Sur le plan international, les mesures prises pour résoudre le problème de l'endettement constituent un choc exogène. Au Maroc, les avis divergent sur la gravité du niveau actuel de la dette publique. L'encours de la dette totale du Trésor a représenté en 2011 l'équivalent de 65% du PIB contre presque 61% en 2010. Le déclenchement de la crise en 2008 s'est traduit par une augmentation de la dette publique. Les taux de déficit et d'endettement ont atteint des niveaux anormalement élevés dans plusieurs pays. Certains, tels la Grèce et l'Irlande, éprouvent même des difficultés pour honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers. Toutes les mesures mises en place pour résorber l'endettement excessif constituent malheureusement des chocs exogènes pour les pays moins avancés dans leur globalité. Les analystes de l'Observatoire de Conjoncture considèrent le contexte comme étant peu porteur et marqué d'incertitudes. «L'activité économique a déjà ralenti en 2011. Elle ne connaît pas une accélération particulière en 2012 et ne semble pas enregistrer une reprise notoire en 2013», constatent-ils. Les mesures prises pour limiter les effets de la crise n'ont fait qu'affaiblir davantage les perspectives de croissance et de l'emploi. Elles ont également rendu l'équilibre des finances publiques difficile et ont aggravé la situation du secteur financier. Ce ralentissement, quasi généralisé, de l'activité des pays industrialisés a des répercussions réelles sur les pays en développement et les économies en transition qui, peut-on dire, ont tiré la croissance mondiale. D'aucuns considèrent que la croissance dans ces pays serait, selon toute probabilité, inférieure à leur croissance potentielle. Les analystes considèrent qu'en 2012, trois principales faiblesses de l'économie sont encore présentes. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres. Au contraire, elles se renforcent mutuellement. D'après eux, ces facteurs sont la crise de la dette souveraine, la fragilité du secteur bancaire et l'insuffisance de la demande globale. Dans ce contexte, les pays en développement comme le Maroc doivent faire face également à la volatilité des matières premières. Ceci va les contraindre à la mise en place de politiques macroéconomiques restrictives les empêchant d'atteindre les objectifs de soutien à la croissance, de lutte contre la pauvreté et d'adoption des méthodes de production plus efficientes. Une forte pression sur le marché interne Au Maroc, les avis continuent de diverger quant à la gravité du niveau de la dette. D'aucuns considèrent que le niveau est maîtrisable et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. D'après eux, la création de richesse nationale continue de progresser positivement, l'inflation est toujours contenue dans les limites raisonnables et le chômage recule progressivement. D'autres considèrent qu'au contraire il faut prendre les dispositions nécessaires, dès maintenant, pour éviter les scénarios qui se produisent aujourd'hui dans les pays qui nous devancent de loin. Ils avancent que des signes inquiétants commencent à apparaître au niveau des finances publiques et de la balance des paiements. La crise mondiale des dettes souveraines provoque des hausses de la prime de risque. Ce qui constitue un facteur de vulnérabilité majeur pour l'économie marocaine. «Un niveau élevé du point de base de la dette marocaine est très contraignant pour le Trésor marocain, obligé de mobiliser les financements extérieurs pour répondre à l'expansion de la demande en devises», constatent les analystes. Cette contrainte est forte surtout dans un contexte marqué par le renchérissement des coûts d'approvisionnement en pétrole et en céréales et, d'autre part, par l'insuffisance des recettes générées par les exportations pour permettre au pays de couvrir la totalité des investissements. La détérioration des finances publiques est aujourd'hui une réalité. Le déficit est passé de presque 16 Mds de DH en 2009 à environ 36 Mds en 2010, pour atteindre un peu plus de 50 Mds en 2011. Cette aggravation risque de se poursuivre en 2012 et même au-delà. L'encours de la dette totale du Trésor a représenté en 2011 l'équivalent de 65% du PIB contre presque 61% en 2010 et seulement 57% en 2009. Sur le marché domestique, les emprunts ne cessent d'augmenter pour atteindre 41,3% en 2012, contre 38,2% en 2011. Ces indications chiffrées montrent que la pression sur le marché interne devient de plus en plus forte et qu'un retour sur le marché international est inévitable. En cas de statu quo des facteurs exogènes, le stock de la dette pourrait croître davantage. Il en ressort, ainsi, une perspective de mise à mal de la soutenabilité des finances publiques et donc tout espoir de relance de l'économie marocaine.