas à l'économie marocaine de profiter pleinement de cette aubaine. Une étude effectuée par la Banque Européenne d'Investissement avance que la part de l'informel constitue près de 35% des fonds rapatriés au Maroc. Les organismes de transfert tels que Western Union représentent 49% des fonds transitant d'Espagne en raison de la rapidité et de la sécurité qu'ils offrent, et ce en dépit de leur coût relativement élevé.