Plusieurs facteurs pourraient induire une hausse, voire une baisse des taux. Recours du Trésor au marché des adjudications en progression de 39% à 101 Mds de DH en 2010. L'année 2010 aura été principalement marquée par une insuffisance de trésoreries bancaires. Un déficit qui s'est toutefois réduit grâce à l'amélioration des facteurs autonomes de liquidité, mais également à la baisse du coefficient de la réservé monétaire obligatoire à 6% en mars 2010. «En effet, l'évolution expansive des facteurs autonomes au cours de 2010 a contribué à l'atténuation de l'insuffisance des trésoreries bancaires, passant de 16,6 milliards à fin 2009 à 15,9 milliards de dirhams en 2010», note à ce titre le département analyse & recherche d'Attijariwafa bank dans sa dernière étude consacrée au marché monétaire et obligataire. Cette situation a d'ailleurs légitimé les interventions soutenues et régulières de Bank Al-Maghrib sur le marché monétaire pour assurer l'équilibre au sein du marché et contenir l'évolution des taux interbancaires à des seuils en adéquation avec les objectifs définis dans le cadre de la politique monétaire. En cela, l'institut d'émission a utilisé deux principaux instruments, à savoir la réserve monétaire et les avances à 7 jours. Ces dernières ont d'ailleurs été les plus sollicitées au cours de l'exercice 2010. «Ces injections hebdomadaires ont atteint sur l'année, une moyenne de 16,7 milliards de dirhams, un montant similaire à celui observé en 2009», précise l'étude. De même, BAM a encore une fois réduit le coefficient de la réserve monétaire (8 à 6%), ce qui a permis d'injecter près de 6 Mds de DH supplémentaires, d'autant que la réserve monétaire requise est passée de 31 et 25 Mds de DH entre janvier et décembre 2010. La contraction du déficit de trésoreries des banques n'a cependant pas empêché une très légère hausse des taux monétaires. Le TMP sur le marché interbancaire s'établissant à 3,29% (contre 3,26% en 2009), avec une volatilité qui est passée d'une période à l'autre de 0,24 à 0,08. Tout autant, le marché des repos a évolué sur le même sillage, avec une moyenne des taux au jour le jour de 3,12% (contre 3,02% en 2009). Il faut préciser, par ailleurs, que le Trésor, à travers des placements à blanc et des placements avec prise en pension, aura été très actif sur le marché interbancaire, profitant ainsi du changement de réglementation qui ne l'autorisait à placer ses excédents de trésorerie qu'auprès de Bank Al-Maghrib. En cela, les volumes moyens quotidiens ont avoisiné 2 Mds de DH. «Cette nouvelle mesure a donc permis de favoriser une meilleure gestion de ses finances dans le respect de la politique monétaire, ainsi que de soutenir l'action de la Banque centrale dans son rôle de pourvoyeur de fonds au système bancaire», précisent les analystes d'AWB. Marché de la dette intérieure du Trésor Globalement, le recours du Trésor au marché des adjudications a progressé, les levées ayant augmenté de 39% à 101 Mds de DH pour un taux de satisfaction des soumissions des investisseurs de 18% contre 16% en 2009. Tout au long de l'exercice 2010, le Trésor a consolidé les souscriptions sur le moyen terme, tout en renouant avec le financement à long terme. Cela, grâce notamment à la nouvelle indexation des taux variables sur le TMP interbancaire qui a permis de réduire considérablement le spread de taux qui existait entre les compartiments primaire et secondaire. Ainsi, le retour sur les maturités longues «a favorisé l'allongement de la durée de vie moyenne des emprunts du Trésor conformément aux recommandations du FMI portant sur une durée de vie de 6 ans et plus, alors qu'on était à un niveau de 5 ans 1 mois à fin 2010», relève l'étude. Dans ce cadre, la part des bons de longue durée est passée de 2 à 7% du total des levées, alors que celle du moyen terme est passée à 43% contre 35% en 2009. Ce changement dans la structure des levées s'est fait au détriment du court terme qui voit sa part régresser pour s'établir à 49% contre 63% en 2009 du montant global soumissionné. En outre, sur le marché des adjudications, la demande des investisseurs a été très soutenue. «L'engouement des investisseurs pour le papier neuf des bons du Trésor trouvait son origine dans l'anticipation des acteurs de marché d'une augmentation des besoins du Trésor», souligne la même source, non sans préciser que « la Loi de Finances 2010 avait prévu la réalisation d'un déficit budgétaire de 30 milliards de dirhams, plus important que celui réalisé en 2009 essentiellement relatif à la baisse des recettes fiscales pour l'exercice 2010». Du coup, les volumes de soumission ont progressé de 51,5% à 680 Mds de DH. Une progression à relativiser toutefois, vu qu'en «rapportant les soumissions au déficit réalisé, le rapport qui se dégage est uniquement de 21 (x), inférieur à celui de 2009 (28 x) ou encore à celui de 2006 (50 x)». Il faut également préciser que le rôle des établissements bancaires dans la progression des soumissions sur le marché primaire n'a pas été négligeable. «En effet, les besoins importants des banques en bons du Trésor, à mettre en collatéral soit auprès de la Banque centrale, soit auprès de l'argentier de l'Etat pour combler leurs insuffisances quotidiennes de trésorerie, a contribué d'une manière significative à la progression de la demande sur le marché primaire», soulignent les analystes d'AWB. Parallèlement, les taux demandés par les investisseurs sur les court et moyen termes ont légèrement augmenté en 2010, s'appréciant de 12 pbs pour les maturités courtes contre un trend généralement baissier en 2009. Notons par ailleurs que la courbe secondaire en 2010 a enregistré une légère hausse sur le court et moyen termes et une légère baisse sur le long terme. D. W. • Taux : Perspectives 2011 Pour l'année 2011, les analystes d'AWB prévoient globalement une stabilité des taux. Scénario qui tient compte du projet de Loi de Finances 2011 s'inscrivant dans la même vision que le précédent, avec un déficit budgétaire à 3,5% du PIB, et d'un taux directeur inchangé à 3,25% conforté par les perspectives d'inflation maintenues à 2%. Tout autant, estime la même source, «même à 85 dollars en moyenne, pour le prix du baril de pétrole, le budget prévisionnel consacré à la Caisse de compensation ne devrait pas avoir un impact significatif sur le déficit public». Néanmoins, soulignent les analystes, ces taux pourraient s'inscrire en hausse si notamment le baril de pétrole se maintient au-dessus du seuil de 100 dollars (augmentation des charges de compensation entre 40 et 45 Mds de DH qui induirait une hausse des levées nettes du Trésor de 10 à 15 Mds de DH supplémentaires) et que les troubles géopolitiques persistent (endettement intérieur plus important impactant à la hausse les taux obligataires). Il reste que, tout autant, certains facteurs pourraient induire une baisse des taux, notamment un amoindrissement des tombées, une possible bonification de l'acompte de l'impôt sur les sociétés pour le mois de mars et une possible amélioration des réserves de change.