■ En Afrique du Nord, l'expérience marocaine peut être considérée comme particulièrement innovante en terme de financement, à travers la création en 2010 d'un fonds d'investissement des énergies renouvelables. ■ Les experts recommandent de mettre en réseau l'ensemble des centres de recherche qui existent dans la région pour une meilleure synergie et une capitalisation sur les expériences réussies. Le séminaire organisé la semaine dernière par le bureau pour l'Afrique du Nord en matière d'énergies renouvelables a été plein de promesses. Renforcer davantage la coopération et se placer dans une logique d'intégration régionale réelle, tels sont les requis majeurs soulignés par la réunion d'experts sur les perspectives des énergies renouvelables en Afrique du Nord. Cette rencontre a été un moment fort. Elle a permis à plus de 50 participants représentant les sept pays de la sous-région (Algérie, Egypte, Lybie, Maroc, Mauritanie, Soudan et Tunisie) ainsi qu'à des institutions régionales et internationales d'échanger leurs expériences et leur vision sur la situation actuelle des énergies renouvelables et les perspectives de développement du secteur, compte tenu des priorités régionales et de la situation globale. A noter que l'étude de référence présentée lors de la réunion a mis en exergue l'intérêt de plus en plus accordé au développement du secteur, notamment pour les énergies solaire et éolienne. Elle a mis également l'accent sur les importantes initiatives prises individuellement ou dans le cadre de partenariats euro-méditerranées. Aussi, les experts ont passé en revue les expériences africaines qui méritent d'être soulignées. Ils ont cité l'expérience tunisienne en matière de financement à travers le programme Prosol qui offre un cadre incitatif à l'investissement en facilitant l'accès au financement sous forme de subventions et de prêts à des taux préférentiels. L'expérience marocaine peut être également considérée comme particulièrement innovante en terme de financement à travers la création en 2010 d'un fonds d'investissement des énergies renouvelables. Aussi, le Maroc a lancé une série de chantiers importants tels que celui de la centrale hybride à cycle combiné de Ain Béni Mathar (470 MW dont 20 MW solaires avec un productible annuel moyen d'environ 3.500 GWh). Ce projet fait partie d'un programme ambitieux de développement intégré de la région de l'Oriental. Sa fonction est de contribuer au désenclavement de la région, de la promotion de l'emploi durant les phases de mise en œuvre et d'exploitation ( 360.000 journées de travail) et du développement des petites et moyennes entreprises locales. Un autre chantier digne d'intérêt est le projet d'Ouarzazate qui a remporté l'adhésion des institutions financières internationales et autres parties prenantes dont la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement et l'Agence Française de Développement. L'autre recommandation, et pas des moindres, émanant des experts est la nécessité de mettre en réseau l'ensemble des centres de recherche qui existent dans la région pour une meilleure synergie et une capitalisation sur les expériences réussies. Il a été également recommandé que la coopération et l'intégration régionales soient renforcées, notamment en matière de formation, de transfert de technologie et de financement. A cet effet, une consultation sera lancée prochainement sur les mécanismes innovants de financement des énergies renouvelables et une communauté de pratiques sera également mise en place. Mieux encore, les experts ont mis l'accent sur la nécessité de doubler d'efforts en matière de développement industriel pour mieux répondre aux exigences du marché local et régional, tout en renforçant les capacités des pays nord-africains à subvenir à leurs propres besoins en énergie, ce qui créerait de nouvelles opportunités d'emplois. Il a été ainsi recommandé de valoriser les compétences existantes au niveau régional mais aussi au niveau du continent africain. Les experts ont jugé également important la nécessité de mettre en place un marché régional intégré, notamment par le renforcement de la coopération en matière de financement, de formation et de recherche dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Dans ce sens, il a été fortement recommandé d'harmoniser les normes et les standards pratiqués dans la région et d'adapter les installations industrielles et les équipements aux conditions spécifiques locales afin de garantir un meilleur rendement au niveau local et une plus grande value à l'exportation. Une chose est sûre : les débats riches et informés qui ont marqué cette importante réunion d'experts sur le secteur des énergies renouvelables en Afrique du Nord, ont montré une fois de plus l'urgence pour la région de mettre au point une stratégie nationale de développement de ce secteur. Celle-ci doit être opérationnelle tout en s'inscrivant dans la durée pour mieux répondre aux besoins économiques et sociaux de la région et mettre son potentiel au service de la croissance. C'est ce qui explique en grande partie l'effort fourni par le Bureau pour l'Afrique du Nord de la CEA qui, comme l'a déclaré sa directrice Karima Bounemra, «œuvre à créer une dynamique régionale de coopération à travers un secteur porteur qui reste à défricher et à valoriser, dans une perspective de développement régional intégré et durable». ■