La visite royale à Laâyoune et le discours historique qu'il a prononcé à l'occasion du quarantième anniversaire de la Marche Verte marquent un tournant décisif pour l'avenir du Royaume et pour les régions du Sud. Fin du système de rente, opérationnalisation de la régionalisation, bond économique, développement humain et social et fermeté face aux ennemis de notre intégrité territoriale : désormais il y aura un avant et un après 6 novembre 2015. Ne dites plus Sahara marocain, mais provinces du Sud du Royaume du Maroc. La nuance semble anodine, pourtant, elle est de taille : ces 3 régions (Laâyoune-Boujdour- Sakia El-Hamra, Oued Ed-Dahab- Lagouira et Guelmim-Es-Smara) n'ont pas (ou plus) de statuts particuliers. Elles n'ont pas à en avoir. Elles sont une partie intégrante du territoire national, au même titre que les 9 autres régions qui les compose, ni plus ni moins. «Il n'y a pas de particularités d'une région par rapport à une autre», souligne Mohamed Hassad, ministre de l'Intérieur, lors d'une rencontre avec les journalistes, à Laâyoune, le matin du discours royal. L'intégration et l'arrimage total des provinces du Sud au reste de la nation est irréversible, que ce soit sur le plan institutionnel, politique ou économique. Ces propos illustrent bien le tour- nant historique qui s'est produit ce vendredi 6 novembre. 40 ans après la glorieuse Marche Verte, le Roi Mohammed VI est venu à Laâyoune porteur d'un message fort et historique (voir encadré). Après 4 décennies de consolidation, de mise à niveau et de sacrifices, l'heure est désormais à l'opérationnalisation de la régionalisation avancée. Il s'agit à présent de donner à ces trois provinces les moyens d'assurer leur décollage économique et social ainsi que leur dévelop- pement inclusif. Le Souverain a ainsi décrété la fin de la rente et des privilèges qui ont marqué la gestion des affaires sahariennes depuis le retour de ces territoires à la mère patrie. Il s'agit d'une rupture fondamentale dans l'approche de l'Etat concernant les questions sahariennes. Un tournant donc, dont les montants qui seront investis donnent la pleine mesure : comme nous le confie un ministre, «en 40 ans, près de 80 milliards de DH ont été investis dans les provinces du Sud, soit presque autant que ce qui sera investi durant les 10 prochaines années dans le cadre du Nouveau modèle de développement des provinces du Sud (NMDPS)». La stratégie de ce plan, qui repose en grande par- tie sur les recommandations du CESE, vient d'être lancée par le gouvernement Benkirane devant Sa Majesté le Roi à Laâyoune, ce samedi 7 novembre. Un programme dont l'objectif est de valoriser les provinces du Sahara comme centre économique et comme trait d'union entre le Maroc et son prolongement africain. A voir la liste des 200 projets qui seront réalisés dans les 3 régions, c'est ni plus ni moins une véritable révolution industrielle et économique qui voit le jour. Changement d'approche également sur le plan diplomatique : plus question de se laisser donner des leçons, de se cantonner à une position victimaire et d'être dans la réaction défensive. «Nous sommes à présent dans l'offensif, parce que c'est nous qui sommes un exemple pour la région, marocaines, il doit aller à Rabat, là où se trouve le gouvernement du Maroc. Il n'a rien à faire à Laâyoune», poursuit notre interlo- cuteur. Changement d'approche et de ton, donc. Tournant enfin dans la gouvernance. Fini la centralisation des décisions et la mentalité de la concentration administrative, place à la gestion locale des affaires, par les Sahraouis pour les Sahraouis, à travers la régio- nalisation avancée et le transfert rapide des compétences. Les 3 provinces concernées font figure de modèles pour l'opérationnalisation de cette régionalisation. Grande première, la contractualisation entre l'Etat et chaque région permet de définir les engagements financiers de chaque partie. Pour donner de la visibilité aux Régions du sud concernant les ressources trans- férées par l'Etat, une convention entre l'Etat et les régions du Sud est signée pour définir les enveloppes globales des transferts de l'Etat aux régions sur la période 2016-2027. Le montant global prévisionnel sur la période est de l'ordre de 19,2 milliards de DH. Les populations de ces provinces prennent leur destin en main, avec les élus qu'ils ont eux-mêmes choisis, démocratiquement. Avec cette visite historique du Roi à Laâyoune, son discours fort et ferme et le lancement du niveau modèle de développement, rien ne sera plus comme avant. Il y aura un avant et un après 6 novembre 2015. Passages clés du discours Royal 1- «Nous voulons opérer une véritable rupture avec les méthodes adoptées jusque-là dans la prise en charge des affaires du Sahara : rupture avec l'économie de rente et des privilèges et la défaillance de l'initiative privée, et rupture avec la mentalité de la concentration administrative». 2- «Nous tenons à ce que les fils de nos provinces du Sud disposent des moyens nécessaires pour gérer leurs propres affaires et montrer leur capacité à assurer le développement de la région». 3- «Nous ne brandissons pas de slogans creux, pas plus que nous ne vendons d'illusions comme le font les autres. En revanche, nous souscrivons des engagements et nous les respectons et veillons à leur concrétisation sur le terrain». 4- Nous avons décidé de mobiliser, avec l'aide de Dieu, tous les moyens disponibles pour la réalisation de grands chantiers et de projets sociaux et médico-éducatifs, dans les régions de Laâyoune Sakia El-Hamra, Dakhla Oued Eddahab et Guelmim – Oued Noun. 5- «La légitimité démocratique et populaire qu'ils ont acquise fait des élus les représentants authentiques des popu- lations des provinces du Sud, tant au niveau des institutions nationales que dans leurs rapports avec la communauté internationale».