L'effet de la crise sanitaire liée à la Covid-19 se fait de plus en plus sentir sur les finances publiques. La lecture des chiffres des trois derniers mois dégage un déficit budgétaire qui ne fait que s'accentuer passant de 28,8 Mds de DH à fin juin à 43,5 Mds de DH à fin août 2020 (vs 41,3 Mds à fin juillet). La situation des finances publiques publiée par la Trésorerie générale du Royaume à fin août 2020 fait ressortir une baisse des recettes ordinaires de 0,1% contre une hausse des dépenses ordinaires de 2,3%. Elle dégage ainsi un solde ordinaire négatif de 2,5 Mds de DH. L'analyse des recettes montre que la baisse de 0,1% s'attribue à la baisse de 3,8% des impôts directs, de 5,3% des droits de douane, de 9,3% des impôts indirects, de 21,3% des droits d'enregistrement et de timbre, conjuguée à l'augmentation des recettes non fiscale de 56,1%. En matière de recettes fiscales, elles ont connu pratiquement la même cadence baissière que le mois de juillet soit un taux de 7,7% s'établissant à 130,5 Mds de DH à fin août 2020 contre 141,4 Mds de DH un an auparavant. Cette baisse s'explique aussi bien de la diminution aussi bien des recettes douanières (12,5%) que celle de la fiscalité domestique (5,8%). Pour ce qui est de la fiscalité domestique, les recettes nettes afférentes à l'IS ont baissé de 0,6% à 28.017 MDH à fin août 2020 contre 28.177 MDH un an auparavant. Les recettes nettes de l'IR à fin août ont enregistré une baisse de 6,4% (27.697 MDH vs 29.604 MDH). Les recettes nettes générées par la TVA à l'intérieur à fin août 2020 se sont établies à 14.086 MDH contre 13.720 MDH à fin août 2019, en hausse de 2,7% ou +366 MDH, compte tenu des remboursements supportés par le budget général qui ont été de 4.261 MDH à fin août 2020 contre 5.179 MDH un an auparavant, étant précisé qu'à fin décembre 2019, les arriérés de remboursement de TVA ont été de 41,2 Mds de DH. Les recettes non fiscales se sont établies à 30 Mds de DH contre 19,2 Mds de DH un an auparavant, en hausse de 56,1% ou +10,8 Mds de DH, en raison notamment de l'augmentation des versements des CST au profit du budget général (16,5 MMDH contre 2,9 MMDH) et des fonds de concours (4.159 MDH contre 570 MDH), conjuguée à la diminution des recettes de monopoles (6.041 MDH contre 6.677 MDH), des recettes de privatisation, des recettes en atténuation des dépenses de la dette (1.215 MDH contre 1.799 MDH) et de la redevance gazoduc (273 MDH contre 699 MDH). A fin août 2020, le taux de couverture des dépenses ordinaires par les recettes ordinaires a été de 98,4% contre 100,8% un an auparavant. Ainsi, à fin août 2020, 55,4% de ces recettes ont été consacrées aux dépenses de personnel, 25,6% aux dépenses de matériel, 14,2% aux intérêts de la dette et 3,4% aux émissions de la compensation. Ainsi, une partie des dépenses émises au titre du budget général de l'Etat a été financée principalement par le recours à l'emprunt. En matière de dépenses, on relève un taux d'engagement global des dépenses de 60% et un taux d'émission sur engagements de 86% contre respectivement 61% et 83% un an auparavant. Dans le détail on note : des dépenses ordinaires émises en hausse de 2,3%, en raison de l'augmentation de 7,9% des dépenses de biens et services, due à la hausse de 7,2% des dépenses de personnel et de 9,5% des autres dépenses de biens et services, conjuguée à la baisse de 1,1% des charges en intérêts de la dette, de 47,5% des émissions de la compensation et de 13,8% des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux ; Le montant global des remboursements de TVA à l'intérieur et à l'importation (y compris la part supportée par les collectivités territoriales) est de 6.103 MDH contre 7.412 MDH à fin août 2019 ; Des dépenses d'investissement émises en hausse de 9,8%, passant de 40,6 Mds de DH à fin août 2019 à 44,6 Mds de DH à fin août 2020, en raison de la hausse de 36,5% des dépenses des charges communes et de la baisse de 8,9% des dépenses des ministères. La situation des charges et ressources du Trésor dégage un déficit budgétaire de 43,5 Mds de DH à fin août 2020 contre un déficit budgétaire de 33,8 Mds de DH un an auparavant. Le besoin de financement s'est creusé à 48 Mds de DH contre un besoin de financement de 40,4 Mds DH à fin août 2019 et d'un flux net positif de 14,6 Mds de DH du financement extérieur contre un flux net positif de 4,7 Mds DH un an auparavant, le Trésor a eu recours au financement intérieur pour un montant de 33,5 Mds de DH contre 35,7 Mds de DH à fin août 2019. Face à une détérioration des recettes et une montée en flèche des dépenses, le déficit budgétaire continuera à se dégrader. Au mois de septembre, les recettes fiscales se creuseraient davantage si un nombre important d'entreprises manifestent leur intérêt pour bénéficier de la dispense du 3ème compte de l'IS. Le recours à l'endettement est de plus en plus inévitable pour que l'Etat puisse faire face à ses engagements. 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