■ Le bureau pour l'Afrique du Nord a lancé récemment un projet d'un montant global de 623.000 $ sur les mécanismes de financement des énergies renouvelables en Afrique du Nord. ■ Au sein de la région, les échanges d'énergie demeurent faibles. ■ Une étude a été initiée en vue d'évaluer les progrès accomplis au sein de la région et les contraintes qui persistent. Déclarée Année internationale de l'énergie durable pour tous, 2012 sera l'occasion de sensibiliser à l'importance d'améliorer l'accès durable à l'énergie, l'efficience énergétique et l'énergie renouvelable au niveau local, régional et international. Ceci s'avère crucial pour l'Afrique du Nord sachant que cette région connaît un certain nombre de défis énergétiques et climatiques qu'elle est appelée à relever. Conscients d'une telle opportunité, les pays de la région ont adopté, à des degrés divers, des politiques et programmes ambitieux en matière d'amélioration de l'EE et de développement des énergies renouvelables. Des réformes importantes des cadres institutionnel, règlementaire et financier sont en cours et des progrès notables sont à souligner dans certains pays comme le développement de l'éolien à grande échelle en Egypte et au Maroc ou le renforcement de l'EE et le développement de panneaux solaires thermiques en Tunisie. C'est dans ce sillage et comme appui aux efforts en cours dans la région, que le Bureau pour l'Afrique du Nord de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique a lancé récemment un projet d'un montant global de 623.000 dollars sur les mécanismes innovants de financement des énergies renouvelables et dont la mise en œuvre se fera sur une période de deux ans. Dans ce cadre, une étude de référence a été réalisée dont l'objectif est de brosser l'état des lieux en matière d'énergies renouvelables et d'évaluer l'efficacité énergétique dans les sept pays couverts par le projet (Algérie, Egypte, Lybie, Maroc, Mauritanie, Soudan et Tunisie). L'étude a tenté d'évaluer les progrès accomplis jusqu'à présent et d'identifier les principales contraintes rencontrées, notamment en matière de financement et de mise en œuvre, ainsi que les faiblesses qui entravent le développement de ce secteur. Un autre volet de l'étude comporte une analyse des instruments de politique et cadres institutionnel, règlementaire et financier existants, en vue de mieux répondre aux priorités et préoccupations de la région dans le domaine du développement durable. Dans le but de présenter et d'examiner les résultats de cette étude, le Bureau pour l'Afrique du Nord de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique a organisé récemment une réunion d'experts. Des échanges internes marginaux A priori, il est à noter que cette étude a été confortée par deux hypothèses fondamentales. La première est relative à la baisse tendancielle et accélérée du prix des énergies renouvelables qui va favoriser la rentabilité économique et financière à moyen et long termes de la plupart des filières d'énergies renouvelables par rapport aux services fournis par les énergies fossiles. La seconde est relative au fait que les pays de la zone Afrique du Nord ainsi que les pays développés continueront d'apporter un appui aux plans institutionnel, financier et politique pour la diffusion à grande échelle des filières énergies renouvelables et des mesures d'efficacité énergétique (EREE). La région comprend 5 pays exportateurs nets d'hydrocarbures (Algérie, Libye, Egypte, Soudan et, plus récemment, la Mauritanie). Ces 5 pays sont très dépendants des exportations d'hydrocarbures avec cependant une dépendance extrêmement forte dans le cas de la Libye, de l'Algérie et du Soudan. À titre d'exemple, les exportations du Soudan en 2008 ont atteint 19,5 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep). Les exportations d'hydrocarbures de ce pays ont représenté, en 2008, 95% des exportations totales et 60% des revenues de l'Etat. La Tunisie exporte du pétrole brut (3,5 Mtep / an en 2008), cependant l'ensemble de ses produits pétroliers sont importés. La tendance en Tunisie est celle de la transition d'un pays exportateur net à un pays importateur net si des découvertes majeures d'hydrocarbures ne sont pas réalisées. Le Maroc est fortement tributaire des importations de pétrole. Ce qui explique que ce pays ait mis en œuvre un important programme de développement des énergies renouvelables particulièrement dans les filières éolienne et solaire. Au sein de la région, la Mauritanie et le Soudan sont caractérisés par une part importante de la biomasse traditionnelle dans les bilans énergétiques en dépit de leur statut d'exportateur net d'hydrocarbures. La structure du bilan énergétique du Soudan montre que sur une consommation finale de 9,6 Mtep en 2008, la biomasse représente 6,3 Mtep, soit plus de 65 % de la consommation finale totale. Les échanges d'énergie au sein de la région sont marginaux comparativement au potentiel. Certes, il existe des interconnexions électriques et gazières au sein de la quasi totalité des pays de la région mais dans le cas du gaz naturel, les flux à partir de l'Algérie sont destinés au marché des pays de l'Union européenne alors que dans le cas de l'électricité les échanges restent relativement limités avec un objectif d'équilibre des importations et des exportations. En l'absence des conditions d'un marché normal (concurrence) la coopération énergétique régionale va rester marginale. Les flux électriques et surtout gaziers sont dans leur majeure partie destinés à des consommateurs finaux extérieurs à l'espace nord-africain. Certes, il existe quelques contrats gaziers bilatéraux mais leur part dans les flux totaux reste marginale. A titre d'exemple, selon un accord commercial signé en août 2011 à Alger entre la Sonatrach, groupe public algérien, et l'Office marocain de l'électricité (ONE), l'Algérie fournira quelque 640 millions de m3 de gaz par an au Maroc pendant 10 ans. Le gaz est destiné à l'alimentation de deux centrales thermiques de l'ONE (Ain Beni Mathar: 470 MW) et Tahaddart: 385 MW). Le gaz sera acheminé par le gazoduc Maghreb-Europe (aussi connu sous le nom de gazoduc Pedro Duran Farell, GPDF) qui relie l'Algérie à l'Espagne via le Maroc. Le Maroc bénéficiait déjà de livraisons de gaz dont la valeur équivaut au coût du droit de passage du gazoduc sur son territoire. La situation n'est guère différente dans le domaine de l'électricité où, en dépit des interconnexions électriques, les échanges entre pays de l'Afrique du Nord restent très faibles. En fait les principaux flux électriques sont principalement réalisés entre le Maroc et l'Espagne. ■