■ En l'absence de la Loi de Finances 2012, un manque de visibilité règne dans les finances publiques. ■ A défaut d'évènements majeurs, les tensions sur les liquidités bancaires pourraient persister. ■ A l'image de la tendance observée en 2011, les niveaux de primes de risque devraient s'inscrire en légère hausse. Le déficit de la liquidité qui a marqué le marché monétaire au cours des deux dernières années risque de persister en 2012. Pour bon nombre d'analystes, l'année en cours devrait s'inscrire dans le prolongement de la précédente, et ce selon les différentes projections. Plusieurs risques pourraient impacter la croissance économique, tels que la dépréciation du Dirham face au Dollar avec pour corollaire l'aggravation du déficit commercial. On peut citer également la baisse de la demande étrangère adressée au Maroc et le recul des transferts des MRE, des revenus touristiques et des IDE qui se traduisent ipso facto par une réduction de la liquidité disponible. D'autres facteurs restrictifs pourraient être à l'origine du creusement du déficit de liquidité en 2012. Il s'agit notamment du recours du Trésor au marché local pour financer ses besoins, le ralentissement de la distribution des crédits à l'économie et, par conséquent, la baisse du rythme de la création monétaire et de la dynamique des opérations de change qui pourraient réduire davantage les réserves en devises. D'après un analyste de BMCE Capital, «dans un contexte marqué par une raréfaction de la liquidité et en vue de maintenir la stabilité des taux, la Banque centrale devrait continuer à alimenter le marché monétaire en volumes nécessaires via le canal de l'avance à 7 jours». Aussi, et en cas de statu quo, les analystes de BMCE Capital prévoient une évolution des taux monétaires à un niveau proche du principal taux directeur. Toutefois, ils n'excluent pas une probabilité de baisse du taux directeur de 25 points de base dans un contexte de baisse de pressions inflationnistes. A noter que le dernier rapport sur la politique monétaire, publié par BAM en décembre 2011, prévoit que l'inflation du premier semestre 2012 devrait s'établir à un niveau de 1,4% au lieu de 2,3% prévu initialement. Finances publiques : la grande variable S'il est une variable qui reste une grande inconue, c'est celle relative aux besoins de financement de l'argentier de l'Etat. Le manque de visibilité devrait s'accentuer davantage en l'absence de cette information capitale et nécessaire pour une lecture pertinente du budget de l'Etat. Une chose est cependant sûre : la Loi de Finances 2012 devrait pâtir encore une fois de la charge de compensation qui constituerait un lourd fardeau pour le prochain budget. Plusieurs institutions internationales ont tiré la sonnette d'alarme sur le système de subventions qui, selon elles, nécessite une réforme d'urgence. D'après le FMI, le déficit budgétaire pourrait dépasser 7% du PIB à moyen terme en l'absence de mesures correctrices. Le recours massif du Trésor exprimé en fin d'année 2011 a été un signal fort d'une hausse de ses besoins de financement. Cette situation n'est en fait que la résultante de l'augmentation des charges de compensation à cause de celle des dépenses ordinaires. En 2012, le Trésor devrait poursuivre sa levée sur le marché domestique, ce qui devrait s'accompagner d'une hausse des taux obligataires sur l'ensemble de la courbe. D'après les analystes de BMCE Capital, le début de l'année qui, sera marqué par un manque de visibilité concernant les chiffres de la Loi de Finances 2012, devrait accentuer la prudence des opérateurs en valeurs du Trésor. Cet attentisme devrait se traduire par une baisse de la demande sur le marché primaire et devrait ainsi nourrir la hausse des rendements obligataires. Aussi, il est à rappeler que le Trésor devrait faire face en ce début d'année à des remboursements d'arriérés au titre des crédits ouverts en 2011 pour un montant de 8 à 9 Mds de DH. Une tendance haussière qui pourrait s'essouffler avec l'encaissement de l'acompte de l'IS en mars 2012. En ce qui concerne la dette privée, les analystes sont optimistes quant à l'augmentation de son encours en 2012. Ils considèrent que l'offre en papier devrait rester soutenue avec l'avènement de nouveaux émetteurs, mais aussi la présence régulière des émetteurs classiques. «Ce recours au financement désintermedié serait amené à se développer étant donné l'avantage qu'offre le papier à spread, surtout en termes de coût de financement, en comparaison avec le refinancement bancaire classique», apprend-on au niveau de BMCE Capital. Allusion faite au marché des TCN et des certificats de dépôts. A l'image de la tendance observée en fin d'année 2011, les niveaux de primes de risque devraient s'inscrire en légère hausse. Cette pression sur les spreads est liée à l'insuffisance de liquidités chez les investisseurs. ■