Khalid Aouzal, président de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc (Fnacam)
- La digitalisation apporte un nouveau souffle aux agents et courtiers d'assurance. - Le commissionnement ne relève plus des prérogatives de l'ACAPS. - La profession pointe du doigt les artifices employés dans la bancassurance. - Le point avec Khalid Aouzal, président de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc (Fnacam)
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Finances News Hebdo : L'heure est aujourd'hui à la digitalisation. Les agents et courtiers d'assurance sont-ils prêts à accompagner cette révolution qui bouleverse leurs habitudes de fonctionnement et d'exploitation ?
Khalid Aouzal : L'application mise en place par l'ACAPS (Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, ndlr), je suppose que c'est de cela dont vous voulez parler, ne peut que s'avérer profitable aux intermédiaires d'assurance, voire au secteur d'une manière globale en termes de circulation de l'information. Le monde change et les pratiques aussi. La digitalisation est venue apporter un nouveau souffle et on n'a pas d'autres choix que de s'y adapter. La mise en place de Web' Inter, par exemple, s'inscrit dans cette optique. Elle se traduira, au risque de me répéter, fatalement par un gain de temps considérable, mais aussi par une meilleure visibilité (informations partagées entre l'intermédiaire et l'ACAPS en temps réel, statistiques par branche, cartographie des intermédiaires en vue d'une meilleure répartition géographique du réseau, taux de croissance par risque et par région, suppression du support en papier, etc.).
F.N.H. : En matière des taux de commissions qui sont figés depuis plus de 35 ans, certains intermédiaires saisissent toujours l'ACAPS, sachant que l'Autorité n'a plus de prérogatives en la matière depuis 2006 ? Quelle est votre interprétation ?
Kh. A. : Permettez-moi de vous dire que certains intermédiaires se trompent d'interlocuteurs, car sans doute mal aiguillés ou mal renseignés. Comme vous le dites si bien, le commissionnement ne relève plus de l'autorité de contrôle, et pour cause, sa déréglementation est devenue effective depuis juillet 2006. Aussi, la Fnacam a engagé des discussions avec la FMSAR en vue de récompenser le dur labeur des intermédiaires. La charge de gestion confiée aux intermédiaires connaît une recrudescence exponentielle qui se doit d'être rémunérée décemment, or c'est loin d'être le cas actuellement. Les pourparlers sont en cours et nous sommes convaincus que nous trouverons un terrain d'entente avec les compagnies d'assurances prises ensemble via la FMSAR. Nos partenaires, car nous les considérons en tant que tels, ne sauraient rester indifférents face aux efforts que nous déployons pour commercialiser leurs produits et servir au mieux le consommateur.
F.N.H. : Chaque fois que l'occasion se présente, vous annoncez que l'élargissement du champ d'intervention de la bancassurance signe votre mort. Des garde-fous sont-ils enfin prévus pour vous protéger ?
Kh. A. : Ce n'est pas tant la bancassurance qui nous préoccupe, dans le sens où cette dernière est, dans une certaine limite, dois–je le préciser, autorisée par le code des assurances aux fins d'être un mode de distribution complémentaire au réseau professionnel, mais ce sont les artifices et pratiques déloyales relevés dans l'exercice de la bancassurance que nous rejetons et condamnons. Nous nous heurtons en fait et de plus en plus aux dérapages de certaines institutions qui oublient de se concentrer sur leur métier de base, à savoir la banque, pour proposer, imposer et distribuer des programmes d'assurances à travers leurs sociétés d'assurances et organismes financiers. C'est cet aspect que nous réfutons fermement. Le réseau traditionnel et professionnel ne saurait continuer à subir de tels agissements. Avec le projet d'amendement du livre IV, et notamment le recadrage de la souscription pour compte, talon d'Achille du texte actuel, le contrôle sera sans doute plus aisé et les infractions par conséquent moindres.
F.N.H. : Un sit-in est prévu le 13 mars 2018 par certains intermédiaires. Cela vous semble-t-il être la solution idoine ?
Kh. A. : Le sit-in, la grève constituent certes un droit. Est-ce la solution idoine ? Je ne le pense pas. J'aurais plutôt tendance à croire qu'il y a des solutions médianes, à savoir le dialogue, voire l'arbitrage, etc.
F.N.H. : Où en êtes-vous avec le dossier de la TVA ?
Kh. A. : La question de la TVA fait, comme vous le savez, partie de nos préoccupations majeures, et ce depuis belle lurette. Nous sommes convaincus, à la lumière du benchmarking international auquel nous avons eu recours, que c'est une taxe indue, voire injuste et qu'une solution sera trouvée. Nous y travaillons et espérons récolter le fruit de notre labeur dans les meilleurs délais possibles. ■