Le renouveau générationnel allié à la compétence, l'intelligence, la jeunesse et un certain dynamisme aussi semblaient avoir soufflé en cet automne sur les salons feutrés de la diplomatie marocaine. Avec la nomination de M'Barka Bouaïda, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, c'est la première fois, en effet, qu'une femme accède à ce poste. Rien ne l'y prédestinait pourtant, si ce n'est à la fois une conjoncture politique exceptionnelle et la nécessité de faire accéder des femmes à des postes clés. Il reste néanmoins le fait que son parcours personnel a joué beaucoup en faveur de son choix, au sein du Rassemblement national des indépendants (RNI) où elle est adoubée par l'actuel ministre des Affaires étrangères et en même temps président du RNI. M'Barka Bouaïda a l'âge de la Marche Verte, puisqu'elle est née en 1975, année charnière, qui plus est à Guelmim, aux portes du Sahara. Femme ouverte, de cette souche de militantes qui défendent leur pays becs et ongles, cultivée et douée pour les langues, puisqu'elle parle et écrit couramment l'arabe, le français, l'anglais et l'espagnol, M'Barka Bouaïda est membre du bureau politique du RNI, élue en 2007 pour la première fois en qualité de député à la Chambre des représentants. Elle avait trente-deux ans et avait cette double qualité d'être femme au sein d'un Parlement encore misogyne et de faire partie du gotha du parti. Jusqu'à sa nomination en octobre dernier, qui n'aura surpris que quelques personnes, la ministre déléguée participait à sa manière à l'activité politique nationale en renforçant une présence sur les champs de réflexion et d'engagement militant. Fidèle parmi les fidèles dans le carré éclectique du président du RNI, elle s'était mobilisée de manière conséquente pendant le scrutin législatif de novembre 2011, la bannière du RNI et de ses valeurs chevillées au corps. Il faut voir M'Barka Bouaïda intervenir sur les podiums de l'actualité nationale ou internationale, pendant les Atlantiques organisées par le groupe OCP à Rabat il y a quelques mois, ou aux Etats-Unis en marge du voyage de SM le Roi Mohammed VI. S'exprimant en anglais parfait, châtié dira-t-on, elle força l'admiration de la présentatrice de la chaîne Fox News qui finit par lâcher ce compliment : «Mme la ministre, vous ne faites pas honneur seulement à la femme marocaine, mais aux femmes du monde entier» !