Le Conseil de la concurrence vient de livrer les résultats de son étude sur l'état de la concurrence au sein des professions libérales. La réunion de présentation s'est faite hier à Rabat en présence des représentants de plusieurs professions, dont les architectes, les avocats et les pharmaciens. Tous ont exprimé leur mécontentement des résultats de cette étude. Le Conseil de la concurrence a relevé plusieurs écueils qui entravent l'exercice d'une concurrence loyale dans les professions libérales. Le premier de ces obstacles se pose en amont de l'exercice de ces professions. Il s'agit de la formation universitaire. Selon les analystes chargés de cette étude, «Il existe une problématique de barrières excessives à l'entrée en comparaison avec l'Europe. Ces barrières rendent l'accès à la formation difficile, et cela n'est guère justifié». Une comparaison établie entre le Maroc et les pays de l'UE montre que le modèle marocain nécessite plusieurs années de formation pour des résultats pas toujours probants. Le Conseil a également pointé du doigt le déficit au niveau des passerelles interprofessionnelles qui ne laissent qu'une voie unique pour intégrer ces professions. Il critique aussi celles qui prévoient des passerelles, comme la profession de notaire, dans laquelle peuvent basculer des juristes d'autres formations mais avec des conditions d'accès difficiles, d'où un taux d'insertion qui ne dépasse pas 8%. A ces problèmes, s'ajoute celui des quotas universitaires. Par ailleurs, le Conseil rappelle que la plupart des professions libérales bénéficie d'un droit exclusif de monopole, couplé aux fortes barrières à l'entrée. Cette situation crée une baisse de l'offre alors que les consommateurs sont captifs par manque de choix. Concernant, l'organisation des professions libérales, le Conseil constate qu'elles sont encore fermées à la forme sociétale et à l'actionnariat externe, comme ce qu'on peut retrouver ailleurs avec des entreprises regroupant avocats, architectes et notaires par exemple. Cette situation, selon les analystes du Conseil, plaît aux professionnels qui ne s'en plaignent pas. Les professionnels mécontents Les professionnels qui étaient présents à cette présentation ont tous exprimé leur mécontentement. Le Conseil a, par exemple, été interpellé sur l'objectif «réel» de cette étude dont le constat général est, rappelons-le, que le marché des professions libérales est fermé aux nouveaux entrants. «Il faut faire attention à ne pas traiter tous les services comme de la marchandise. Ces professions ont un rôle important pour la société», a déclaré un pharmacien. D'autres ont contesté tous les chiffres de l'étude qui sont à leurs yeux biaisés. La principale crainte des représentants des professions libérales est qu'un texte de loi ne soit présenté dans le circuit législatif suite aux conclusions du Conseil, avec pour but de rendre plus facile l'accès à ces professions et privilégier les nouveaux entrants: les professionnels souhaitent préserver leurs acquis.