Le Maroc pourrait réduire de moitié sa dépendance aux importations d'énergies fossiles, celles-ci passant de 8% du PIB aujourd'hui à 4% en 2030. Les perspectives d'emplois directs et indirects sont estimées à plus de 100.000 postes. L e Maroc est un pays importateur net de l'énergie. Sa dépendance de l'étranger est quasi-totale. Pour faire face à cette situation, le pays n'avait pas de choix que de chercher des sources alternatives d'énergie. L'option du renouvelable n'a pas tardé à être adoptée suite à la volatilité des cours de pétrole et des effets pénalisants de cette facture sur l'économie nationale. Outre le volet énergétique, le renouvelable présente des atouts socioéconomiques importants. Une valorisation des ressources solaires et éoliennes au Maroc offre d'importantes opportunités de croissance et de création d'emplois pour les Marocains. C'est ce qui ressort du dernier rapport présenté récemment par Dii à Casablanca. Dii est un consortium industriel international, qui a pour mission de stimuler la création d'un marché des énergies renouvelables en Méditerranée. Il y a trois volets dans la stratégie du Maroc pour développer les énergies renouvelables. Tout d'abord le côté économique qui consiste à réduire la dépendance énergétique. Ensuite le côté social avec la création de filières génératrices d'emplois et, bien sûr, le côté environnemental. Selon le rapport de Dii qui a été présenté à la Chambre de commerce allemande de Casablanca, les secteurs industriels de l'éolien, du photovoltaïque et du thermo-solaire concentré pourraient représenter jusqu'à 5% de la valeur totale des biens produits en 2030, si le Royaume investit massivement dans la production d'électricité d'origine renouvelable. «Le Maroc pourrait également réduire de moitié sa dépendance aux importations d'énergies fossiles, celles-ci passant de 8% du PIB aujourd'hui à 4% en 2030. En même temps, la croissance du PIB serait renforcée de manière significative. Avec ses ressources éoliennes et solaires abondantes et sa politique volontariste de diversification de ses sources d'approvisionnement, il réunit les conditions idéales pour l'émergence d'un tissu industriel dynamique et compétitif dédié aux énergies renouvelables», déclare Paul van Son, PDG de Dii. Le programme de grande envergure que le Maroc peut créer à terme dans l'énergie solaire permettra d'édifier des filières intégrées au niveau industriel. Le rapport indique que le Maroc pourrait se concentrer dans un premier temps sur la fabrication de composants relativement simples et multi-usages, tels que les câbles électriques pour les éoliennes ou les structures support pour des panneaux photovoltaïques, tout en s'orientant en parallèle vers la fabrication de composants de plus en plus complexes. Perspectives intéressantes Tout ce qui est ingénierie et génie civil, fabrication de miroir, devrait être pris en main par les Marocains. L'intégration industrielle nécessite plusieurs segments de chaîne de valeurs. Les perspectives d'emplois directs et indirects au Maroc sont estimées à plus de 100.000 postes dans la mesure où une part importante des composants sont fabriqués localement. Par ventilation, les postes créés sont estimés à 35.000 emplois par année pour le thermo-solaire concentré, 23.000 pour le photovoltaïque et 46.000 pour l'éolien. Ceci pour chaque milliard d'euros investis. Ces emplois concernent aussi bien la fabrication des composants et la construction des centrales que leur fonctionnement et leur maintenance. Outre l'intégration industrielle, l'intégration régionale est fortement présente dans le plan de développement des énergies renouvelables. Les besoins de compétences dans le secteur des énergies renouvelables sont bien réels. Le producteur de câbles international Leoni, partenaire associé de Dii, qui emploie environ 8.000 personnes au Maroc, serait prêt à s'engager sur ce marché prometteur. Le Royaume a déjà commencé à former de jeunes Marocains afin qu'ils acquièrent un métier dans cette filière en pleine expansion. «Je suis persuadé que les mesures incitatives du gouvernement encourageront de nombreuses entreprises étrangères, telles que Leoni, à développer leurs activités et à transférer leur savoir-faire dans notre pays», déclare Adel Ben-Khaled, Directeur général de Leoni Maroc. «Des partenariats internationaux pourraient accélérer le développement de la filière des énergies renouvelables au Maroc. Dii encouragera ses partenaires à faire du transfert de savoir-faire l'un des éléments essentiels des coopérations de part et d'autre de la Méditerranée. Dans ce contexte, le Maroc pourrait devenir un carrefour de connaissances, partageant son expertise avec ses voisins», conclut Paul van Son. Il est à rappeler que Dii est un organisme qui élabore des scénarios sur le long terme, évaluant la faisabilité d'une transition énergétique dans la région et proposant des moyens de l'assurer. En outre, il met à disposition des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient son expertise afin d'accompagner les programmes solaires et éoliens nationaux. Dii possède un réseau dense d'acteurs politiques, scientifiques, industriels et de la société civile, qu'il met en relation afin de bâtir des projets multipartenariaux. L'enjeu pour le Maroc, dans le domaine des énergies renouvelables, est de réduire sa dépendance énergétique. A cet égard, les investissements lancés doivent être porteurs et assurer un retour dans de bonnes conditions. Il est certes tôt pour connaître les délais de sortie, mais l'essentiel c'est d'assurer la viabilité des projets.