Dix mois après la proclamation de la création de l'Etat kabyle, depuis New York, le MAK adresse une lettre au nouveau chef de la diplomatie des Etats-Unis, Marco Rubio. Il fustige le Polisario et son soutien algérien. Sentant les vents souffler en sa faveur du côté des Etats-Unis, le Mouvement d'autodétermination de la Kabylie tente de sensibiliser l'administration Trump à ses revendications. La conseillère du MAK, l'Américaine Elizabeth Myers, qui dirige le cabinet Strategix Legal, basé à Marrakech, a adressé une lettre à Marco Rubio en ce sens. Elle a rappelé au chef de la diplomatie des Etats-Unis, la lettre qu'il avait lui-même envoyée, en septembre 2022, alors sénateur, à son prédécesseur, Antony Blinken, sur les 7 milliards de dollars que l'Algérie réservait à l'achat d'armes russes. «Depuis lors, la situation n'a fait qu'empirer. Le budget de la défense de l'Algérie est actuellement le plus important d'Afrique, avec 25 milliards de dollars alloués pour 2025, soit plus de trois fois les 7 milliards de dollars qui vous préoccupaient le 14 septembre 2022», a-t-elle souligné. Mme Myers affirme que le MAK et le gouvernement kabyle en exil (connu sous le nom d'Anavad) sont les principaux opposants au régime autoritaire algérien et ils bénéficient du soutien croissant parmi les 12 millions de Kabyles vivant dans le pays et à l'étranger. «Le MAK continue de défendre pacifiquement et sans relâche son peuple opprimé et de marcher vers l'établissement d'un Etat pluraliste et démocratique, contrairement à l'oligarchie militaro-religieuse antidémocratique et démagogique d'Algérie qui ne représente en aucun cas la voix du peuple.» Elizabeth Myers Le MAK s'inspire de la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis Pour étayer son réquisitoire contre le pouvoir algérien, la directrice du cabinet Strategix Legal a puisé dans le dernier rapport, publié le 30 janvier 2025, de la Rapporteuse spéciale des Nations unies, Mary Lawlor, sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. «Elle a exprimé sa consternation face au fait que plus d'un an après sa visite en Algérie, des défenseurs des droits humains, dont des avocats, sont "toujours arbitrairement arrêtés, harcelés judiciairement, intimidés et criminalisés pour leurs activités pacifiques" en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, "une disposition antiterroriste formulée en termes vagues qui est souvent utilisée à mauvais escient pour réprimer la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique"», a écrit la conseillère du MAK. En revanche, elle note que son client «est attaché aux valeurs démocratiques telles que les élections libres, la liberté d'expression et la liberté de religion, et au respect d'une constitution qui repose en grande partie sur la constitution des Etats-Unis. La constitution kabyle cite comme autorité la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis» du 4 juillet 1776. Mme Myers a conclu sa lettre en demandant, au nom du président du MAK, Ferhat Mehenni, une réunion avec Marco Rubio ou l'un de ses représentants pour «discuter de la manière dont la Kabylie peut travailler avec les Etats-Unis pour stabiliser l'Afrique et promouvoir les principes démocratiques et la prospérité». Dans sa lettre, Elizabeth Myers a également pointé le soutien de l'Algérie au Polisario et ses relations avec Cuba et le Venezuela. Dans son dernier rapport sur le terrorisme, publié en décembre 2024, l'administration Biden a rejeté la désignation par l'Algérie du MAK comme organisation terroriste. Pour rappel, le 20 avril 2024, depuis New York, le MAK a déclaré la création de l'Etat Kabyle.