Après avoir rappelé les dessous de la résilience de l'économie marocaine face à la crise sanitaire, les analystes de BMCE Capital Research se sont penchés sur les scénarios de croissance pour 2021. Le Maroc capitalisant sur sa capacité à résister à la crise pandémique cherche à se donner les moyens d'une double stratégie visant à financer la relance nécessaire par une Loi de Finances 2021 volontariste et de poursuivre la restructuration du profil de l'économie marocaine pour lui permettre de tirer profit des nouvelles opportunités en phase poste Covid. A ce titre, les analystes de BMCE Capital Research notent que la Loi de Finances 2021 est construite autour de trois priorités principales : (i) la généralisation de la couverture sociale, (ii) la relance économique et (iii) la réforme du secteur public. Le volet social du Budget de cette année est porté principalement par le chantier relatif au lancement de la généralisation de la couverture médicale à partir de 2021 pour profiter à près de 22 millions de personnes avec un budget de 4,9 Mds de DH. « Tel que dicté par les impératifs du contexte actuel, le renforcement des dispositions sociales pourrait, dans une certaine mesure, appuyer la relance de l'économie nationale », annoncent-ils. Le souci de préservation du pouvoir d'achat est également fortement présent comme le reflète : Le renforcement du niveau des subventions à 12,5 Mds de DH (en hausse de +11,6% par rapport à 2020), sous l'hypothèse d'un prix moyen du gaz butane de USD 350/T en 2021 ; x Et, l'augmentation de la masse salariale à 140,3 Mds de DH (vs. 135,9 Mds en 2020) avec la création prévue d'environ 20 206 nouveaux postes budgétaires. Manifestement, l'un des objectifs visés par les autorités est celui de donner un coup de pouce à l'emploi et d'ouvrir la voie aux jeunes porteurs de projets afin de renforcer l'entrepreneuriat national et local. C'est probablement dans ce sens que l'exonération totale de l'IR pendant 3 ans a été instituée en faveur des jeunes recrues de moins de 35 ans concomitamment à la fixation d'un budget de 1 Md de DH pour la redynamisation du programme INTELAKA en 2021. Le plan de relance, le plus ambitieux de l'histoire économique du Maroc, a été, quant à lui, annoncé pour environ 120 Mds de DH, comprenant 75 Mds de DH sous forme de crédits garantis par l'Etat et 45 Mds de DH dans le cadre du nouveau Fonds Mohammed VI Pour l'Investissement. Le plan vise à contrecarrer le choc économique provoqué par la crise sanitaire et à opérer un saut important dans les secteurs structurants et stratégiques. L'engagement demandé en matière d'investissements au secteur public n'est pas moindre puisque ce sont 230 Mds de DH (soit une progression de +26%) qui sont budgétisés. Les mécanismes à actionner La concrétisation de ces objectifs pose des défis multiples, notamment celui de l'équilibre budgétaire. C'est vraisemblablement à cette fin qu'il a été décidé de poursuivre le programme des financements innovants pour près de 14 Mds de DH et celui de la cession des actions de l'Etat pour environ 10 Mds, dont 4 Mds de DH sous forme de privatisations. Les financements additionnels attendus comprennent aussi le renouvellement de la contribution de solidarité sociale qui vise à faire participer les entreprises et les ménages dans l'effort de la solidarité nationale. Cette mesure devrait générer près de 5 Millions de DH en élargissant son assiette fiscale avec l'application d'un taux de : x 1,5% aux entreprises réalisant un bénéfice net compris entre 1 MDH et 5 MDH ; x 2,5% aux sociétés dont le bénéfice net est compris entre 5 MDH et 40 MDH ; x 3,5% aux entreprises dont le résultat bénéficiaire est supérieur à 40 MDH ; x Et, 1,5% aux personnes physiques dont le revenu annuel net est supérieur à 240 000 DH. Le lancement d'un emprunt national à destination des particuliers (avec une défiscalisation des intérêts) s'inscrit également dans la panoplie d'outils mis à disposition du Trésor pour mobiliser l'épargne publique autour des nouveaux défis économiques et sociaux induits par les effets de la crise pandémique. 32021 se veut, bel et bien, une année de reprise et table sur un rebond de l'économie nationale estimé à +4,8% (vs. -6,6% en 2020), compte tenu d'une progression de la valeur ajoutée des activités agricoles de +11% sous l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne avec une production céréalière de 75 Millions de quintaux et de celles non agricoles de +3,8%. Les autres hypothèses à la base de cette estimation sont : x Une reprise de la consommation finale intérieure de +3,6% ; x Un déficit budgétaire de 6,5% du PIB (vs. 7,5% en 2020) ; x Un cours moyen du gaz butane de USD 350/tonne ; x Un cours moyen du Brent de pétrole d'USD 50 ; x Et, une inflation maîtrisée aux alentours de 1% », annoncent les analystes. Partant de ce même postulat, le scénario central de BMCE Capital Research escompte le retour à une croissance économique de 4,3%, pouvant s'accélérer au gré du rythme d'éradication de la COVID-19 et du niveau de la récolte céréalière à réaliser en 2021 en cas d'un excellent bilan pluviométrique. Lire également : BANQUES ET ASSURANCES : QUELLES PREDICTIONS POUR L'EXERCICE 2021 ?