En dix ans, les transferts des Marocains résidant à l'étranger sont passés de 19 à 40 milliards de dirhams. Une évolution où la part de l'informel pèse encore lourd. Entre 1996 et 2006, les transferts des Marocains résidant à l'étranger sont passés de 19 à 40 milliards de dirhams, soit une évolution de 8,9%. Ces transferts constituent 26,3% des dépôts globaux des banques et couvrent les deux tiers du déficit commercial du pays. Cette évolution, souligne-t-on à BMCE Bank, s'est faite en dépit d'importantes contraintes dont la cherté des coûts des transactions, la faiblesse du taux de bancarisation, la lourdeur des procédures administratives et la difficulté pour les MRE d'accéder aux crédits bancaires. En comparaison avec de nombreux pays à niveau de développement équivalent, les transferts de MRE rapportés au PIB sont élevés. Ce ratio est de 9% au Maroc contre 2% en Tunisie et en Syrie et 3% en Algérie. La Jordanie est championne en la matière avec des transferts de ses ressortissants à l'étranger couvrant 22% de son PIB. Le Liban n'est pas en reste avec un rapport de 15% entre les transferts de sa diaspora établie à l'étranger et son PIB . Bref, les transferts des MRE constituent la première source de devises pour le pays. Cela même si pour la première fois, en 2005, les recettes touristiques ont dépassé celles des MRE. Cette hausse des transferts des MRE au Maroc s'accompagne d'une hausse des arrivées, passant de 1,06 million en 1996 à 2,79 millions en 2005, soit une progression annuelle de 11,3%. Selon l'analyse, la BCP détient 58,4% de part de marché, suivie d'Attijariwafa bank (24,6%) et de BMCE Bank (8,1%). Cette dernière banque enregistre depuis 2002 une forte percée sur ce créneau. Dans le but de développer les engagements sur ce segment, ne couvrant que 31% des projets des MRE, les trois banques organisent diverses campagnes d'information sur les produits bancaires et les procédures relatives au crédit. Mais, en dépit de ce dynamisme, une grande partie des transferts échappe aux banques. Selon une étude effectuée par la Banque européenne d'investissement (BEI), en Espagne, la part de l'informel constitue près de 35% des fonds rapatriés au Maroc. Les organismes de transfert d'argent, tels que Western Union, représentent 49% des fonds transitant de l'Espagne, en raison, souligne le magazine économique BMCE Monthly, «de la rapidité et de la sécurité qu'ils offrent et ce, en dépit de leur coût relativement élevé ». Seuls 16% des transferts sont réalisés au niveau des banques en raison de la faible bancarisation de la majorité des MRE. Du reste, l'immobilier accapare à lui seul 72% de l'ensemble des investissements drainés par les Marocains résidant à l'étranger. Les services représentent 20% du total des investissements MRE.