* La hausse des taux continue. * Les OPCVM obligataires accusent des pertes conséquentes. * La situation semble devenir structurelle. Turbulence. C'est le mot d'ordre qui prévaut sur le marché obligataire ces derniers temps. La hausse des taux, entamée depuis le début de l'année, s'amplifie dans des proportions pour le moins catastrophiques et touche, cette fois-ci, toutes les maturités sans exception. Alimentée au début par des craintes inflationnistes ayant poussé Bank Al-Maghrib à rehausser ses taux directeurs, la hausse des taux courts a fini par se propager sur le long de la courbe des taux. Les gestionnaires de fonds ont eu un été très chaud, puisque cette tendance «brutale et démesurée» a été plus accentuée le mois d'août. En effet, après un mois de juillet très calme, le marché a été secoué par une forte hausse des taux obligataires en août 2007. Une hausse qui fait suite à plusieurs mois d'attentisme durant lesquels la pression à la hausse s'accumulait sur les taux, sous l'impulsion de la tension qui pèse sur le marché monétaire depuis début 2007. Le marché a ainsi fini par répercuter la tension monétaire sur les taux obligataires. L'impact a été toutefois ponctuel et assez violent : sur le seul mois d'août, les taux affichent des hausses de 25 pbs sur le 2 ans, 50 pbs sur le 5 ans, 60 pbs sur le 10 ans, 10 pbs sur le 15 ans et 42 pbs sur le 20 ans. «Ces évolutions, toutes enregistrées vers la fin du mois d'août 2007, affichent des excès de hausse sur plusieurs zones de la courbe, plus particulièrement la zone intermédiaire, traduisant en grande partie une sur-réaction du marché face au risque d'accélération de tendance», explique un gérant obligataire d'une société de gestion de la place. Après ce choc, la tendance à la hausse s'est nettement ralentie, donnant lieu à une quasi-stabilité des taux sur l'ensemble de la courbe. En somme, le marché obligataire a pris un coup dur depuis le début de l'année (voir la courbe des taux ci-dessus). Les pressions inflationnistes, ressenties fin 2006 et début 2007, ont conduit la Banque centrale à relever son taux directeur de reprise hebdomadaire de liquidité de 25 points de base pour le porter à 2,75%. Ce renchérissement du loyer de l'argent a eu un impact direct sur la partie courte de la courbe des taux et même sur les maturités intermédiaires. La hausse a été plus prononcée pour les maturités courtes. En effet, les 13, 26 et 52 semaines ont enregistré des hausses respectives de 78, 71 et 56 points de base (pb) pour s'établir à 3,35%, 3,35% et 3,40%. Les maturités intermédiaires (2 ans et 5 ans) se sont appréciées, quant à elles, de 56 pb et de 87 pb pour s'élever à 3,56% et 3,98%. Enfin, la partie longue de la courbe des taux (10, 15, 20 et 30 ans), qui était jusqu'à fin juillet quasi-stable par rapport au début de l'année, prend part à la hausse générale de taux et présente les appréciations respectives de 85, 81 et 37 pbs pour s'établir à 4,23%, 4,45% et 4,20%. La maturité 30 ans a, pour sa part, gardé son niveau de début d'année, en raison notamment de son illiquidité. Cette situation inquiète les professionnels du marché, notamment les établissements de crédit et les gestionnaires d'OPCVM, dans la mesure où, si la tendance se maintient, les taux planchers débiteurs pour les crédits (qui sont indexés sur les taux des bons du Trésor) pourraient connaître une hausse et les performances des fonds investis en obligations risqueraient d'être très médiocres cette année. Les gestionnaires ont déjà commencé à sentir le coup. En effet, face à la brutale hausse du mois dernier, les OPCVM obligataires ont dû subir de significatives contre-performances allant jusqu'à -3,50% en moyenne pour les vingtaines de fonds les plus sensibles du marché et -2% pour la quasi-totalité des fonds obligataires du marché. Qu'en est-il des semaines à venir ? La situation est-elle rattrapable pour les gérants de portefeuille ? Selon un analyste obligataire de la place, le marché devra attendre la réaction des porteurs de parts. Si ces derniers rachètent leurs placements, la tendance sera accélérée par les besoins de vente des OPCVM. Si les investisseurs jugent les niveaux de taux raisonnables et intéressants, ils pourraient au contraire investir dans les fonds et participer à la stabilisation du marché. Les niveaux devront tout de même continuer à la hausse, du moins le 15 ans et plus, pour atteindre un niveau rentabilisant le risque de ces maturités. En outre, les actifs sous-investis ou à investir pourraient profiter des niveaux actuels des taux, qui constituent une opportunité d'optimisation des placements dans les fonds obligataires à moyen et long termes.