Défis et stratégie La dynamique enclenchée par les projets structurants mis en place par le Maroc entraîne la croissance des besoins en diverses formes d'énergie à un rythme soutenu de 5% par an en moyenne. Ainsi, d'ici 2020, la consommation en énergie primaire va au moins doubler et celle de l'électricité tripler par rapport à leur niveau actuel. Peu pourvu en ressources énergétiques fossiles conventionnelles, le Maroc importe plus de 96% de ses besoins croissants en énergie. Et la demande en électricité au Maroc devrait plus que tripler d'ici 2020 et quadrupler à horizon 2030. Quand à la demande en énergies primaires, elle devrait doubler d'ici 2020 et tripler d'ici 2030. Si le royaume est peu pourvu en ressources énergétiques fossiles significatives ou exploitées, il dispose d'autres atouts : • Un potentiel éolien considérable estimé à 25 000 MW au total, dont 6 000 MW sur les sites déjà étudiés. • Un potentiel solaire également considérable avec 6 000 heures d'ensoleillement par an et des régions à très forte intensité solaire (par ailleurs souvent éloignées des grands sites de production énergétique du pays). • Une industrie performante, engagée dans des démarches de qualité et d'innovation. • Une population jeune, qualifiée et dynamique. • Un positionnement géographique privilégié, au carrefour de l'Afrique et de l'Europe. Offre diversifiée Le Maroc dispose ainsi d'un important potentiel en énergies renouvelables. Eolien et solaire (photovoltaïque et thermique à concentration) sont les premières technologies concernées. Les pouvoirs publics ont fixé comme objectif de parvenir à produire 42% de l'énergie consommée à partir de sources renouvelables en 2020. D'ores et déjà sont lancés : le Plan solaire marocain (PV, CSP) avec un budget de 6 milliards d'euros et une agence dédiée (MASEN), l'objectif est fixé à 2GW en 2020 ; le Programme éolien avec un budget de 3 milliards d'euros pour un objectif de 2 GW également à l'horizon 2020. Aux niveaux législatif, réglementaire et institutionnel, les réformes nécessaires ont été entreprises pour accélérer le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. C'est ainsi qu'ont déjà été promulguées les lois relatives aux Energies renouvelables, à l'établissement de l'Agence de Développement des Energies Renouvelables et de l'Efficacité Energétique (ADEREE), à la création de l'Agence Marocaine pour l'Energie Solaire Moroccan Agency For Solar Energy (MASEN) et de la Société d'Investissements Energétiques (SIE). Stratégie Maroc énergie La stratégie énergétique marocaine se veut de ce fait plus intégrante qu'une simple mise en réseau de projets d'appoint. Elle vise à moyen terme la mise en place d'une industrie locale, englobant toute la logistique et favorisant les transferts de technologies. Dans ce cas de figure, l'énergie est appelée à devenir une compétence partagée dans la région méditerranéenne, avec toutefois l'obligation d'un changement des paramètres de partenariat entre le Nord et le Sud. Aujourd'hui, le Maroc est en position de devenir un hub énergétique. Il en donne le ton via des programmes qui cherchent la pérennisation des nouveaux modèles de développement d'une énergie propre. Les projets intégrés d'énergie solaire et éolienne, lancés respectivement le 2 novembre 2009 et le 28 juin 2010 illustrent la priorité accordée au développement des énergies vertes. Energie solaire Le projet marocain de l'énergie solaire, en cours de réalisation, est en phase avec la tendance internationale, qui, face à une demande énergétique croissante et au défi du réchauffement climatique, place les énergies renouvelables et particulièrement l'énergie solaire au 1er rang des priorités. Grâce à cette stratégie, le Maroc veut devenir un acteur de référence de l'énergie solaire et tirer profit de ses ressources. Et pour cause. Le pays dispose d'un ensoleillement annuel très favorable pour les installations à grande échelle. Avec 3000 heures d'ensoleillement par an,il espère obtenir d'ici 2020, une puissance de 2000 MW grâce à l'énergie solaire, soit l'équivalent de 2 centrales nucléaires. Cette capacité de production représente 38% de la puissance installée à fin 2008 et 14% de la puissance électrique à l'horizon 2020. Outre la production électrique, ce projet inclut la formation, l'expertise technique, la recherche développement, la promotion d'une industrie solaire intégrée et potentiellement le dessalement de l'eau de mer. Cinq sites ont été identifiés pour le lancement de ce projet, qui s'inscrit dans le cadre de la stratégie énergétique tracée conformément aux Hautes Directives du Souverain. Il s'agit des sites de Ouarzazate, Ain Bni Mathar, Foum Al Oued, Boujdour et Sebkhat Tah. Le projet permettra d'assurer une capacité de production annuelle de 4500 GW, soit 18% de la production nationale actuelle. Il sera achevé vers la fin de l'année 2019, et la date de mise en service de la première centrale a été fixée à 2015. Grâce à la mise en valeur du potentiel solaire, le projet contribuera à la réduction de la dépendance énergétique, à la préservation de l'environnement, par la limitation des émissions des gaz à effet de serre et à la lutte contre les changements climatiques. A terme, il permettra annuellement d'économiser en combustibles 1 million de tonne équivalent pétrole (TEP) et d'éviter l'émission de 3,7 millions de tonnes de CO2. Ce projet d'envergure se construit autour de partenariats publics privés ciblés et équilibrés avec des acteurs de référence. Sa mise en œuvre a été confiée à la Masen (Moroccan Agency for Solar Energy). Desertec: Un premier projet pilote au Maroc Le premier projet pilote du mégaprojet Desertec, qui vise à approvisionner l'Europe et la région MENA (Moyen-Orient, Afrique du Nord) en énergies renouvelables depuis les déserts de cette dernière, se fera au Maroc. La production via les centrales solaires en Afrique et au Moyen-Orient devrait démarrer en 2015-2016. Ce projet pilote produira 500 MW d'énergie solaire, dont la majeure partie est destinée à être exportée vers l'Europe. L'investissement de base s'élève de 2,1 à 2,3 milliards d'euros. Desertec vise à créer un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, censées fournir à terme jusqu'à 15% de la consommation d'électricité de l'Europe. Un autre projet de 500 MW sera piloté par le gouvernement marocain à Ouarzazate. L'investissement nécessaire est estimé à terme à quelque 400 milliards d'euros. D'ici fin 2012, DII (Desertec Industrial Initiative) s'est fixé comme objectif d'avoir défini les grandes lignes de Desertec: emplacement des installations, financement, répartition approximative entre solaire et éolien. Energie éolienne La stratégie concernant l'éolien a pour objectif de faire passer la puissance électrique installée d'origine éolienne de 280 MW, actuellement, à 2.000 MW à l'horizon 2020. Ce projet nécessitera un investissement global estimé à 31,5 milliards de DH. La réalisation de cette stratégie passe par l'installation d'une multitude de parcs éoliens. Cinq sites à haut potentiel ont été identifiés : Il s'agit des sites de Tanger II (150 MW), de Koudia El Baida à Tétouan (300 MW), Taza (150 MW), Tiskrad à Laâyoune (300 MW) et Boujdour (100 MW). Les régions du Nord et de l'Oriental sont en effet celles qui offrent le plus de potentiel de production. Ces sites ont été choisis pour accueillir des centrales éoliennes d'une puissance totale de 1.000 MW. La production programmée viendra s'ajouter aux 280 MW de puissance éolienne réalisée dans les parcs de Abdelkhalek Torres (50 MW) et Lafarge (30 MW) à Tétouan, d'Amougdoul (60 MW) à Essaouira et de Tanger Dhar Saadane (140 MW), ainsi qu'aux 720 MW en développement à Tarfaya, Akhfenir, Bab El Oued à Laâyoune, Haouma et Jbel Khelladi à Tétouan. A noter que le programme éolien permettra la production de 6.600 GWH par an, ce qui correspond à 26% de la production électrique nationale actuelle. Outre la composante de production de l'électricité, le programme table également sur une une intégration industrielle de la filière éolienne. L'objectif est de développer une industrie pour la fabrication d'équipements pour les parcs éoliens au Maroc. Il prévoit également la promotion de la recherche-développement et de la formation dans ce domaine énergétique. En combinant les objectifs de production d'énergie des plans solaire et éolien, le Maroc économisera à terme 2,5 millions de tonnes équivalent pétrole en combustible. Ce qui évitera l'émission de près de 9 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Les centrales fonctionnant avec des énergies renouvelables représenteront 42% de la capacité électrique totale installée à l'horizon 2020, soit 14% chacun pour le solaire, l'éolien et l'hydraulique. Efficacité énergétique : Autre chantier très primordial de la stratégie énergétique marocaine : l'Efficacité énergétique. L'objectif de ce programme se décline au niveau de trois principaux secteurs: le transport, l'industrie et les produits de consommation destinés aux ménages. Concernant le transport, c'est le parc automobile qui est principalement visé. En effet, il s'agit d'orienter les conducteurs vers des modes de conduite qui consomment moins d'énergie. Les conditions d'efficacité énergétique dans le transport s'étendent également aux transports en commun où il s'agit de définir des modes optimaux en fonction de la taille des villes. Pour ce qui est de l'industrie, Il s'agit d'abord de réaliser des audits au sein des usines souhaitant réduire leur consommation d'énergie. Ces audits permettront d'évaluer l'ampleur du gaspillage dans chaque composante de l'usine concernée. Le repérage de ces zones débouchera sur la définition des actions pour réduire la consommation d'énergie, de quelques sources qu'elle soit. Le rôle de l'ADEREE consiste, dans ce volet, à accompagner et former des auditeurs indépendants pour qu'ils puissent intervenir auprès des investisseurs demandeurs d'économie d'énergie, quel que soit leur secteur d'activité. Pour le troisième volet, la consommation domestique, la première action programmée est la poursuite du remplacement des ampoules ordinaires avec leurs équivalents économiques. L'ADEREE programme également la mise en place d'un référentiel d'efficacité énergétique dans le bâtiment. Ce texte consiste à lister les travaux à réaliser au niveau des constructions pour qu'elles consomment moins d'énergie. Cela concerne principalement les systèmes d'isolation en tous genres et l'utilisation de matériaux adaptés à cet objectif. Autre projet structurant dans ce troisième volet : la catégorisation des appareils électroménagers. En collaboration avec les fabricants de ces machines, l'ADEREE classera en fonction d'un nombre convenu de critères le niveau d'utilisation d'énergie de chaque machine. Une catégorisation qui sera affichée avec le modèle dans les grandes surfaces et les magasins spécialisés dans l'électroménager.