* Bank Al-Maghrib vient de revoir à la hausse les taux planchers servant de calcul aux taux variables des crédits bancaires. * Seuls les crédits à court et à moyen termes ont été touchés. Les crédits à long terme (7 ans et plus) ont été épargnés de justesse. * En attendant la mise en place du nouveau taux de référence (Casibor), les taux des crédits bancaires demeurent sous linfluence des vicissitudes du marché de bons du Trésor. Les taux des crédits variables sont repartis à la hausse en ce semestre. Les taux que doivent appliquer les banques ce semestre sont de 5,34% pour les prêts à court terme, et de 5,43% pour ceux à moyen terme, contre respectivement 5,01 et 5,34% comparativement au semestre précédent. La hausse des taux est donc de 33 points de base pour les maturités courtes (moins dun an) et 9 points de base pour les maturités moyennes (de 1 à 7 ans). Les taux variables des crédits à long terme (7 ans et plus) sont restés, en revanche, à leur niveau devenu habituel de 5,07 %. Cette nouvelle grille des taux fait suite, pour rappel, au calcul périodique des taux planchers qui intervient chaque semestre. Des taux planchers qui sont calculés sur la base des taux moyens pondérés des bons du Trésor sur le semestre précédent. Pour ce semestre, ces taux planchers sont ressortis à 3,84% pour les échéances courtes, 3,93% pour le moyen terme et 3,57% pour le long terme. Etant indexé sur les levés de fonds de lEtat, cest donc ceux-ci qui ont tiré vers le haut la tarification des prêts à taux variables, puisque les bons du Trésor ont connu une sensible correction à la hausse durant le deuxième semestre de lannée 2008. La courbe des taux de la dernière séance dadjudication du mois de décembre 2008 affiche, comparée à la courbe de fin juin 2008, des variations allant de 25 pb à 31 pb pour les maturités courtes, et de 15 pb pour les bons à 5 ans. Heureusement que le Trésor sest abstenu de lever sur le 10 ou le 15 ans. Sinon, leffet se serait fait ressentir sur les crédits immobiliers dont bénéficie un grand nombre de ménages. Le Trésor sest vu alors contraint de négliger ses besoins incessants de financement à long terme au détriment de son engagement de sauvegarde du pouvoir dachat. Rappelons à ce titre que la dernière levée du Trésor sur les maturités longues remonte au mois de février 2007. Le Casibor Se pose alors une question : jusquà quand cette absence du Trésor sur les maturités longues ? Le Trésor na-t-il pas besoin de se financer en ressources longues ? Plus pour longtemps à ce quil paraît. Car la référence des taux bancaires tend à changer. Un nouveau taux de référence est, en effet, en cours de conception. Il sagit du TMP du loyer de largent sur le marché interbancaire. Et ce nest là quune première étape avant la mise en place dun taux de référence unique, pour ainsi saligner sur les standards internationaux. A linstar du Libor londonien ou de lEuribor européen, le nouveau taux de référence serait nommé Casibor, comme nous lannoncions dans nos précédentes éditions, et serait fort probablement introduit au cours du deuxième semestre de lexercice en cours. «Le nouveau mécanisme de référence est fin prêt. Seul bémol : les anciens dossiers. Nous sommes en train de débattre de la question avec les banques de la place. On ne sait pas encore si le nouveau taux de référence sera appliqué également aux anciens dossiers, ou sil sera applicable uniquement aux nouveaux. Cest là où ça bloque aujourdhui», nous dit une source interne à la Banque centrale. Pour rappel, cette nouvelle indexation a pour objectif de donner du sens aux taux dintérêts bancaires. Car il nest plus question aujourdhui que les taux soient dépendants des va-et-vient du marché obligataire. Leur indexation sur les taux monétaires, principal instrument de refinancement des banques, semble ainsi logique. Mais en attendant, les taux des crédits bancaires sont toujours indexés sur les taux des bons du Trésor. Et risquent de monter à nimporte quel moment. Car le gap entre les taux primaires sur le marché des émissions et les taux secondaires sur le marché de «loccasion» ne cesse de se creuser, dépassant parfois les 100 pb pour les maturités comprises entre 10 et 30 ans. Et toute nouvelle émission du Trésor devrait donc, à coup sûr, lentériner une fois pour toutes. Ce qui, politiquement, narrangerait nullement les affaires du gouvernement qui milite, par les moments qui courent, pour la sauvegarde du pouvoir dachat des ménages. Avec le nouveau taux de référence, le Trésor devrait ainsi se débarrasser dune pression énorme et pourrait agir en toute liberté sur les maturités longues du marché de la dette. Mais cette réforme ne pourrait se réaliser, faut-il le dire, sans avoir dimpact sur le marché du crédit. Le TMP du marché monétaire interbancaire, pour la première semaine de lannée, sétablit à un niveau moins important que celui des bons du Trésor, affichant depuis le début de lannée un trend baissier pour se fixer le 11 janvier 2009 à 3,402 %. «La baisse du taux moyen interbancaire est le fruit de linjection de 11 milliards de dirhams de liquidité, intervenu à travers la réduction du taux de la réserve obligatoire qui est passé de 15 % à 12 %. Ceci a permis aux banques de souffler un peu surtout après le maintien du taux directeur à 3,50%», explique un gérant obligataire de la place. Dans ce sens, et si le tableau ne change pas, leffet de la nouvelle indexation se fera ressentir sur les taux variables des crédits. Ils connaîtront, à court terme, une tendance baissière, et par conséquent, la marge dintérêt des banques se verra restreinte, alors que les conditions doctroi se resserrent de plus en plus sur insistance de Bank Al-Maghrib. Cependant, «la croissance des emplois (estimée à + 16 % en 2009 selon une récente enquête de BAM) et des dépenses dinvestissement, conjuguées à linsuffisance de titres de garantie consommés dans des opérations repo, contraignent les banques à utiliser le marché interbancaire comme source principale de refinancement. Dans cette optique, lon pourrait sattendre à un revirement de tendance au niveau du TMP interbancaire avec lexplosion de la demande sur le marché, si la banque centrale sabstient daccompagner lessor des emplois des établissements bancaires en injectant plus de liquidité», martèle notre gestionnaire dactif .