* 5 Mds de DH ont été levés par lEtat lors de la séance dadjudication de la semaine dernière, soit le plus haut niveau depuis le début de lannée. * Limpact de cette levée de fonds sest fait immédiatement ressentir sur la courbe des taux obligataires. Levée record du Trésor sur le marché monétaire. LEtat vient, en effet, lors de la séance des adjudications de la semaine écoulée, démettre 5 Mds de DH de bons du Trésor (BDT), répartis en 3 Mds de DH pour une échéance de 2 ans et 1,4 Md de DH sur 5 ans. Il sagit-là de la plus importante levée de fonds sur le marché primaire depuis le début de lannée. Et elle na pas manqué dimpacter à la hausse la courbe des taux obligataires, prenant à contre-pied les analystes qui tablaient sur une poursuite de la tendance baissière observée durant les derniers mois. Cette levée sest ainsi traduite par une hausse relativement importante des taux à moyen terme. Le 2 ans a pris 3,5 points de base (bps), passant de 3,55% à 3,58%, tandis que le 5 ans sest apprécié de 11 bps passant de 3,69% à 3,80%. Ce mouvement haussier du marché primaire sest, bien évidemment, fait ressentir sur la courbe des taux du marché secondaire. Si les maturités courtes sont restées plutôt stables durant la semaine écoulée, affichant 3,25% pour le 3 mois, 3,30% pour le 6 mois et 3,40% pour le 1 an, le taux des BDT de 5 ans a pris 6 pbs pour saligner sur celui du marché primaire à 3,80%. Les maturités longues sont, quant à elles, restées quasi-stables à lexception du 20 ans, qui a perdu 3 bps, se fixant à 4,44%. La question qui se pose maintenant est de savoir si cette tendance haussière des taux des BDT va se poursuivre. Cette problématique est dautant plus importante quand on sait que la majorité des crédits bancaires est indexée sur les rendements des bons du Trésor. A priori, la réponse est négative. «Cette tendance des levées du Trésor devrait sessouffler, étant donné la probabilité dun tirage sur dette extérieure dun volume compris entre 5 Mds et 6 Mds de DH», prévoit-on au sein de BMCE Capital Markets. Il faut aussi savoir que lors de la dernière réunion du Trésor avec les opérateurs du marché monétaire, il avait signalé que ses besoins de financement étaient de lordre de 25 à 26 milliards de DH sur les quatre derniers mois de lannée. Des besoins en hausse, certes, en raison du repli des recettes fiscales constaté durant les mois précédents de lexercice 2009, mais qui ne satisfont toujours pas la demande des investisseurs. Cette situation implique labsence de tout facteur de pression sur les taux obligataires. Si cela se confirme, les caisses de lEtat devraient permettre au Trésor de baisser le régime des levées durant le mois de décembre prochain. Et, en labsence de levées record du Trésor sur le marché, la courbe des taux de référence devrait délaisser sa tendance haussière. Ce qui nempêche pas qu«en terme de taux, les niveaux du 2 et du 5 ans pourraient présenter un potentiel dachat compte tenu dun taux de refinancement à 3,25%», ajoutent les analystes de BMCE Capital Markets. Par ailleurs, une simple lecture des statistiques sur le marché obligataire nous amène à conclure que, depuis le début de lannée, il a connu globalement deux périodes dévolution des taux dintérêt. La première a perduré durant les quatre premiers mois et a été caractérisée par une tendance baissière généralisée des taux. «Cette baisse est expliquée principalement par labaissement, fin mars 2009, du taux directeur de 25 bps à 3,25% et par une forte demande constatée sur les Bons du Trésor de la part des OPCVM, caisses de retraite et assurances», nous confie Mehdi Najme, gestionnaire de portefeuille obligataire et monétaire au sein de Marogest. A noter que les investisseurs anticipaient la baisse du taux directeur depuis le début de lannée. Ce qui explique que la tendance baissière des taux obligataires avait déjà commencé avant même lannonce officielle de cette baisse. Il faut dire aussi que les OPCVM obligataires et monétaires ont bien profité de la tendance baissière des taux sur le marché primaire. «Quand les taux primaires sinscrivent en baisse, les anciennes obligations deviennent automatiquement plus chères, ce qui permet aux fonds de placements de tirer des bénéfices conséquents», analyse un autre gestionnaire de portefeuille. En revanche, depuis le mois de mai dernier, les taux dintérêt obligataires se sont stabilisés et ont même enregistré une légère tendance haussière sur les marchés secondaire et primaire. «Cette situation est justifiée surtout par la sortie des premiers chiffres défavorables des réalisations des finances publiques, de la balance des paiements et aussi par le refus des autorités monétaires de concéder, à court terme, une nouvelle baisse du taux directeur», ajoute-t-on au sein de Marogest. Cependant, en comparant la courbe des taux arrêtée au 31 décembre dernier avec celle relative au début du mois de novembre, on se rend compte que les taux de toutes les maturités sont tout de même en deçà de leur niveau de lannée écoulée, mis à part le taux des BDT de 30 ans que le Trésor ne relève plus depuis longtemps et qui est resté en stagnation. Les variations dépassent les 50 points de base pour la quasi-totalité des maturités. Selon plusieurs gestionnaires, cette situation est imputable essentiellement à la différence entre le taux directeur de la Banque centrale en cette période et celui appliqué à partir de mars dernier.