La France demeure le partenaire et le fournisseur incontournable du Maroc en matière de céréales. Les opérateurs français exportent 1,4 million de tonnes de blé tendre, 240.000 tonnes d'orge et 260.000 tonnes de blé dur vers le Maroc. Un approvisionnement adéquat, une préoccupation commune. La facture alimentaire, notamment les importations de céréales, pèse lourdement sur le budget de l'Etat et la balance commerciale. Pour la dernière campagne 2011-2012 qui s'est soldée par des résultats en deçà de la moyenne avec des réalisations en baisse de près de 50%, le Royaume devrait assurer une bonne partie de ses besoins par les importations. L'idée est de gérer intelligemment ces importations en matière de délais, de prix, de qualité et de disponibilité. La France reste le principal fournisseur du Royaume en blé au travers de l'accord avec l'Union européenne. Les opérateurs de l'Hexagone ont toujours manifesté leur disponibilité d'offrir les meilleurs produits et meilleurs services dans ce domaine. C'est dans ce cadre que France Export Céréales a organisé son rendez-vous annuel «Les rencontres 2012 franco-marocaines des céréales». Plus d'une centaine de participants ont assisté à la 15ème édition. Ce colloque a permis de mettre en avant la qualité de la récolte française 2012 et ses 36,1 millions de tonnes de blé moissonnées. L'événement a permis également de faire le point sur les tendances et perspectives des marchés céréaliers internationaux : des hausses exceptionnelles des prix du blé ont été causées par la sécheresse et les inondations qui ont touché les grands pays exportateurs. «Importateur structurel de céréales (blé en particulier), le Maroc a connu des conditions climatiques difficiles la saison précédente. La France se positionne toujours comme un partenaire et un fournisseur incontournable du Maroc en matière de céréales», a indiqué Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales. «Comme au Maroc, les campagnes céréalières ont des moments charnières en France. Nous avons eu un bon démarrage en 2011, mais la gelée et la sécheresse ont perturbé les cultures par la suite : 200.000 ha ont été endommagés. On a cru à un moment à la catastrophe, mais les choses ont repris dès le printemps et on a eu une récolte dépassant nos prévisions», a souligné Langlois-Berthelot. Il a ajouté que «nous avons comme moisson 34 millions de tonnes de blé tendre, dont 9 millions ont été destinés à l'export. Le Maroc fait partie de nos importants clients avec 1,4 million de tonnes de blé tendre, 240.000 tonnes d'orge et 260.000 tonnes de blé dur». A cet égard, l'accord-cadre de coopération technique entre «France Export Céréales» et la Fédération nationale de la minoterie marocaine a été reconduit en marge de ces rencontres. Cet accord, qui s'inscrit en droite ligne d'un partenariat de longue date entre les deux parties, «porte sur la formation et le soutien technique et scientifique», a précisé Langlois Berthelot. «Il s'agira de la formation des formateurs, notamment ceux de l'Ecole meunière de Casablanca et la fourniture à cette dernière d'un stock documentaire et d'une collection d'ouvrages sur la meunerie», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il prévoit tout un ensemble d'axes de réflexion sur les moyens d'élargir la coopération à d'autres secteurs, notamment celui de la boulangerie. Il a indiqué que cette manifestation constitue une opportunité pour les professionnels des deux pays de se rencontrer et de discuter du présent et de l'avenir de la filière céréalière. La stratégie agricole française accorde une attention particulière à la filière céréalière à travers des programmes de développement. «Ces programmes font une large part à l'amélioration de la production et de la qualité pour répondre aux besoins des utilisateurs. Les avancées techniques sont diffusées chaque année (rapport, colloques). L'état du marché, du volume de production et de la qualité de la récolte française de blé sont régulièrement suivis par FranceAgriMer (Office public) et disponibles sur site Internet», a rapporté Jean-Philippe Leygue, responsable de Arvalis (Institut du végétal). «Ces rencontres franco-marocaines sont organisées à un moment où le marché des céréales dans le monde connaît une forte agitation, marquée par les différentes adversités dans les bassins climatiques connus comme étant gros producteurs de céréales, notamment l'Amérique du Nord, la Mer Noire, l'Amérique du Sud ou l'Australie. Il y a une tension entre l'offre et la demande. Ce qui explique la fluctuation des prix atteignant parfois des records et des flambées en continu... Cet événement permet de faire le point sur la coopération entre les différents acteurs opérant dans la filière céréalière française et leurs homologues marocains», a noté Thierry de Boussac, du Syndicat national du commerce extérieur des grains (France). «Nos offres sont régulièrement présentées aux pays demandeurs lors de nos séminaires techniques organisés partout dans le monde. Des actions d'accompagnement peuvent être organisées pour une bonne utilisation de nos blés par nos clients», a précisé Boussac. La France produit exclusivement des blés meuniers adaptés à une transformation en moulin (extraction de farine, puis en boulangerie, ce qui correspond en quelque sorte aux besoins en importation du Maroc. Par Charaf Jaidani La filière céréalière française présente des atouts indéniables La filière céréalière française est assurée en amont par 180.000 exploitations agricoles, dont une grande partie ne fait que des grandes cultures. Le blé est cultivé sur tout le territoire français, mais les plus importantes zones de production sont situées dans la moitié nord du pays qui bénéficie d'un climat particulièrement favorable. D'importants programmes de recherche et développement sont conduits par l'Institut Arvalis, en collaboration avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), les sélectionneurs, les organismes collecteurs-stockeurs et les industriels transformateurs. En France, il y a près de 300 organismes stockeurs qui assurent le regroupement de l'offre, le nettoyage, le tri, le stockage et la commercialisation du blé. Ces organismes possèdent environ 10.000 points de stockage qui assurent en permanence une conservation de qualité. Le blé est donc disponible tout au long de l'année et des lots adaptés à la demande des acheteurs peuvent être facilement constitués. L'exportation peut se faire par l'organisme collecteur (livraisons intracommunautaires) ou via une société de commerce international (exportation vers les pays tiers). La commercialisation et l'exportation s'appuient sur des contrats qui règlent les différents aspects : quantités, qualité, délais, responsabilités.