* Tendance à la baisse des transferts des MRE sous leffet de la récession dans les pays daccueil. * Lannée 2008 subira une quasi-stagnation et 2009 connaîtra un recul comparé à lévolution à deux chiffres durant les cinq dernières années. * Les avoirs en devises et limmobilier sont les principaux segments touchés de léconomie nationale. «Le Maroc est indemne de la crise économique mondiale», répétaient souvent les officiels marocains. Certes, dans limmédiats aucun effet nest à signaler. Mais les ondes de choc nont pas tardé à se déclarer. Lun des chevaux de bataille de léconomie marocaine, à savoir les transferts des MRE, est susceptible dun retournement de tendance. Avec les exportations et les recettes de voyages, ce segment est lun des principaux pourvoyeurs de devises du pays. Les transferts des MRE ont tendance à la stagnation cette année. Les chiffres publiés par lOffice des changes le montrent clairement. Lévolution à deux chiffres, enregistrée durant les cinq dernières années, nest pas au rendez-vous. La crise dans les principaux pays daccueil commence à se faire sentir. Nos Marocains de létranger font de plus en plus face aux aléas de la vie quotidienne qui grèvent une bonne partie de leur gain. Au terme des 9 premiers mois de lannée, les recettes des MRE ont atteint près de 42,03 Mds de DH contre 41,4 Mds de DH au cours de la même période de lannée précédente soit une petite hausse de 1,5%. Il ne faut pas sattendre à ce que les transferts augmentent durant le dernier trimestre de lannée car lessentiel des virements se fait durant la période estivale, plus précisément aux mois de juillet et août. En comparaison avec les années précédentes, les transferts des MRE ont réalisé une évolution de 15% en 2007, de 17,4% en 2006 et de près de 9% en 2005. Les explications de ce retournement de tendance trouvent leur origine dans la crise économique qui frappe de plein fouet les principaux pays daccueil, surtout dans la zone Euro. «La vie devient difficile et chère, les MRE se battent comme ils le peuvent pour faire face aux besoins du quotidien», a expliqué Mostafa Salih, secrétaire général dune association de MRE en Catalogne, (Espagne). Il a souligné que «plusieurs expatriés ont perdu leur emploi ou sont menacés de chômage. A cause de la récession, certains envisagent même de retourner au pays». Le même constat est partagé par Abdelkrim Miftah, membre dune «widadia de Marocains de Lyon» en France, qui a indiqué que «les choses ont beaucoup changé et que les MRE, surtout de la deuxième et troisième génération, vivent actuellement au même niveau que les Européens. A part ceux qui ont des personnes à charge au Maroc, les transferts dargent vers le pays natal ne sont plus une priorité dautant plus que les coûts ont excessivement augmenté, entraînant un désintérêt des MRE surtout pour limmobilier». Mais daprès plusieurs analystes, lattachement des MRE à leur mère patrie est indéfectible. Cette communauté, qui représente 10% de la population marocaine, assure via ses transferts léquivalent de 10% du PIB qui est dun niveau supérieur comparativement aux autres diasporas. En effet, la récession a été confirmée dans tous les pays européens. Cette crise va se prolonger au moins pour lannée 2009. Elle a eu un impact direct sur les salaires et lépargne des ménages dont les MRE. La France, lEspagne, la Hollande, lItalie et la Belgique qui accueillent 77% des MRE et assurent 85% de leurs transfertss, sont fortement sous le coup dun marasme économique de grande ampleur. Les prévisions pour ces pays tablent sur une stagnation économique ou un léger recul en 2008 et une récession pour 2009. Les secteurs industriels et des services, principaux employeurs dans ces pays, connaissent une vague de faillites qui a déclenché des licenciements en masse. La communauté des immigrés, généralement dun profil moyen, est dans la ligne de mire. Le gouvernement espagnol a annoncé que le taux de chômage pourrait atteindre les 10% à la fin de lannée, soit une hausse de près de 2 points par rapport à 2007. Le marché de lemploi en France et en Italie nest pas au beau fixe. Plusieurs entreprises annoncent des milliers de suppressions demplois. Leffet sur léconomie nationale va se préciser dans les mois à venir. Le stock des avoirs en devises du Maroc sera impacté. Il représentait près de 11 mois dimportations il y a deux ans, il est tombé à 9 mois. Le risque de le voir baisser davantage est omniprésent du fait que les transferts des MRE alimentent 25% de ce stock. Les recettes voyages, lautre élément pourvoyeur de devises, enregistrent des contre-performances. Durant les neuf premiers mois de lannée, elles ont atteint 44.874,5 MDH contre 45.191,9 MDH durant la même période de 2007, soit une baisse de 0,7%. Le salut vient de la progression notoire des exportations de phosphates qui ont connu une nette hausse de plus de 206% en sétablissant à près de 43.518 MDH, profitant largement dune flambée des cours. Limmobilier est le principal secteur touché par la faiblesse des transferts des MRE. Le créneau des résidences secondaires et le haut standing ont subi un véritable coup. Les promoteurs, qui sattendaient à réaliser de bonnes affaires avec le retour des MRE durant la période estivale, ont connu une véritable déception. Ce marché, dont loffre dépasse la demande, a vu un net fléchissement des prix faute dacheteurs.