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Entretien : «Il faut une réelle volonté de l'Etat pour encourager les investisseurs institutionnels»
Publié dans Finances news le 02 - 06 - 2011

Les investisseurs institutionnels en infrastructures ont besoin d'actifs extrêmement longs indexés sur l'inflation et pour lesquels ils sont prêts à perdre un peu de liquidités, mais qui offrent des rendements plus attractifs.
En vue de garantir l'investissement privé, les pouvoirs publics sont exhortés à mettre en place un cadre juridique clair et adapté.
L'Etat doit donner plus de visibilité sur le nombre de projets qui vont être lancés, pour motiver la participation de nombreux acteurs.
Mckinsey & Company sert l'ensemble des acteurs de l'infrastructure, que ce soient les pouvoirs publics, des entreprises de construction, des opérateurs d'infrastructures ou des investisseurset intervient au niveau de la planification, l'implémentation et l'optimisation de programmes d'infrastructure. François Jurd de Girancourt, de Mckinsey & Company, nous éclaire à ce sujet. -Finances News Hebdo : Peut-on savoir jusqu'à quel degré la croissance économique est tributaire de l'infrastructure où plus exactement pour le cas du Maroc, est-ce que les investissements en infrastructures réalisés aujourd'hui sont à même de permettre au Maroc de réaliser un taux de croissance de 6% à 7% et, faire donc partie du lot des pays émergents ?
-François Jurd de Girancourt : Il y a une très forte corrélation entre la dépense en infrastructures et la croissance du pays. C'est un lien à double sens. La croissance économique entraîne de larges projets et l'investissement dans les infrastructures permet d'augmenter la productivité et d'accélérer le développement économique. Au Maroc, nous estimons qu'un taux de croissance de 7-8% nécessiterait donc un doublement des investissements en infrastructures sur les 10 prochaines années. Mais l'enjeu au Maroc est aussi que les infrastructures soient livrées à temps pour le public. L'investissement privé aligne les intérêts entre constructeur, opérateur et Etat et permet de mieux contrôler les délais et les risques d'exécution.
-F.N.H. : Hormis le financement, quels sont les autres avantages offerts pour un investisseur privé ?
-F. J. G. : Les investisseurs institutionnels ont commencé à investir dans l'infrastructure car ils avaient besoin de trouver des actifs avec des rendements stables sur de très longues périodes. C'est ainsi que les fonds de pension en Australie et au Canada commencèrent à participer à la privatisation de routes à péage. Ces fonds de pension avaient aussi besoin de rendements indexés à l'inflation. En revanche, ils avaient moins de problèmes de liquidités. Donc, l'infrastructure correspondait parfaitement à ce qu'ils recherchaient.
-F.N.H. : Et par rapport à tout cela, quelle appréciation peut-on faire de la réglementation. Est-ce qu'elle est encourageante ou dissuasive ?
-F. J. G. : Il faut penser la réglementation à deux niveaux
Un investissement de 20 ans ou plus nécessite beaucoup de clarté sur la stabilité politique, le cadre juridique et les mécanismes de fixation des prix pour l'utilisation des infrastructures, par exemple le coût de l'électricité, du péage…). L'Etat doit aussi donner de la visibilité sur le nombre de projets qui vont être lancés, pour motiver la participation de nombreux acteurs.
Au deuxième niveau, il y a l'autre aspect qui concerne la réglementation des fonds de pension, les assureurs ou des Asset Managers. Est-ce qu'elle impose des contraintes en terme d'investissement ? Permet-elle à ces investisseurs d'aller sur des classes d'actifs qui sont par définition peu liquides, à très long terme… avec des risques opérationnels très importants ?
-F.N.H. : Quelle est la démarche que doit adopter un investisseur institutionnel et, à votre niveau, comment accompagnez-vous l'investisseur ?
-F. J. G. : Nous aidons l'investisseur institutionnel à calibrer à la fois le pourquoi de l'investissement en infrastructures et les compétences nécessaires. Nous l'aidons aussi à travailler avec les développeurs et les opérateurs d'infrastructure pour optimiser la conception du projet, limiter les coûts et les risques. Nous avons une logique extrêmement opérationnelle.
Dossier réalisé par S. Es-siari & I. Bouhrara
François Jurd de Girancourt : Directeur de projets Présentation :
*Directeur de projets au sein du bureau de Paris de McKinsey.
*Entré chez McKinsey en 2005, co-leader du pôle de compétence banque d'investissement à Paris.
*Expertise dans le secteur financier (gestion d'actifs et banque d'investissement) sur des sujets de stratégie et d'opération.
*A notamment travaillé :
• Définition de la stratégie et des process d'investissement de plusieurs fonds d'infrastructure dans des pays développés.
Cadrage de la politique d'investissement en infrastructure d'un des principaux fonds actifs sur la région Méditerranée.
Autres informations :
Avant de rejoindre McKinsey, François de Girancourt a travaillé cinq ans pour Citigroup en Sales & Trading.
Il est diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales (HEC) et titulaire d'un MBA de Wharton.


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