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Les Combats à mener d'urgence
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 05 - 2008

Pour répondre à toutes les questions brûlantes du Maroc actuel, nous avons préféré en référer à l'expertise d'une palette de spécialistes qui n'ont pas hésité à se prêter au jeu de bonne grâce et surtout sans langue de bois à nos confrères VH
magazine. Ce ne sont ni des vedettes politiques,ni des stars dubusiness.
« Force est de constater que la société n'en est pas plus juste, l'économie plus
performante et les gens plus civiques » Le Maroc a changé. Le royaume
bouge. C'est certain. Bien des
citadelles sont tombées, à
commencer par la chape de
plomb qui pesait sur les initiatives politiques,
économiques ou tout simplement civiques.
Malgré cela, force est de constater que la
société n'en est pas plus juste, l'économie plus
performante et les gens plus civiques. Ce qui fait
que de nombreuses questions d'une urgence
réelle se posent aujourd'hui dans un climat de
surchauffe sociale. Traquer efficacement les
poches de pauvreté, est-ce vraiment possible ?
Sur cette problématique brûlante d'actualité,
les uns choisissent de tirer à boulets rouges sur
les chefs d'entreprises « peu scrupuleux » ou les
autres chargent le gouvernement de tous les
maux. D'un autre côté, le chômage massif des
jeunes, une sous-classe de nouveaux postulants
à l'emploi, remet à l'ordre du jour une flexibilité
concoctée à la sauce locale. Les machineries
administratives sont là, lourdes qui tournent
toujours à vide. Ce qui nous ramène à la question
centrale de l'école. Comment finir avec la
ségrégation scolaire ? Le rêve de l'école pour tous
est battu en brèche par l'inégalité des chances de
réussite. Aux beaux quartiers, les établissements
de l'excellence, aux autres, l'école à bon marché,
les trous à rats et les instituteurs blasés. Avec à
la clé, un échec scolaire garanti. Si les gens ont
besoin de travailler et leurs enfants d'étudier, ils
ont également besoin de se loger aux meilleures
conditions. Pour briser les ghettos des bidonvilles,
de l'habitat précaire, autant ne pas se faire trop
d'illusions, la hausse des prix de l'immobilier et
son corollaire, l'exode rural, risquent de durer
encore un temps. Autant dire que le programme
« villes sans bidonvilles » relève beaucoup plus
du voeu pieux. Réhabiliter l'impôt ? Dans un
pays où personne ne trouve indécent de frauder
le fisc, réhabiliter l'impôt sonne comme une
provocation, comme une tentative de faire
saigner encore plus les « pauvres » patrons alors
qu'en réalité, ce sont plutôt les petits, les salariés
qui sont eux, ponctionnés à la source. Depuis
plusieurs décennies, les patrons n'ont cessé
de réclamer la baisse de l'impôt sur le revenu
grâce à un chantage à l'emploi d'un goût plutôt
douteux. Pour doper l'investissement ? Non,
tout simplement, pour se remplir encore plus
les poches. Nos experts, eux rappellent que le
pays peut faire l'économie d'une fiscalité plus
citoyenne, plus juste. En baissant par exemple
la TVA, celle qui frappe tous les citoyens, quels
que soient leurs revenus et en s'attaquant à une
refonte globale qui permette d'élargir l'assiette
de façon juste et progressive. Quelle stratégie
adopter alors pour promouvoir les droits de
l'homme, revoir la croissance à la hausse,
présenter un système scolaire performant ou
encore imaginer des niches d'emploi pour les
diplômés chômeurs ? Croire que la vérité se
trouve plutôt dans l'action du gouvernement,
c'est oublier qu'elle est aussi sur le terrain des
luttes du dernier des citoyens lambda. Quels sont
donc les nouveaux fronts, les combats à mener
en priorité ? Pour répondre à toutes ces questions
brûlantes d'actualité, nous avons préféré en
référer à l'expertise et au savoir-faire d'une palette
de spécialistes qui n'ont pas hésité à se prêter
au jeu de bonne grâce et surtout sans langue de
bois. Ce ne sont ni des vedettes politiques, ni des
stars du business. Mhamed Hammadi est docteur
d'Etat, enseignant dans plusieurs universités
prestigieuses au Canada, en France, aux Etats-
Unis. Houssaini Taj Eddine est avocat à la cour
suprême, il fait partie de plusieurs think thank
internationaux. Abdelhamid El Jamri, spécialiste
en ingénierie de projets est un expert reconnu
auprès de nombreuses instances internationales.
Karim Tazi, le patron de Richbond, très actif
dans l'humanitaire, l'homme est notamment
le fondateur de la fameuse banque alimentaire.
Quant à Tahar Benjelloun, sa carrière d'auteur
à succès parle largement pour lui. L'essentiel de
cette démarche consistant à faire de ces modestes
propositions matière à débat, pour une ébauche
( il est permis de rêver ) d'un vrai projet sociétal
national.
Administration
Dégraisser le mammouth
Houssaini Taj Eddine
1. Il faut donner à l'administration les
moyens de travailler correctement. Par
exemple, la Justice a commencé son
informatisation. Mais ses fonctionnaires
ne sont pas bien formés pour répondre
aux besoins des citoyens concernant
les jugements rendus, les actes en
délibération, les plaidoiries et les
conclusions des parties adverses.. Les
citoyens doivent pouvoir obtenir un
certificat de résidence, une attestation de
travail… sur place et, mieux encore, par
Internet.
Mohamed Hamadi Bekouchi
2. Concernant la nomination aux postes de
commis de l'Etat (ONCF, RAM, OCP, ONEP,
ONE...), les trois prétendants finalistes
doivent passer des auditions publiques
devant une commission (jury) composée
de parlementaires, de personnalités
qualifiées et de décideurs économiques et
sociaux.
Abdelhamid El Jamri
3. On observe aujourd'hui, qu'une
minorité de fonctionnaires veut le
changement et fait tout pour le réussir. Il
faut repérer cette minorité, l'encourager
et la responsabiliser au sein de
l'administration.
Karim Tazi
4. Exiger des services de l'Etat qu'ils
répondent systématiquement, rapidement
et de manière formelle à toute question
de droit posée par un citoyen ou une
entreprise. Les administrés devront avoir
le droit de se prévaloir de cette réponse
devant les juridictions jusqu'à ce qu'elle
soit remplacée par un acte réglementaire.
Lutte contre la corruption
Commissariat royal anticorruption
Houssaini Taj Eddine
5. La lutte contre la corruption doit
commencer au niveau de l'école primaire,
puis au niveau des lycées et de l'université.
Ce qu'on appelait « l'éducation civique »,
qui a disparu de nos programmes scolaires
doit revenir. Elle peut jouer un rôle
déterminant.
Mohamed Hamadi Bekouchi
6. Lancement d'une campagne
médiatique permanente de mise en garde
contre la corruption en partant de situations
vécues… en premier lieu par les décideurs
politiques, économiques et commis d'Etat.
7. Des sanctions lourdes, depuis les
pénalités financières jusqu'au suivi
judiciaire, doivent être prises contre les
corrompus et les corrupteurs.
8. Un Commissariat royal anti-corruption
doit être créé.
Tahar Ben Jelloun
9. Le citoyen ne doit plus céder aux
pressions pour devenir un corrupteur.
Quant à l'Etat, il doit absolument payer
décemment ses employés pour éliminer
le prétexte de la corruption. Le civisme,
l'éducation, le sérieux, c'est ce dont
nous avons besoin pour lutter contre la
corruption avec, évidemment, une justice
indépendante et intègre.
Croissance
Réveiller l'esprit d'entreprise
Abdelhamid El Jamri
10. Le seul moyen, en l'absence de
richesses naturelles abondantes, est de
continuer à soutenir le pouvoir d'achat
des populations les plus démunies par
la compensation, tout en mettant en
place des mécanismes pour que de gros
groupes industriels ne profitent pas de cette
compensation.
11. Pour agir sur les salaires, la solution
passe par l'augmentation de la compétitivité
de notre économie et donc, la croissance.
Pour ce faire, il faudrait agir sur les
ressources humaines, notre principale
richesse, mais qui connaît actuellement des
insuffisances dans sa qualification, tant au
niveau quantitatif que qualitatif.
Agriculture
Ne tirez pas sur les paysans
Abdelhamid El Jamri
12. Reconnaître définitivement que le
Maroc est un pays semi-aride.
13. Inciter les paysans à aller vers de
nouvelles cultures moins consommatrices
d'eau et vers « l'industrialisation » de leur
production.
Houssaini Taj Eddine
14. Aujourd'hui, on est surtout dépendant
de l'étranger… On ne produit pas
suffisamment de denrées alimentaires
essentielles. L'Etat doit imposer un nouveau
code de l'investissement dans le domaine
agricole pour pouvoir au moins satisfaire
les besoins essentiels du pays. La FAO
a constaté que les denrées alimentaires
ont connu, entre 2007 et 2008, une
augmentation qui dépasse 40%. C'est une
sonnette d'alarme pour les pays comme le
Maroc. On ne pourra plus se permettre, à
l'avenir, le luxe d'importer du blé et autres
céréales à des prix convenables.
Investissements
Haro sur l'économie de rente
Houssaini Taj Eddine
15. L'Etat doit instaurer un régime fiscal
propre à encourager l'investissement
intérieur. Ça n'a pas de sens que les
investisseurs marocains restent cantonnés
au secteur de l'immobilier et autres
domaines de l'économie de rente. Il
faut encourager l'économie productive,
autrement dit l'économie industrielle. Le
code d'investissement marocain, qui date
de 1995, doit être réformé afin de donner à
ceux qui produisent le plus la capacité de
travailler : exonérations d'impôts portant,
entre autres, sur le nombre d'emplois créés,
octroi de primes d'investissements.
Mise à niveau
Soyons plus agressifs
Houssaini Taj Eddine
16. Avec la création de zones de libreéchange
avec l'Union européenne, les
Etats-Unis, la Turquie et certains pays du
Moyen-Orient, nous avons les conditions
idéales pour être agressifs. C'est une très
bonne expérience qu'il nous faut exploiter
pour notre développement économique.
Le revers de la médaille, c'est que le
Maroc va davantage être confronté au
défi de la compétitivité concernant ses
produits industriels. Et, malheureusement,
l'industrie marocaine n'est pas prête à y
faire face.
Maghreb
Diplomatie parallèle
Houssaini Taj Eddine
17. Il faut réouvrir les frontières entre le
Maroc et l'Algérie. L'économie des deux
pays paie très cher la fermeture actuelle,
surtout celle du Maroc. Au niveau du taux
de croissance, on perd au moins un point
par an.
18. La création d'un Grand Maghreb
économiquement fort est nécessaire. Les
étapes sont l'établissement d'une zone
de libre-échange, une union douanière,
puis la création d'un marché commun.
C'est une nécessité pour pouvoir être en
position de force dans notre dialogue et
nos négociations avec nos partenaires
européens, surtout après la proposition du
président français Nicolas Sarkozy de créer
une union méditerranéenne.
Enseignement
Ecoles de proximité
Mohamed Hamadi Bekouchi
19. Fusion des universités en cinq grands
pôles Recherche - Développement -
Innovation.
20. Déconcentration des facultés et des
grandes écoles
21. Mettre l'accent sur le développement
personnel, la formation aux métiers prisés
et émergents et à la culture générale.
22. La direction doit être assurée par
un binôme : un manager chargé de
l'organisation et des P.R. et un scientifique
en charge de l'aspect pédagogique et de la
recherche & développement.
23. Des moyens consistants doivent être
dégagés pour des programmes pluriannuels
de recherche et d'innovation.
Formation
Droit de regard
Karim Tazi
24. Rétablir l'autonomie budgétaire des
établissements de formation professionnelle
de l'OFPPT.
25. Renforcer très substantiellement
l'autonomie budgétaire des universités
en adoptant le principe du contrôle à
posteriori.
26. Etendre les formations
professionnalisantes à la quasi-totalité
des filières universitaires et tendre vers la
suppression pure et simple des filières en
totale inadéquation avec les demandes du
marché du travail.
27. Faire évaluer chaque école et chaque
université par une autorité indépendante
du ministère, tenant compte entre autre,
de l'avis des élèves, de leurs résultats, de
leur évolution à moyen terme. Pour ce qui
est des Universités, l'évaluation devra tenir
compte de la participation effective, la
réussite aux examens, l'employabilité des
étudiants et la recherche académique.
28. Rétablir la cogestion des établissements
de formation professionnelle avec les
professionnels des secteurs concernés
Fiscalité
Réhabiliter l'impôt
Karim Tazi
29. Donner à la Direction Générale des
Impôts les moyens humains et matériels de
lutter contre le secteur informel organisé
et d'élargir l'assiette fiscale en vue d'une
réduction de la pression sur les entreprises
transparentes.
28. Réduire le délai de remboursement de
la TVA aux PME à 10 jours. L'administration
fiscale doit rembourser dans les 10 jours
la TVA aux PME, sauf interrogation
motivée sur un risque de fraude. En cas dedépassement, l'administration fiscale sera
pénalisée selon les mêmes modalités que
celles appliquées aux entreprises du privé.
29. Simplifier la comptabilité des PME.
pour s'orienter vers une comptabilité de
trésorerie pour toutes les PME dont le
chiffre d'affaire annuel ne dépasse pas les
10.000.000 de DH.
Recherche et
développement
Ramener nos cerveaux
Abdelhamid El Jamri
30. Réformer l'université de sorte qu'elle
soit capable de mettre en place de la
recherche.
Cela passe par la mise en place d'un
programme important (et du budget qui va
avec) de R&D, incluant des bourses pour
les jeunes chercheurs, des partenariats au
niveau international…
31. Renforcer des programmes comme
le FINCOME et faire profiter l'économie
marocaine de l'expertise des Marocains de
l'étranger.
Champ religieux
Des mosquées plus
intelligentes
Mohamed Hamadi Bekouchi
32. Création de « mosquées
intelligentes », des espaces de prière,
de savoir et du commerce avec ateliers
d'écriture et de lecture, services de
traduction, mini-bibliothèques,
kiosques, ateliers d'artisanat en rapport
avec la vie de la mosquée (babouches,
djellabas, reliure, écrivain public),
café, restaurant. Par cette stratégie, la
mosquée sera autogérée et l'Etat réduira
ses subventions, lesquelles pourront
être investies dans l'alphabétisation
et la formation des gens aux métiers :
écrivains publics, conteurs…
Santé
Médecins managers
Mohamed Hamadi Bekouchi
33. Les hôpitaux doivent être dirigés par
des managers et non par des médecins.
34. Les cliniques doivent comporter
au minimum 5 médecins spécialisés
permanents ayant plus de cinq ans
d'expérience et trois fois plus d'infirmiers
permanents qu'actuellement, pour se
voir attribuer l'agrément.
Emploi
Plus de plombiers
Mohamed Hamadi Bekouchi
35. Le travail manuel doit être
revalorisé, par exemple à travers des
spots publicitaires soulignant qu'il y a
un déficit chronique dans ce secteur
d'activités qui exige des travailleurs et des
travailleuses qualifiés portant des tenues
professionnelles et travaillant dans des
chantiers modernes en toute sécurité.
Abdelhamid El Jamri
36. Mettre en place des dispositifs
d'adaptation des qualifications
des chômeurs diplômés et
d'accompagnement à l'emploi.
37. Changer la stratégie de l'ANAPEC en la faisant agir prioritairement sur le
demandeur d'emploi pour le rapprocher de
l'emploi
Politique
Retraite anticipée pour les
dinosaures
Mohamed Hamadi Bekouchi
38. L'âge maximum pour un président ou
une présidente de parti politique doit être
fixé à 60 ans.
39. Les membres du bureau politique d'un
parti doivent effectuer trois mandats au
maximum.
40. Dès 2008, les instances dirigeantes des
partis politiques doivent inclure au moins
30% de femmes et 25% de jeunes de moins
de 30 ans.
41. Institution des normes juridiques,
sociologiques et statistiques pour
éliminer les partis insignifiants (- de 5
parlementaires, par exemple).
Tahar Ben Jelloun
42. Il faut que les responsables prennent
des initiatives et ne pas attendre que l'ordre
vienne d'en haut.
Karim Tazi
43. Fixer au moyen d'une loi organique
le nombre de ministres. Une douzaine au
minimum et une vingtaine au maximum.
Un gouvernement pourra ensuite compter
autant de ministres délégués et de
secrétaires d'Etat que souhaité. La même
loi organique pourra fixer le nombre de
directions d'administrations centrales de
chaque ministère.
Accidents de la route
Permis psycho-médical pour
chauffeurs fous
Mohamed Hamadi Bekouchi
44. La circulation doit être interdite de façon
permanente dans les quartiers commerciaux
très fréquentés, durant les heures de grandes
affluences.
45. Des « villes pilotes » doivent être choisies
afin d'être le terrain d'expérimentations
innovantes dans le domaine de la
prévention routière et dans la lutte contre les
drames de la route.
46. Une campagne de prévention « hard »
doit être lancée sur les méfaits de l'alcool au
volant.
47. Les journées de travail quotidiennes des
chauffeurs de taxis, de bus de villes et intervilles,
ainsi que des chauffeurs-routiers ne
doivent pas excéder huit heures, compteurs
de contrôle à l'appui.
48. Les chauffeurs doivent être titulaires
d'un permis psycho-médical et faire l'objet
d'un contrôle annuel.
Culture
Valoriser la jeunesse
Abdelhamid El Jamri
49. Il faut considérer que la culture est
un facteur de développement humain et
lui donner toute sa place dans le budget
de l'Etat, en l'optimisant autour d'un
programme utile et réaliste. Il faudrait
diminuer les activités trop coûteuses et
souvent sans intérêt réel.
50. L'accès à la culture doit faire partie de
notre vie de tous les jours, à commencer
par la valorisation de notre patrimoine et
par le développement et la valorisation
générationnelle, notamment ce que
produisent les jeunes Marocains.
Tahar Ben Jelloun
51. Il faut aborder dans les grands médias
certains sujets tabous comme l'inceste, la
pédophilie, le suicide, les femmes battues,
l'alcoolisme, etc.
52. Avoir de l'imagination, encourager les
enfants à user et abuser de leur imagination,
donner la priorité à la création, à l'art, au
patrimoine et apprendre à nos enfants
que nous devons respecter nos racines
et les protéger éternellement. Faire
vœu d'humilité dans tout ce que nous
entreprenons.
Ressources énergétiques
Partage des eaux
Abdelhamid El Jamri
53. Les nappes ont atteint des niveaux très
bas dans le Sud du Maroc alors qu'au Nord,
des volumes importants d'eau finissent dans
l'Atlantique. Des études doivent être lancées
pour voir la faisabilité de les récupérer au
profit des régions qui en manquent.
54. Développer une stratégie énergétique
qui prend en compte, à la fois, la réalité des
richesses naturelles marocaine et la situation
de ces richesses dans le monde.
55. Développer la sensibilisation et mettre
en place des dispositifs draconiens en vue
d'économiser l'eau, que ce soit au niveau
du consommateur ou des professionnels
des secteurs de l'industrie, du tourisme, de
l'agriculture…
Karim Tazi
56. Mettre en oeuvre un plan national
d'énergie solaire et éolienne.
57. Assurer à l'horizon 2020
l'approvisionnement en eau potable de
toutes les villes côtières par désalinisation
d'eau de mer.
58. Adapter le code de l'urbanisme pour
favoriser le solaire et la construction
bioclimatique.
Précarité
Traquer les poches de pauvreté
Abdelhamid El Jamri
59. Il faudrait une étude d'envergure sur
ce qui produit la pauvreté en vue d'agir
sur les « robinet » (le flux) et, en même
temps, de traiter l'existant (le stock) par des
réformes de fond et des programmes d'aide
à l'insertion sociale et d'amélioration des
conditions de vie des populations les plus
démunies.
60. La lutte contre la pauvreté ne doit pas
être de type caritatif, mais doit agir sur les
liens sociaux et sur la reconsidération de la
personne, en vue de devenir actrice de sa
réinsertion.
61. Les politiques publiques doivent passer
de la prise en charge à la prise en compte
des populations pauvres.
Droits de l'Homme
Place aux droits économiques
Abdelhamid El Jamri
62. Les droits de l'Homme ne se limitent
pas à la relation du citoyen avec l'autorité.
Aujourd'hui, l'Etat et les associations de
défense des droits de l'Homme doivent
s'inquiéter des nouvelles exactions que subit
le citoyen marocain dans ses difficultés à se
loger, dans sa relation avec sa banque, dans
son surendettement, dans la scolarisation
de ses enfants, dans la cherté de la vie…
Tahar Ben Jelloun
63. Le respect des droits de l'Homme
commence à la maison ; donner l'exemple
chez soi pour mieux faire respecter les
droits de la personne dans le travail, dans
l'administration, dans la relation avec
l'autre.
Salaires
Sus aux patrons négriers !
Karim Tazi
64. Briser le tabou du SMIG. Il faut mettre
un terme à l'hypocrisie qui caractérise la
rémunération des travailleurs non qualifiés
au Maroc. Rapprocher le taux officiel du
taux réel permettrait de ramener un plus
grand nombre de salariés dans le formel,
de les faire bénéficier d'un minimum de
protection sociale, d'encourager la création
d'emplois et de décourager le mouvement
de délocalisation.
65. Relever les seuils des tranches
supérieures de l'IR (impôt sur le revenu).
En effet loin d'être un véritable impôt sur le revenu, l'IR n'est en réalité rien d'autre
qu'une taxe supportée par les entreprises
sur les salaires qu'elles versent. Le niveau
élevé de cette taxe a un effet pénalisant
sur le recrutement des cadres moyens et
supérieurs. Un relèvement des seuils de l'IR
aurait enfin l'immense mérite d'augmenter
le pouvoir d'achat des classes moyennes
marocaines.
Houssaini Taj Eddine
66. Le déséquilibre entre les denrées de
base et le niveau des salaires est tel qu'il faut
indexer les salaires sur l'inflation pour ceux
qui ne touchent que le SMIG.
INDH
L'arme du micro-crédit
Houssaini Taj Eddine
67. Le Maroc a beaucoup perdu en raison
de « l'ajustement structurel ». Ceci est en
relation avec l'éducation, la santé et le
niveau social. Je pense que l'INDH peut
jouer un rôle important, même si les
résultats pour le moment, sont maigres.
Tous les pays qui ont réalisé un niveau
de développement et de croissance très
élevé, le doivent non pas à leurs richesses naturelles, mais grâce à leur matière grise :
le Japon, la Corée du Sud…
Abdelhamid El Jamri
68. Il faudrait, en plus de la nécessité
d'une bonne conception d'un projet ou
d'un programme, renforcer les capacités
institutionnelles et opérationnelles des
ressources humaines qui en ont la charge.
Notamment en ce qui concerne l'évaluation
des projets.
Urbanisme
Verrouiller les cahiers de
charge
Karim Tazi
69. Pour mettre un terme au phénomène d'extension incontrôlé des grandes
agglomérations au détriment des terres
cultivables et agricoles, accroître la
hauteur autorisée des immeubles, tout en
s'efforçant de préserver des espaces non
construits, en particulier des espaces verts.
70. Donner aux gouverneurs le pouvoir
de relever d'autorité le coefficient
d'occupation des sols (COS) s'il est
manifestement insuffisant.
71. Encadrer plus strictement le pouvoir
d'appréciation discrétionnaire des
gouverneurs dans la décision d'accorder
le concours de la force publique
pour exécuter les décisions de justice
relatives aux non paiement des loyers,
particulièrement dans le cas de baux
commerciaux.
Gouvernance
Une gestion déverrouillée
Karim Tazi
72. Transférer au Conseil de gouvernement
une partie importante des prérogatives du
Conseil des ministres.
73. Renforcer considérablement le
Secrétariat général du gouvernement
en expertises juridiques nationales et
Internationales, en échange d'une obligation
de célérité dans le traitement des projets de
lois.
74. Simplifier l'organisation
gouvernementale. Les ministres sont trop
nombreux, ce qui crée ainsi les conditions
de conflits contribuant à la paralysie
gouvernementale. En cas de compétences
partagées, désigner un ministre chef de file.
Nouvelles technologies
Le web pour tous
Abdelhamid El Jamri
75. Les cybers sont partout, les promotions
des abonnements Internet et des
ordinateurs suivent la tendance mondiale à
la baisse, mais la qualité de l'utilisation des
NTIC laisse à désirer. Il faudrait généraliser
la connexion à l'école et éduquer pour une
utilisation culturelle et scientifique.
76. Le développement des NTIC est une chance, pour les pays du Sud, d'accéder au
savoir. Malheureusement, leur utilisation
reste très limitée à ce niveau-là, que ce soit
par les étudiants, l'université, le centre de
recherches… Les professeurs universitaires
doivent donc s'ouvrir à ces technologies.
Civisme
Aux balais citoyens !
Abdelhamid El Jamri
77. Elle nécessite des mécanismes, qui
peuvent être incitatifs, aux niveaux fiscalou juridique, et concertés, notamment
le principe d'entreprises citoyennes ou
d'entreprises socialement responsables.
Dans le système de passation des marchés
publics, on pourrait proposer d'intégrer la
notion du mieux-disant social.
Tahar Ben Jelloun
78. Apprendre le civisme, c'est-à-dire
apprendre à vivre ensemble.
79. Apprendre à être ponctuel, à respecter
parole donnée ; changer notre relation avec
le temps et avec l'espace. Il faut être précis.
80. On dit que le Marocain est propre chez
lui et sale dehors. N'insistons pas là-dessus,
mais le respect de l'environnement est loin
d'être une préoccupation du Marocain.
Sahara
Ces sahraouis, nos frères !
Abdelhamid El Jamri
90. Deux sociétés en une. L'une se méfie de
l'autre et ignore sa culture, ses habitudes…
Il est urgent de mettre en place des actions
de cohésion sociale dans les provinces du
Sud. Des programmes culturels, pour mieux
se connaître et mieux s'apprécier, sont plus
que recommandés ainsi que la formation
des cadres de l'Etat en place à l'histoire du
Sahara, à sa culture, à sa langue.
Karim Tazi
91. Faire de la Région l'acteur majeur d'une
politique de décentralisation audacieuse.
Les régions doivent être renforcées
significativement dans leurs compétences
(développement économique, formation
professionnelle, éducation, santé).
Houssaini Taj Eddine
92. Une décentralisation régionale s'impose.
Le système d'autonomie qui va s'appliquer
au Sahara peut avoir un impact dans le sens
de davantage d'autonomie pour les autres
régions du Maroc.
Des villes comme Agadir ou Marrakech ne
devraient pas être obligées, pour chaque
acte administratif, de se tourner vers le
ministère concerné, à Rabat. Il est temps de
donner plus de liberté de mouvement aux
services décentralisés, de leur donner les
moyens de travailler et bien sûr, des moyens
de contrôle a postériori.


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