* Le Trésor prend à contre-pied les opérateurs et émet des bons de Trésor à long terme. 100 MDH ont été levés à 4,14%. * soit 74 points de base de plus que le taux enregistré depuis 3 ans. * Les besoins de lEtat en financement à long terme raniment la problématique de lindexation des taux variables. Enorme surprise sur le marché obligataire. Le Trésor vient de lever des fonds sur le long terme, chose que le marché na pas vue depuis 2007. En effet, même si les besoins du Trésor de se financer sur le long terme nétaient plus un secret pour personne, les analystes de la place ne tablaient pas pour autant sur un retour sur les maturités longues avant ladoption de la nouvelle indexation des taux des crédits. Pour rappel, la caisse de lEtat a évité pendant trois ans les financements sur les maturités de 10, 15 et 30 ans pour ne pas impacter les taux des crédits immobiliers, ces derniers étant indexés sur la courbe des taux des bons du Trésor à long terme. Pour remédier à cette problématique, les autorités de tutelle ont pensé à mettre en place une nouvelle indexation basée sur les taux du marché interbancaire. Une mesure qui devait soulager le Trésor mais qui na, malheureusement, pas encore vu le jour alors que les opérateurs du marché lattendaient pour la seconde moitié de lannée 2009. Aux dernières nouvelles, le ministre de lEconomie et des Finances, Salaheddine Mezouar, aurait signé un arrêté pour lintroduction du nouveau mode dindexation des taux des crédits immobiliers. Nos satellites pensent également savoir que cette décision serait entérinée lors du prochain Conseil de la monnaie et du crédit devant se tenir en mars prochain. Dailleurs, après le gouverneur de BAM, le ministre des Finances a annoncé, en novembre 2009, la prochaine entrée en vigueur de la nouvelle indexation des taux dintérêt variables, prévue pour ce début dannée. Et les autorités sont, semble-t-il, passées à lacte. Certes, à ce jour, aucune indication nest donnée pour la nouvelle référence, mais plusieurs sources au sein du marché monétaire affirment sattendre à une refonte du mécanisme dindexation en deux étapes. Dans une première phase, elle consisterait à lier la variation des taux des crédits aux fluctuations du taux moyen pondéré du marché monétaire. La deuxième étape se traduirait, quant à elle, par la mise en place dun taux de référence unique qui serait baptisé, selon les bruits de couloirs, Casibor (Casablanca Interbank Offered Rate). Une référence comparable au Libor londonien ou encore à lEuribor européen. Lobjectif étant de limiter au maximum la dépendance des taux dintérêt bancaires aux vicissitudes du marché des bons du Trésor. On revient donc à la raison. Et les taux variables des crédits bancaires devront, désormais, être fixés sur une base on ne peut plus logique, à savoir le coût des ressources bancaires (loyer de largent sur le marché interbancaire), et non le coût de financement du Trésor public. Si cela devait se confirmer lors de ce premier semestre, la récente levée du Trésor sur le long terme naura alors aucun effet sur les taux variables des crédits immobiliers. Heureusement, faut-il lavouer. Car, sinon, les traites de nos maisons auraient gonflé à la prochaine révision semestrielle des taux. En effet, la récente levée de 100 millions de DH, bien que le montant soit insignifiant, a conduit à une hausse de 74 points de base du taux des BDT sur 10 ans, celui-ci sétablissant désormais à 4,14%, contre 3,40% précédemment. Par ailleurs, le retour du Trésor sur le long terme a donc le mérite de donner plus de visibilité aux investisseurs. Dores et déjà, on peut dire que le marché des taux évolue et que la courbe longue reprend de plus belle. Après avoir longtemps stagné, les taux sur le marché primaire abordent désormais la zone de 4%. Du côté des zinzins, notamment les compagnies dassurance et les régimes de retraite, le souhait de se placer sur les longues maturités faisait face depuis une longue période au manque de disponibilité des titres sur le marché, résultant de labstention dont a fait preuve le Trésor. Certes, les 100 millions de DH levés récemment par lEtat ne représentent quune miette face aux attentes des investisseurs. Cependant, plusieurs analystes estiment que «ce nest là quun début visant à tester la réaction du marché face au retour du Trésor sur le long terme». Quoi de plus normal après une absence de 3 années. Dautant plus que plusieurs anciennes levées arrivent à échéance, poussant le Trésor au remboursement. Cest là le contre-coup des financements à court terme auxquels lEtat a eu recours lors de ces trois dernières années. On devrait donc sattendre à dautres levées dans les prochaines séances dadjudication.