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Illégalités, autogestion, discriminations... les multiples dérives de la SOREC
Publié dans Challenge le 10 - 02 - 2025

Le cheval n'étant plus associé à ses fonctions traditionnelles : militaires, de traction animale, de travaux agricoles…, sa seule fonction économiquement viable, grâce au PMU, est devenue l'unique moteur financier de toute l'industrie équine à travers le monde. Cependant, l'institution censée développer cette véritable industrie, est gérée de manière arbitraire, anticonstitutionnelle et contre-productive. Malmenés, les grands éleveurs, une dizaine, qui assurent plus de 50 % de la production et plus de 70% des recettes en course (gagnant et placé), abandonnent : ils sont devenus la cible à détruire par la SOREC. Le ministère de l'Agriculture, en principe tutelle technique du secteur, se contente d'un rôle de spectateur passif. Il reporte depuis 2015 la création d'un Contrat-Programme que la SOREC cherche à s'approprier pour y appliquer son hégémonie économique.
La création de la Société Royale d'Encouragement du Cheval (SOREC) avait été accueillie par les professionnels, éleveurs, propriétaires ainsi que l'ensemble des acteurs de la filière équine comme un événement marquant une évolution du secteur. Aujourd'hui, après plus de 22 ans, le constat est plutôt contraire aux attentes. « La dernière décennie a été marquée par des décisions arbitraires, prises sous l'impulsion du nouveau directeur, que nous avons pourtant accompagné en lui transmettant tout le savoir et les pratiques issus de notre longue expérience dans le domaine », déplore un éleveur. Mais avec le temps, la situation a changé et nous avons assisté, intrigués, à une division croissante entre les différentes composantes de la société équine, à travers l'adoption de mesures insensées qui ont fragilisé la filière.
L'une des principales déceptions des professionnels réside dans l'opposition du Directeur de la SOREC à la volonté déclarée des éleveurs et propriétaires de doter le pays de son propre Pari Mutuel Urbain (PMU) sur des courses nationales avec des chevaux issus de l'élevage local. Une ambition tout à fait légitime pour le Royaume, empire millénaire doté d'une forte tradition équestre.
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Pour ce faire, une mise à niveau s'imposait. Or, de nombreux acquis sur lesquels les professionnels s'appuyaient pour réaliser cet objectif ambitieux, qui constituerait un tournant décisif pour tout un secteur aux moyens conséquents, ont été mis à mal. Parmi ces acquis, la cohésion qui caractérisait autrefois la filière équine semble désormais appartenir au passé. La concertation, l'harmonie et les synergies devaient être les maîtres-mots d'une gestion soucieuse de l'intérêt général. Pourtant, le Directeur de la SOREC persiste et signe, préférant jusqu'à présent soutenir le PMU français, orienté vers l'élevage hexagonal. Après 20 ans, aujourd'hui, le PMU sur l'élevage national ne représente que 3% des recettes du PMU. Les petits et grands éleveurs sont tous déficitaires.
Des décisions arbitraires sans concertation
Pour gouverner seul, le Directeur de la SOREC s'est approprié illégalement la présidence du Bureau permanent, normalement présidée par le ministre de l'Agriculture, conformément aux statuts régissant cette entreprise semi-publique. Il a également privé les diverses associations de propriétaires et d'éleveurs de tout pouvoir, les contraignant à lui céder leurs droits légaux. De plus, aucune tutelle technique n'existe au sein du ministère pour le raisonner et le remettre sur les rails.
La politique menée par le management de la SOREC fragilise les professionnels du secteur au Maroc. Preuve en est qu'aujourd'hui, éleveurs et propriétaires, petits et grands, sont en déficit. Ignorant la recommandation du ministère de reporter toute nouvelle mesure avant l'adoption d'un contrat-programme, le Directeur général de la SOREC s'est empressé de prendre des décisions intempestives et graves. A titre d'exemple, celle publiée le 7 décembre 2021 stipule que « le nombre de contrats d'association ne peut dépasser 40 contrats par propriétaire, personne physique ou morale » ; soit 8 chevaux par année de naissance ! Autre aberration de cette même note : la décision de « plafonner la prime aux naisseurs à 90 chevaux par an depuis 2022 », soit 18 chevaux par année de naissance ! Quid des chevaux vendus a des propriétaires et n'ayant pas le droit aux primes ? De plus, « les naisseurs ayant plus de 90 chevaux déclarés à l'entraînement seront désormais invités à déclarer, avant le 31 décembre de chaque année, la liste (A) des chevaux pour lesquels ils souhaitent percevoir la prime aux naisseurs » avant même de connaitre leur qualité en course et en éliminant d'office plusieurs centaines de chevaux vendus ou en associations de cette fameuse liste A. Pourquoi éliminer ces autres chevaux ?
Pire encore, « cette décision a été adoptée avec effet rétroactif pour tous les chevaux en course depuis 2016 et subventionnés à leur naissance par la SOREC, ce qui est totalement aberrant et illégal. Cette décision nous a confisqué des millions de dirhams sur des chevaux que nous avons vendus aux propriétaires ainsi que sur les nôtres », s'indigne Azeddine Sedrati.
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En 2015, sous l'autorité directe du ministre de l'Agriculture, qui avait reçu les professionnels, une augmentation substantielle des allocations et primes, ainsi que la préparation d'un contrat-programme, ont suscité tous les espoirs d'un avenir meilleur pour la filière. Encouragés, les acteurs du secteur ont investi massivement dans la préparation du futur PMU marocain. Cependant, la SOREC n'a pas respecté ses engagements, notamment en ce qui concerne l'augmentation annuelle significative des courses nationales et de leurs allocations et primes. Au lieu des 200 courses initialement prévues, seules 74 ont été ajoutées. « Le contrat-programme doit être élaboré en amont par une assemblée élective des éleveurs et en aval par une assemblée élective des propriétaires, afin de représenter une majorité de chevaux et d'éleveurs », recommande Azeddine Sedrati, précisant que « le bureau actuel n'est pas représentatif (voir la liste des membres et leur effectif de chevaux) ».
Azeddine Sedrati, Vétérinaire et Président de la Société de Courses Hippiques de Rabat-Salé.
La SOREC pousse les grands éleveurs vers la sortie
Les grands éleveurs, piliers de la filière équine, subissent depuis plusieurs années une pression systématique exercée contre eux par le Directeur général de la SOREC. Tandis que certains s'accrochent par passion, après avoir exercé cette activité pendant un demi-siècle, d'autres ont été contraints de fermer boutique. Parmi eux figurent la famille Hakam-Benjelloun , la famille Daissaoui, la famille Sedrati, la famille Laaraichi, la famille Karimine ainsi que le Britannique Tony Ford, qui a quitté le pays après avoir tout liquidé.
« Alors que les éleveurs et propriétaires agonisent, le Directeur de la SOREC a lâchement lancé, via le journal Derby, une polémique populiste prétendant que les grands éleveurs empêchent les petits d'exister. Or, la réalité, prouvée par leur palmarès, atteste du contraire : les grands éleveurs demeurent aujourd'hui les principaux pourvoyeurs de la majorité des propriétaires. Cette opposition artificielle entre petits et grands porte atteinte aux fondements libéraux et constructifs de notre Etat, où ces acteurs constituent, en principe, un tissu économique complémentaire », déplore Azeddine Sedrati, Président de la Société de Courses Hippiques de Rabat-Salé. Ce vétéran des courses hippiques est l'un des principaux éleveurs du pays.
Une étude commanditée par la SOREC démontre ses propres incohérences
Un désaveu cinglant a été infligé au Directeur général de la SOREC par l'étude Mazars, qu'il avait lui-même commanditée pour évaluer le prix du cheval de course sur quatre panels d'éleveurs, du plus petit au plus grand. L'étude révèle qu'un cheval de course de 2 ans, avant entraînement, coûte entre 200 000 et 230 000 dirhams. Quant au coût mensuel de l'entraînement, il est évalué à un minimum de 7 000 dirhams.
En conclusion, l'étude indique que les 10 000 chevaux de course et leurs 10 000 emplois coûtent annuellement plus de 630 millions de dirhams, alors que les allocations et primes annuelles accordées par la SOREC couvrent à peine un tiers de ce montant, soit 210 millions de dirhams.
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La question qui se pose est donc la suivante : comment nourrir, élever et entraîner un cheval de course à un niveau professionnel avec seulement un tiers du budget alloué par la SOREC ? Voilà une équation impossible que seul le Directeur de la SOREC prétend avoir résolue. Contraint par le mécontentement des éleveurs et propriétaires, le DG de la SOREC s'enlise dans des décisions encore plus illégales.
Une série de mesures aux conséquences désastreuses
Le 10 juin 2021, lors d'une réunion illégale du Bureau Permanent, qu'il présidait et dont il se sert comme couverture pour ses décisions arbitraires, le Directeur général a décidé une suspension rétroactive des primes aux naisseurs prévues dans le cadre du Plan Maroc Vert pour les poulains nés entre 2015 et 2021. Il a en outre plafonné ces primes à un nombre totalement arbitraire, confortant ainsi ceux qui, mécontents de leurs mauvais résultats d'élevage, se sont empressés de le soutenir.
Conséquences : le licenciement de plusieurs centaines de salariés et l'abattage d'autant de chevaux à haute valeur génétique, un véritable désastre pour la filière qui, au lieu d'avancer, recule dangereusement ! Pour pallier cette perte sèche, résultant d'une gestion approximative, le directeur de la SOREC s'appuie sur des membres du Bureau Permanent dont les élevages sont insignifiants et les résultats déplorables.
La SOREC prive les ayants-droit de leurs primes légitimes
Les décisions d'imposer des mesures arbitraires et anticonstitutionnelles se multiplient, précipitant la filière des courses marocaines dans le chaos, malgré son fort potentiel. Ainsi, la SOREC décide brusquement de priver de leurs droits aux primes les futurs acquéreurs liés à un éleveur, qu'ils soient ascendants, descendants ou conjoints d'un éleveur existant : suivez mon regard, il s'agit d'une mesure ciblée visant deux grands éleveurs octogénaires ayant transmis leurs biens à leurs enfants.
Une autre atteinte à la liberté d'entreprise survient avec une mesure discriminatoire : un ancien éleveur peut prétendre aux primes de naissance pour 30 poulains, tandis qu'un nouvel investisseur (enregistré après le « le 10 juin 2021) n'y aura droit que pour 10 poulains ! Mais pourquoi cette date ? Et pourquoi ce chiffre ? illogique !
Ensuite, pour les éliminer, le Directeur de la SOREC s'attaque aux propriétaires associés, ceux qui n'ont pas les moyens de mener un élevage coûteux (200 000 Dhs/cheval) et qui se fournissent auprès des grandes écuries, en limitant à 40 le nombre d'associations (soit 8 chevaux par année de naissance) par propriétaire et en restreignant à deux associés uniquement !
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Malgré la demande du Ministre de l'Agriculture de surseoir à ces décisions jusqu'à la création de la filière équine et la préparation du programme décennal « Green-Generation », le Directeur de la SOREC, pensant bien faire, a de nouveau appliqué ses décisions insensées, rejetant les avis d'une dizaine des principaux éleveurs, qui représentent plus de 50 % de la production annuelle de chevaux de course au Maroc.
Un écosystème en passe de s'effondrer
Parallèlement, la SOREC réalise des investissements colossaux dans des Haras, que d'autres nations gèrent en privé ; dans des centres d'entraînement vides jusqu'en 2024, à 80 % (Bouznika : 55 millions de Dhs, Bouskoura : 220 millions de Dhs). « Tandis que la filière reçoit des coups durs, la SOREC vit dans l'opulence avec des bureaux luxueux, des budgets de voyages exorbitants et un budget annuel de l'ordre de 180 millions de Dhs pour 600 employés. En comparaison, les 10 000 salariés, leurs chevaux, éleveurs et propriétaires privés ne reçoivent qu'une somme équivalente pour construire un PMU marocain qui enrichira l'agriculture nationale », se désole un éleveur qui a requis l'anonymat.
Avant la SOREC, les Haras Nationaux, service régalien, étaient financés par 1 % des recettes du PMU sur le budget du ministère de l'Agriculture. Aujourd'hui, la SOREC a repris les 1% des recettes pour financer des Haras Nationaux avec une rentabilité déplorable face à la production de toute la filière du privé.
Autre aberration, la note du 6 juin 2021 : le tirage au sort des chevaux pur-sang Arabes et Anglo-Arabes : Cette décision prise hâtivement, limite la participation à un cheval de 3 ans par course et à deux pour les chevaux de 4 ans dans toutes les courses de catégories E-D-C. Cette règle ne concerne que les chevaux nés et élevés chez l'une des trois plus grandes écuries (FAL/Grine et Atlas). Comment peut-on imaginer priver de courir un propriétaire qui a acheté un cheval chez l'un des trois plus grands éleveurs, après avoir passé de 3 a 6 mois à préparer son cheval. La valeur des chevaux Arabes et Anglo-Arabes s'est fortement dégradée, inhibée par ce tirage au sort ne permettant pas à un propriétaire de courir.
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Le résultat est là : plusieurs centres ferment ou diminuent leur élevage, provoquant un effondrement des prix de leurs chevaux et le licenciement de centaines de salariés. Les sous-traitants, fournisseurs d'aliments, de fourrage et de paille, vétérinaires et maréchaux-ferrants souffrent également d'impayés colossaux. L'écosystème de la filière équine se dégrade.
A l'exception de rares écuries structurées, la majorité des employés du secteur touchent moins de 1 400 Dhs/mois et ne bénéficient pas de couverture sociale (CNSS). Nombreux sont ceux qui, petits éleveurs et propriétaires, emploient leurs enfants et conjointes sans salaire. Cette paupérisation rend impossible la réalisation de la « Green-Génération » et la construction d'un PMU marocain fondé sur un élevage national à haute performance génétique, susceptible d'être mis à niveau avec les nations développées.
Avec un populisme qui tire l'élevage vers le bas, la SOREC ose proposer de réduire le pourcentage de courses pour chevaux de race Pur Sang Anglais de 40 % à 30 %, alors que notre locomotive, le Haras Royal ; qui ne court que les courses de Pur-Sang anglais; est indispensable au développement de notre filière grâce à ses excellentes performances sur près de 100 ans, reste notre fer de lance à l'échelle internationale.
Dépendre d'un PMU étranger quand on peut créer le nôtre !
La SOREC laisse la filière équine à la merci d'un PMU étranger, qui peut déjà imposer des exigences plus élevées en matière de redevances, s'accumulant depuis deux ans. Malgré la décision du ministre de l'Agriculture de reporter toute décision après la mise en place du contrat-programme, la SOREC persiste et signe une nouvelle décision, la plus récente étant celle du 8 mars 2024, adoptée après la réunion du bureau permanent du 15 février 2024 au Haras national de Bouznika, concernant la qualification et l'élevage des chevaux anglo-arabes. A partir de la saison de monte 2024 (débutant en février), il est précisé que « tous les produits issus de mères pur-sang anglais ne pourront participer qu'à 15 % du programme des courses d'anglo-arabe de 3 ans pour l'année 2028, 10 % pour 2029, et 5 % en 2030 », une manipulation personnelle du Stud Book national qui précise que les chevaux anglo-arabe sont issus d'un croisement de chevaux arabes et de chevaux anglais sans aucune restriction ou décision destinées à un clientélisme personnellement choisi.
Résultat : des courses médiocres et un PMU national affaibli. « La SOREC devient-elle décisionnaire aussi dans le choix des croisements génétiques des chevaux de course, alors qu'un décret définit déjà la généalogie de l'anglo-arabe ? », s'inquiète Sedrati.
Discriminations et clientélisme : des pratiques révélatrices d'amateurisme
La direction de la SOREC fait un usage excessif du clientélisme et du favoritisme de manière flagrante. L'objectif : conforter ses alliés parmi les présidents de sociétés de courses de Settat et d'El Jadida. Ceux-ci bénéficieront, en 2022, de plus de 144 courses supplémentaires, tandis que les régions de Rabat, Meknès, Khemisset et Casablanca n'en recevront aucune ! Ces méthodes fragmentent l'unité des régions et instaurent une iniquité, favorisant certaines régions au détriment d'autres. Le favoritisme, ou l'amateurisme, comme vous préférez, vise aussi à développer la race anglo-arabe, au détriment des deux seules races de course internationales – le Pur Sang anglais et le Pur Sang arabe – dans lesquelles le Maroc pourrait espérer briller à l'international.
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Le Directeur de la SOREC organise seul le programme annuel des courses avec de nombreuses aberrations, telles que des courses pour chevaux Pur Sang Arabe de 3 ans à partir de 20 000 Dhs, alors que leur coût réel dépasse les 230 000 Dhs. Cette pratique a pour but de forcer les éleveurs à vendre leurs chevaux à 10 % de leur valeur, ce qui concerne un grand nombre de chevaux, de très mauvaise qualité génétique et d'élevage. Pendant 12 ans, le DG de l'entreprise a été l'unique financier de cette filière, favorisant ceux qui se soumettent à ses décisions de vengeance contre ceux qui construisent réellement le PMU du Maroc de demain.
In fine, malgré de multiples appels à l'aide adressés au ministère de l'Agriculture et à des médias réticents pour la plupart, aucune porte ne nous a été ouverte. Dans les Conseils d'administration, les bilans sont analysés sur l'authenticité de ses factures, mais jamais sur l'efficacité ni sur la rentabilité de ses actions. Malgré des réactions alarmantes des socioprofessionnels, le ministère promet toujours la création de la filière interprofessionnelle et d'un Contrat-Programme préparé par les professionnels, avec la direction des filières et agréé par le Ministère.
La Représentativité nationale et internationale par les professionnels
Il est nécessaire que les professionnels de la filière soient représentés sur les scènes nationales et internationales, malheureusement cette activité est usurpée par les cadres de la SOREC.
Autre anomalie de taille : le contrôle et la lutte antidopage, qui ne respectent pas l'ensemble des protocoles sanitaires en vigueur. Il n'existe aucune garantie que les prélèvements soient réalisés par un vétérinaire assermenté, aucun échantillon n'est remis au propriétaire pour une contre-analyse indépendante, et aucun procès-verbal de prélèvement n'est signé par le propriétaire ou l'entraîneur lors du contrôle. De plus, en cas de contrôle positif, aucun résultat détaillé n'est fourni (quantification précise plutôt qu'une simple indication de présence d'une substance interdite), et la contre-expertise intervient après plusieurs semaines, rendant la procédure peu fiable.
Face à ces lacunes, pourquoi ne pas mobiliser notre Agence Nationale de Lutte contre le Dopage (ANLD) ? Son expertise et son intégrité reconnues dans l'athlétisme pourraient efficacement renforcer la lutte antidopage dans le sport équestre, et notamment dans les courses hippiques.
Un effort collectif peut non seulement sauver cette industrie mais aussi revitaliser cette filière qui fait face à de gros défis notamment économiques, sociaux et environnementaux. Qui va donc sauver cet élevage ?


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