Lors d'une nouvelle session de son programme hebdomadaire « Les Mardis du PCNS », Imane Lahrich, responsable de programmes et animatrice de la session, a initié un débat sur le sujet de « L'innovation sociale : Quel impact sur la reprise économique au Maroc ? », avec Adnane Addioui, membre fondateur du Centre marocain pour l'Innovation et l'Entrepreneuriat social. L'invité de la session a commencé par définir le concept de l'innovation sociale expliquant qu'il s'agit d'un mode de pensée qui consiste à dresser un inventaire des besoins de la société et des individus, à comprendre la société et les catégories ciblées et à trouver des solutions qui incluent l'approche participative. Pour Adnane Addioui le Maroc est très en retard dans le domaine de l'innovation sociale, étant donné que celle-ci se limite à l'action associative et à des activités à but non lucratif en raison de l'attachement des institutions de l'Etat aux orientations et aux modes de pensée classiques, alors que les pays avancés s'appuient sur l'innovation sociale dans la gestion des affaires des institutions de l'Etat sur une base de rentabilité. Dans le même sens, Adnane Addioui a indiqué que l'innovation sociale, en tant que mode de pensée, s'applique à tous les secteurs et va de pair avec l'approche systémique qui vise à trouver des solutions à des problématiques gouvernementales ou sociétales en intégrant des secteurs qui sont liés entre eux. Sous un autre angle, l'invité de la session a souligné que le défi auquel est confronté ce concept dans la société marocaine réside dans la mentalité et la culture dominantes qui bloquent l'esprit d'initiative et n'encouragent pas les individus à assumer la responsabilité de résoudre les problèmes sans compter uniquement sur l'Etat pour y parvenir. Sans oublier les autres défis administratifs, économiques et sociaux qui entravent la réalisation de projets basés sur la méthodologie de l'innovation sociale qui induit des impacts positifs directs et profonds au sein de la société. S'agissant de la mise en œuvre de ce concept, Adnane Addioui a mis en exergue sa propre méthode qui exige que l'on se rapproche des individus concernés par les problèmes posés en vue de les amener à s'impliquer activement dans le processus de recherche de solutions possibles et dans leur mise en œuvre sur le terrain. C'est ainsi, a-t-il expliqué, que l'on peut aisément sensibiliser autour de l'importance de l'innovation sociale au sein de toutes les couches sociales. Pour lui, le principal problème qui se pose au Maroc est l'incapacité d'accompagner les individus de différentes tranches d'âge dans la réalisation de leurs projets innovants et la création d'entreprises qui s'appuient sur l'innovation sociale, d'autant plus qu'il existe une aspiration pressante au changement et à l'amélioration des conditions sociales. A cet égard, il a rappelé que, ces dernières années, les programmes gouvernementaux ont accordé une grande importance à la création d'entreprises et de projets générateurs de revenu de façon générale, bien que la démarche de l'innovation sociale reste encore éloignée des priorités de ces programmes, surtout en l'absence d'un cadre juridique et d'une stratégie nationale pour stimuler cette approche. En conclusion, Adnane Addioui a formulé des recommandations qui exhortent les individus, en premier lieu, à prendre l'initiative d'inventorier les problèmes locaux et à s'employer à leur trouver des solutions appropriées, en coordination avec les institutions concernées. Deuxièmement, les institutions gouvernementales doivent s'ouvrir davantage à la différence et encadrer les chercheurs et les acteurs dans le domaine de l'innovation sociale. Troisième et dernière recommandation, les établissements d'enseignement sont tenus d'inciter les jeunes à créer des projets qui contribuent de manière directe à la résolution des problèmes de ces institutions et à l'amélioration des conditions sociales et économiques de l'ensemble des couches sociales.