Le printemps arabe a mis en lumière l'entrepreneuriat social en tant que véritable créneau de développement économique à fort impact social. Le Maroc est un terrain fertile à ce genre d'initiatives. La sensibilisation des acteurs économiques et la création de mécanismes gouvernementaux pour soutenir les différents projets sont les conditions de la réussite. «Les bouleversements liés au printemps arabe ne sont que la résultante d'un certain égoïsme social». Cette phrase d'introduction de la princesse Ameera Al Taweel, prononcée à l'occasion d'une conférence pour la promotion de l'entrepreneuriat social (lundi 10 juin), en dit long sur le rôle que joue cette forme d'entrepreneuriat dans la résorption des inégalités sociales. Le contexte socio-économique post révolutions arabes a en effet mis en lumière cette piste de réflexion qui pose l'entrepreneuriat social en véritable créneau de développement économique à fort impact sociétal. «À l'heure actuelle, nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements afin que ces derniers créent des emplois ou encore développent de nouveaux outils économiques à impact direct sur la société», poursuit la princesse Al Taweel. En clair, l'entrepreneuriat social pourrait se poser en alternative viable à une «vision étroite du secteur privé qui ne vise qu'à maximiser les profits, et à celle restreinte des organisations non gouvernementales qui se concentrent strictement sur leurs missions sociales», comme l'explique Tarik Youssef, DG de Silatech. Ce tableau de la situation expose donc l'option de l'entrepreneuriat social qui consiste, selon la définition officielle de l'OCDE, à lancer «toute activité privée d'intérêt général organisée à partir d'une démarche entrepreneuriale et n'ayant pas comme raison principale la maximisation des profits mais la satisfaction de certains objectifs économiques et sociaux, ainsi que la capacité de mettre en place, par la production de biens et de services, des solutions innovantes aux problèmes d'exclusion et de chômage». Cette approche théorique laisse de prime abord transparaître une vision utopique d'un monde idéalisé. C'est par ailleurs une idée soulignée par différents jeunes de divers pays du monde arabe venus témoigner de leur expérience dans l'entrepreneuriat social, laquelle témoigne de la prépondérance de cet a priori dans le monde arabe. Approche globale Le Maroc semble être un terrain fertile à ce genre d'initiatives. Adnane Addioui, président du Centre marocain de l'innovation et de l'entrepreneuriat social explique d'ailleurs que «tout pays présentant des défis sociaux offre un potentiel de développement pour l'entrepreneuriat social, à condition de sensibiliser les acteurs économiques que sont les chefs d'entreprise et les jeunes qui souvent n'ont aucune idée de ce que signifie l'entrepreneuriat social, tout en encourageant la création de mécanismes gouvernementaux à même de soutenir les différents projets». En réalité, le véritable soutien ne saurait être attendu des organes gouvernementaux dans la mesure où l'essence même de l'entrepreneuriat social repose sur le concept de «self-entrepreneurship». La création d'une entreprise sociale doit en effet émaner de la volonté d'un ou plusieurs individus qui déploient des efforts et mobilisent leurs propres moyens financiers afin de prouver leur capacité à développer une entreprise sociale créatrice d'emplois. Dans ce contexte, certaines organisations non gouvernementales tentent de prêter main-forte aux jeunes dans différents pays du monde arabe, et notamment au Maroc afin de leur fournir les outils nécessaires au développement de leurs projets innovants à fort impact social. Le leitmotiv est donc de «faire sans le gouvernement, de ne pas compter sur le secteur privé pour obtenir un emploi et de créer une activité à forte valeur ajoutée à même de créer une dynamique socio-économique».