* Le relèvement dun quart de point du taux directeur commence à se faire sentir sur les taux obligataires. La hausse a dores et déjà commencé. * Les OPCVM obligataires y laisseront des plumes. Toute hausse des taux obligataires fait chuter la valeur des fonds investis en obligations. * Les sociétés de financement et le Trésor devront désormais se financer plus cher. Cest parti pour une nouvelle hausse des taux sur le marché obligataire. La séance de mardi dernier a connu une appréciation de pratiquement toutes les maturités. Les maturités courtes ont été toutefois les plus touchées. Les bons à 13, 26 et 52 semaines ont pris respectivement 7, 26 et 10 points de base de plus que la semaine dernière pour se fixer, dans lordre, à 3,52, 3,76 et 3,65%. Les maturités 2 et 5 ans ont été également touchées par la hausse. Leurs taux se sont respectivement appréciés de 15 et 1 point de base à 3,81 et 4,15%. Les maturités longues sont restées, en revanche, au même niveau que celui de la semaine dernière avec une légère correction à la hausse de 1 point de base sur le 10 ans. Il faut dire que ces hausses sinscrivent dans lordre normal et logique des choses après la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib de relever dun quart de point (25 points de base) son taux directeur. «La hausse daujourdhui était attendue. Le resserrement des conditions monétaires impacte directement et mécaniquement les taux obligataires. Cela est presque une évidence», indique ce gestionnaire dactifs. Mais la hausse, faut-il le dire, ne fait que commencer. Les professionnels du marché sattendaient à ce que le marché réagisse, mais savaient tout de même que la correction se ferait doucement, par étapes. Sauf peut-être pour les maturités courtes. Celles-ci, étant étroitement corrélées aux conditions monétaires, dupliqueront parfaitement la hausse du taux directeur. Lon sattend ainsi à une hausse dau moins 25 points de base. Ce mardi, elles en avaient déjà consommé 10 points. Le reste (15 pb) sera vite rattrapé, selon un gestionnaire de portefeuille, dans les deux semaines à venir. Limpact sera, par contre, assez modéré pour les maturités moyennes et longues. Les professionnels du marché tablent ainsi sur des hausses de 15 à 20 pb pour le moyen terme (2 et 5 ans), et 10 à 15 pb pour le segment long de la courbe (10 ans et plus). «La contagion ne se propagera sur le long de la courbe quà partir du moment où les maturités courtes auront consommé toute la hausse. Nous aurons, donc, dici un mois au max, une courbe de taux assez déplacée par rapport à la courbe daujourdhui». Chose qui ne se fera pas sans incidence, faut-il le dire. OPCVM obligataires : impact certain Les gestionnaires dactif seront les premiers à en ressentir le coup. Les OPCVM investis en titre de créances perdront certainement des points. La valeur des obligations étant inversement corrélée aux variations des taux. Quant ceux-ci montent, leur valeur baisse. Et vice versa. Les gestionnaires devraient, à coup sûr, revoir leur objectif de rendement annuel à la baisse. Mais la récolte ne sera pas gâchée pour autant. On est loin du scénario de lannée 2007. Les OPCVM obligataires sen tirent déjà pas mal aujourdhui. Pratiquement tous les fonds sont au vert, avec des performances qui varient globalement entre -5,57% et 8,32% pour les OPCVM obligataires moyen et long termes (OMLT) ; et entre 1,75% et 4,24% pour les OPCVM court terme (OCT). Et comme nous le dit ce gérant de portefeuille, un ou deux points de moins ne feront pas beaucoup de mal. Société de financement : le silence radio Deuxième opérateur touché : les sociétés de financement. Toutes les sociétés de financement recourent aujourdhui au marché obligataire pour se refinancer. Les émissions de BSF sont devenues monnaie courante ces derniers temps. Du coup, maintenant que hausse des taux il y a, les BSF qui seront émis devront saligner aux conditions actuelles. Le coût de largent des sociétés de financement deviendra plus cher. Et lon ne sait pas encore si celles-là décideront de le répercuter sur les taux de sortie, appliqués à la clientèle. Si la question a été tranchée avec les banques, après leur réunion avec le gouverneur de la banque centrale, le doute plane encore sur le coût des crédits servis par les sociétés de financement. Devront-elles supporter la hausse des taux ? Ou vont-elles la répercuter sur le consommateur ? Rien nest encore sûr aujourdhui. Trésor : levées plus chères Et la correction ne sarrêtera pas là. Elle fera également, de lavis des professionnels du marché, monter le coût de la dette publique interne. Le Trésor étant le grand émetteur sur le marché obligataire. Il en est même le principal animateur. Même si ses absences se font de plus en plus longues ces derniers temps! «Le marché primaire des bons de Trésor devra, à coup sûr, saligner aux conditions du marché secondaire». Les prochaines levées du Trésor seront donc plus chères. Ce qui pèsera évidemment sur le coût de la dette publique.