* Bank Al-Maghrib vient de rendre sa copie. Les taux des crédits immobiliers qui seront appliqués en ce deuxième semestre nont pas connu de changement majeur. * Les taux planchers des prêts à moyen terme ont baissé de 16 points de base à 5,34%. Ceux à long terme ( 7 ans et plus) sont restés figés à 5,07%. * Les crédits immobiliers à moyen terme coûtent toujours plus cher que ceux dune durée supérieure à 7 ans. Bonne nouvelle pour les porteurs de crédits immobiliers. Les taux des prêts au logement à moyen terme (dune durée inférieure ou égale à 7 ans), et qui seront appliqués par les banques durant le deuxième semestre de lannée courante, ont connu une baisse de 16 points de base, passant de 5,50% à 5,34%. Les taux des crédits à long terme (dune durée supérieure ou égale à 7 ans), nont, quant à eux, connu aucun changement et sont restés figés à leur niveau, devenu habituel, de 5,07%. Ceux qui prévoyaient donc une hausse inévitable des taux des prêts au logement nont pas vu juste. Et le nouveau ministre de lEconomie et des Finances, Salaheddine Mezouar, a bel et bien tenu sa promesse. Il ne cessait, faut-il le rappeler, de le dire à qui voulait lentendre: «la hausse des taux nest pas pour demain». Et il na pas déchanté. Mais il aura fallu, sans doute, compter sur un Trésor (très) vigilant pour arriver à ce résultat. Le Trésor, léquilibriste! En effet, le bras armé de Mezouar sur le marché de la dette a tout fait pour ne pas générer une hausse sur les taux longs. Toutes les offres des opérateurs sur ce segment de la courbe des taux ont reçu une fin de non recevoir. Laisance financière du Trésor y est certes pour quelque chose, au vu de lextraordinaire explosion des recettes fiscales de lÉtat. Mais le spectre dune hausse probable des taux, au cas où levée il y a, a été, selon les professionnels du marché, le principal leitmotiv du Trésor. Zouheir Chorfi, Directeur du Trésor, suivait à la lettre les consignes de son mentor. La tension politico-économique est telle quune petite appréciation des taux des prêts au logement à long terme, qui concernent, faut-il le rappeler, plus de 90% de la population ayant (ou voulant) contracté un crédit immobilier, créerait la zizanie. «Il ne manquerait plus que ça!», seront tentées de dire certaines mauvaise langues. Sur le segment moyen et court, le marché sest chargé du reste. Les conditions de marché ont été, en effet, si favorables en ce premier semestre de lannée que lapaisement a été le mot dordre. Les taux des bons de Trésor des maturités courtes et intermédiaires se sont nettement relâchés, comparativement au semestre précédent. Les décisions (courageuses) de Bank Al-Maghrib y ont été pour beaucoup. En ramenant le coefficient de la réserve obligatoire applicable aux établissements de crédit de 16,5 à 15%, la banque centrale a dû injecter (indirectement) plus de 3,6 milliards de dirhams dans le circuit monétaire. Ce qui na pas manqué de mieux «liquidifier» le marché monétaire, qui, de lavis de ce gestionnaire dactifs, «sest caractérisé durant ce premier semestre par une quasi-stabilité du niveau global de liquidité». Parallèlement à cela, BAM a pu défendre avec ferveur son taux directeur de 3,25% grâce notamment à ses interventions à travers les avances à 7 jours sur appels doffres. Résultat des courses : laccalmie sest installée et les taux courts et moyens ont retrouvé, enfin, la baisse, après une dure année 2007 marquée par une forte correction à la hausse. Et les baisses ont été pour le moins importantes. Les maturités 13, 26 et 52 semaines ont perdu respectivement 53, 50 et 23 points de base pour se fixer à fin juin, à des taux respectifs de 3,39, 3,34 et 3,58%. Les maturités intermédiaires (2 ans et 5 ans) ont lâché quant à elles 23 et 16 points de base pour sétablir en fin de semestre à des niveaux de taux respectifs de 3,70 et 3,84%. Normal donc que les taux des crédits immobiliers à moyen terme baissent, puisquils sont indexés sur le taux des bons de Trésor à 5 ans. Le pardoxe continue Ceci étant, un pardoxe reste toujours à résoudre. Les crédits à moyen terme restent, malgré cette baisse de 16 points de base, plus chers que ceux à long terme. Ce qui ne correspond, faut-il le dire, à aucune logique économique ou financière, puisque, par essence, plus le terme est long plus le risque est élevé, et plus le taux facturé doit être élevé. Les banques devront donc continuer, encore un semestre de plus, à accorder des crédits immobiliers dune durée inférieure à 7 ans à un taux variable minimum de 5,34% au moment où elles accordent des prêts supérieurs à 7 ans et qui peuvent aller jusquà 25 ans, parfois plus, à un taux variable de 5,07%! «Ce qui est inconcevable», de lavis de ce banquier. «Les banques doivent se concerter sous légide de la banque centrale pour ajuster la donne, ou du moins aligner les taux du moyen terme à ceux du long terme pour garder une certaine cohérence», propose-t-il. En voilà des propos qui ne plairont pas à notre ministre de lEconomie et des Finances !