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Créer de la valeur en donnant de soi
Publié dans Les ECO le 26 - 01 - 2010

L'entrepreneuriat social? Si le concept demeure encore un point d'interrogation pour certains, d'autres, par contre, en ont fait un véritable cheval de bataille qu'ils cherchent à promouvoir dans la société marocaine. Loin d'être une simple étiquette qu'un porteur de projet puisse apposer à son initiative, l'entrepreneuriat social se veut davantage un terrain sur lequel nécessités sociales et impératifs économiques sont conciliés, voire mixés pour proposer une nouvelle approche manageriale.
Quelle innovation pour quelle société?
Conscients de cette problématique de définition et aussi de mise en oeuvre, plusieurs organismes associatifs ont, à ce titre, organisé une conférence, vendredi dernier, pour se pencher sur l'innovation sociale en tant que «pas vers l'entrepreneuriat social». L'Initiative de partenariat au Moyen-Orient (MEPI), créée par le gouvernement américain en 2002), le British Council, et huit autres associations et fondations, cloturaient, ainsi, un projet qui a duré plusieurs semaines. Projet qui «vise à sensibiliser les jeunes à la résolution d'un problème social, qui est en rapport soit avec l'orientation scolaire, l'analphabétisme ou la santé, en proposant des projets inédits, décalés mais efficaces, afin de le résoudre», comme l'expliquait Adnane Addioui, chef de projet au British Council.
Divisés en cinq groupes, 25 jeunes ont ainsi eu l'occasion de présenter leurs idées innovantes pour la résolution de problèmes sociaux.
Créer un parlement dans les écoles (Groupe Alach lla ?), débuter l'orientation scolaire dès le primaire (Bikoum we become), aménager un espace sportif pour les jeunes du quartier Hay Mohammadi (Espace Chmicha), organiser la semaine de l'artisanat marocain (Basmaroc) et, enfin, former des ambassadeurs du savoir au sein des campagnes (Grains d'espoir). Autant de propositions formulées par les jeunes innovateurs sociaux. Au final, l'orientation scolaire a eu «gain de cause» en remportant la palme de l'innovation. Au-delà de la compétition, la rencontre a aussi été l'occasion de revenir sur ce concept , toujours un peu ambigu, «d'entrepreneuriat social ». Comment un aspect purement économique qu'est l'entrepreneuriat peut-il s'introduire dans la sphère sociale ?
Un entrepreneur pas comme les autres
En effet, si dans l'un, la recherche du profit prime, le second est poussé par un élan de générosité et d'humanisme. «Il ne faut pas confondre entrepreneuriat et entrepreneuriat social». Le ton est, d'emblée, donné par Mohamed Makkaoui, président du JCI (Jeune chambre internationale). Celui-ci indique que «l'entrepreneuriat désigne une entreprise essaye de saisir une opportunité, de créer un marché pour pouvoir vendre des biens et des services. L'entrepreneuriat social, lui, tente un mariage entre économique et social. Un entrepreneur social est un visionnaire, qui va se lancer dans une aventure de création d'entreprises pour répondre aux besoins de la société».
Makkaoui tient, d'ailleurs, à préciser que l'entrepreneuriat social n'est pas une fin en soi. Au contraire, «tout débute par l'innovation sociale, sur des idées qui vont peu à peu prendre la forme d'une organisation sociale».
D'autres ont déjà réussi
L'exemple d'entrepreneur social qui revient le plus souvent est celui de Aïcha Ech Chenna. La présidente de Solidarité féminine est, en effet, partie d'une idée, d'une volonté, celle d'aider les mères célibataires reniées à l'époque à la fois par l'Etat et l'opinion publique. Ech Chenna s'est ensuite lancée dans un projet de restauration de grande envergure qui permet aujourd'hui à ces mères célibataires d'exercer une activité génératrice de revenus. Seulement, si l'initiative est louable, elle n'aurait pu se concrétiser sans un financement qui lui a permis de voir le jour. «Il y aura toujours assez de volontés pour agir, mais jamais assez de moyens financiers pour le faire», relève Makkaoui.
Vous avez dit financement?
Les entrepreneurs sociaux peuvent décider de dépendre de fonds externes, ou d'opter pour l'autofinancement. Cette dernière option s'impose de plus en plus, d'autant plus qu'un grand nombre d'entrepreneur sociaux font le choix de ne pas être dépendants. Le projet de restauration mis en place par Ech Chenna illustre bien cette seconde option. «Il était impossible de financer, ni même de parler de mère célibataire. L'argent n'étant pas disponible, il fallait chercher une idée qui permette à ces mères exclues et marginalisées de survivre», explique Ech Chenna. Et d'ajouter que «c'est ainsi qu'on s'est lancé dans des activités génératrices de revenus. Ceci n'aurait pas pu se faire sans l'aide initiale de nombreux particuliers qui ont cru au projet». Auto-financement, oui, mais un coup de pouce financier est donc toujours le bienvenu au moment du lancement de tout projet social.
Des entreprises «responsables»
De plus en plus d'entreprises se lancent dans le financement de projets sociaux, en leur consacrant une part (souvent infime) de leurs bénéfices. En effet, cette alliance semble être possible, car les premiers possèdent les compétences techniques et le financement, tandis que les seconds sont poussés par leur dynamisme et leur don de soi. C'est ainsi que l'on a vu des entreprises créer, parallèlement à leur activité principale, des fondations (CDG, BMCE,...) pour se donner une image «sociale» et civique, aussi, parallèlement à leurs activités lucratives. Wafaa Chafii, secrétaire générale de la Fondation BMCE, soutient cette thèse. «Travailler dans le privé et être socialement responsable, c'est possible. Seulement, il ne faut pas créer pour créer, il faut avoir une vision à long terme». Evoquant les projets de création d'écoles réalisées par la Fondation dans laquelle elle travaille depuis dix ans, Chafii affirme que si l'innovation sociale naît d'un besoin, elle ne peut aboutir en entrepreneuriat social sans l'aide des principaux concernés. «Sans les communautés villageoises, on n'aurait pas pu aboutir à ces résultats. Fédérer, c'est la clé de l'innovation sociale. Créer des activités génératrices de revenus, mais en écoutant au préalable les besoins des principaux concernés». Le message est passé: la société d'abord !
Joshua Muskin, Vice-président d'Academy for Educational Development
«Ce qui pose problème, c'est la fragmentation des efforts. Ce que l'on fait dans un milieu, on le fait dans un autre milieu. La société civile, le gouvernement et les organismes internationaux doivent se concerter avant d'agir. Le réseautage et la synergie sont importants pour ne pas susciter la frustration et les conflits. Être entrepreneur social est un vrai don. Ça donne la possibilité d'entamer, d'entreprendre une action dans la volonté de faire du bien. Ce n'est pas une obligation, pas une besogne, mais au final, il n'y a pas de fruit plus juteux que le sourire et le merci de quelqu'un qui a la chance d'une meilleure vie grâce à vous».
Aïcha Ech Chenna, Présidente de Solidarité féminine
«Au départ, c'était un petit projet de restauration qui consistait à vendre des repas chauds. On a commencé avec l'équivalent de 2.000 dollars. Aujourd'hui, notamment avec le prix Opus, on a atteint les 3 millions de dollars. On espère ainsi construire un hôtel-école, où le projet de formation professionnelle pour la réhabilitation des mères célibataires prendra de l'ampleur. Aujourd'hui, nous formons et sommes même créateurs d'emplois. Les cinquante mamans qui travaillent dans l'association gagnent à peu près le SMIG, sont assurées et ont la sécurité sociale, tout en sachant que le prix de revient d'une mère célibataire est de 4.000 DH par mois».
Mohamed Makkaoui, Président de la Jeune chambre internationale (JCI)
«Pour qu'il ait plus de chance de réussir, il faudrait que le projet soit suffisamment attrayant aux yeux des parties prenantes (opinion publique, médias, investisseurs,...). Lorsqu'on s'engage dans le social, on développe à la fois sa fibre sociale et sa fibre éthique, ce qui va peut être devenir le moteur de notre investissement, de notre leadership et encourager les autres à s'engager sur le même chemin».
L'Etat au service des petits entrepreneurs
Microcrédits et microfinance constituent des éléments clés de l'entrepreneuriat social. Accorder des fonds à de petits projets qui n'auraient auparavant reçu aucune aide constitue une innovation. Et c'est là que les similarités entre entrepreneuriat pur et dur et entrepreneuriat social prennent tout leur sens. Le directeur du Management System International (MSI), Lahcen Haddad vient le confirmer. «On a distribué un questionnaire à travers une centaine de pays, pour connaître les comportements que doit avoir un entrepreneur. Dix comportements sortent du lot : la définition des objectifs, la prise de risque, la recherche d'information, celle des opportunités, la persistance, le respect des engagements, la demande de qualité et d'efficacité, la planification et le suivi, la persuasion, et la confiance en soi. Vous allez trouver les mêmes comportements chez les entrepreneurs sociaux». En somme, entrepreneurs économiques et entrepreneurs sociaux sont poussés par le même élan, mais visent des objectifs différents. L'Etat, dont l'inertie a été de plus en plus critiquée, commence à appuyer ces types de projets. «Le programme de relance MOUKAWALATI, qui s'adresse aux jeunes porteurs de projets sans diplôme, a vu la création de 2.300 PME, dont 1.012 en 2009», soutient Jamal Rhmani, ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle. Nizar Baraka, ministre délégué auprès du ministre chargé des Affaires économiques et générales, rappelle quant à lui la création en décembre dernier du Comité national d'amélioration du climat des affaires. «L'objectif est d'arriver, dans le cadre d'un partenariat public-privé, à coordonner toutes les actions visant à améliorer l'environnement des affaires. La simplification des procédures administratives, la modernisation du droit des affaires ainsi que l'amélioration de la résolution des litiges commerciaux, constituent le socle des actions du comité». Il explicite dans ce sens : «Les actions d'accompagnement des PME, avec IMTIAZ et MOUSANADA au niveau de l'ANPME, se multiplient». Quant au volet relatif à la Très petite entreprise (TPE), Baraka nous apprend qu'il est actuellement discuté avec le département de Rhmani.


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