■ Le Trésor a été particulièrement actif sur le marché durant le 2ème semestre de 2011. ■ Le marché obligataire, plus dynamique que jamais, a fixé son encours à 150 Mds de DH. ■ Les prévisions de croissance de taux et de rendement sont opaques, en attendant la Loi de Finances au titre de cette année. Le Maroc s'est fixé un objectif de déficit budgétaire de 3,5% pour 2011 et sa prévision de croissance du Produit Intérieur Brut a été de 5% en 2011. En dépit d'un contexte international difficile, Nizar Baraka maintient le taux de croissance de l'économie au niveau prévu. Cependant, le déficit budgétaire s'est largement creusé : il atteindrait 6,1% du PIB au terme de l'année écoulée. Et pour cause, l'explosion de la charge de compensation à 48 Mds de DH contre 17 Mds de DH prévus dans la Loi de Finances 2011, attribuable à la flambée des cours des matières premières énergétiques et alimentaires. A cet effet, écartant toute possibilité de levée sur le marché international au regard du niveau faramineux qu'ont atteint les dettes publiques des pays européens, le Trésor se retourne vers le marché intérieur pour se financer. Dette publique au beau fixe La présence du Trésor sur le marché primaire a été remarquable sur le dernier trimestre de l'année dernière. En effet, sur le premier semestre, l'argentier de l'Etat s'est endetté à hauteur de 10 Mds de DH contre 26,4 Mds durant le deuxième. Ce dernier a concentré 57% de sa levée nette sur cette période tout en offrant des taux de rendement attractifs, en hausse par rapport à ceux offerts pendant l'année 2010. A titre d'exemple, sur le 13 semaines, le taux de rendement pour 2011 était de 3,36% contre 3,27% une année auparavant, soit 9 points de base de plus. Idem pour le taux sur 2 ans qui a connu une flambée de 14 points de base à 3,77% sur une année glissante. Ceci dit, la demande sur le marché primaire s'est réduite de 23%, passant de 725 Mds de DH à 558 Mds, et ce en raison notamment de l'accroissement des besoins du Trésor et d'une réorientation des investisseurs vers les placements privés. En somme, la levée du Trésor sur le marché des adjudications a atteint un total de 102,7 Mds de DH à fin 2011, en légère hausse de 1,6 Md par rapport à 2010. Toutefois, compte tenu d'un montant total des tombées des bons du Trésor de 66,3 Mds de DH, l'encours des BDT émis par adjudication a augmenté de 36,4 Mds par rapport à fin 2010. Il est à noter qu'à fin 2010, les tombées des BDT étaient à 81,6 Mds de DH et les levées nettes de 19,5 Mds en 2010. Sur le marché secondaire, la volumétrie des échanges a totalisé 201 Mds de DH, en progression de 24% par rapport à l'année 2010. Par ailleurs, les rendements secondaires ont également suivi une tendance haussière à l'image du marché primaire, de près de 9 points de base. «Les besoins grandissants du Trésor ont automatiquement engendré une hausse des taux», a expliqué un professionnel sur le marché des taux de la place. Marché obligataire en effervescence Malgré la hausse des taux engendrée sur l'ensemble de la courbe des taux, le marché de la dette privée n'a pas perdu sa cote. «Les institutionnels, avides de liquidité, en recherchent ailleurs. Le marché de la dette privée constitue une alternative pour les banques et les entreprises pour combler leur besoin de financement. Bien que les BDT soient devenus rémunérateurs en raison de la hausse des taux d'intérêt, la prime de risque offerte par le marché de la dette privée demeure incontestablement attractive». En effet, les émissions obligataires durant l'année 2011 ont totalisé 150 Mds de DH contre 122,9 Mds en 2010. L'encours des billets de trésorerie a explosé sur la même base comparable pour atteindre 3 Mds de DH à fin novembre 2011. Le compartiment obligataire a enregistré un encours de 72,4 Mds de DH conte 62,3 Mds en 2010, soit une hausse de 16%. Parallèlement, les échanges transigés sur le marché boursier durant l'année précédente ont affiché 93,9 Mds de DH, montant qui, avouons-le, demeure largement inférieur aux volumes échangés sur le marché de la dette privée ou de la dette souveraine. Il est clair alors que «les taux favorables conjugués au sentiment d'attentisme de l'ensemble des investisseurs, impacte négativement leurs prises de positions vis-à-vis des valeurs cotées. Ces derniers préfèrent se positionner sur le compartiment obligataire», conclut ce professionnel. ■ I. Benchanna Des prévisions difficiles à formuler En l'absence d'une Loi de Finances de cette année, les prévisions quant aux besoins de l'Etat en terme de financement sont difficiles à prévoir. Ceci dit, la hausse du recours du Trésor témoigne d'un besoin grandissant, alourdi par la charge de compensation. Les analystes de BMCE Capital Markets prévoient une poursuite de cette tendance en début d'année qui se traduirait par une poursuite de la correction des taux sur l'ensemble de la courbe. Par ailleurs, le manque de visibilité, devenu courant, accentuerait la prudence des opérateurs en valeurs du Trésor. Cet attentisme devrait se traduire par une baisse de la demande sur le marché primaire et devrait ainsi nourrir mécaniquement une hausse des rendements obligataires.