Pour remédier à la situation des NEET, l'intermédiation est importante car elle permet une allocation optimale des ressources et des transitions fluides des facteurs de production. Ce Papier se donne pour but d'apporter des éclairages sur le chômage des jeunes en milieu rural en faisant recours aux résultats d'une enquête menée dans la province de Taounate. Les différentes analyses développées dans ce papier témoignent selon les auteurs Karim El Aynaoui et Aomar Ibourk du PCNS, du faible niveau de qualification et de participation des jeunes et des femmes à la vie active en milieu rural ainsi que de la vulnérabilité au travail et de la faible qualité des emplois occupés par ces jeunes ruraux, particulièrement les femmes. Ces analyses saluent par ailleurs les efforts importants qui ont été consentis au Maroc durant les dernières années pour adapter les programmes actifs d'emploi en vigueur aux conditions des jeunes ruraux via des initiatives d'expérimentation des politiques territorialisées de l'emploi. Il ressort par ailleurs nécessaire voire déterminant de mettre en place des interventions ciblées pour aider les jeunes ruraux, notamment les Neets ayant accumulé des déficits en termes d'éducation et de formation et de soft-skills, afin d'améliorer leur employabilité et de faciliter leur transition vers la vie active. L'indicateur Neet se réfère aux jeunes qui sont sans emploi et hors des systèmes éducatifs et de formation professionnelle. Il s'agit d'un indicateur pertinent qui fournit un éclairage sur l'exclusion des jeunes en se focalisant sur ceux en situation de chômage ou d'inactivité (hors élèves ou étudiants) qui éprouvent plus de difficultés à transiter vers le marché de l'emploi. Dans le contexte actuel de transition démographique avancée et de forte demande sociale pour des stratégies de développement plus inclusives, l'emploi et l'inclusion des jeunes dans la vie économique et sociale demeure un objectif central pour l'action publique. Selon les auteurs, la situation des jeunes sur le marché du travail est caractérisée par au moins deux faits stylisés, à savoir : l'exclusion de l'activité économique et la précarité des conditions d'exercice dans cette dernière. L'exclusion de l'activité renvoie à la faiblesse des taux d'activité et à la forte prévalence du chômage, particulièrement chez les jeunes diplômés, alors que la précarité est traduite par l'importance de certains statuts, tels que l'emploi vulnérable, l'informel ou/et l'occupation à des salaires très bas (ex : en 2016, 27% était le taux des bas salaires dans l'emploi féminin). Un autre défi du marché du travail au Maroc est la difficulté d'insertion professionnelle des jeunes en milieu rural. Ce défi est d'autant plus important que le marché du travail est marqué par une forte sélectivité pour l'accès à l'emploi pour les diplômés chômeurs et plus particulièrement pour ceux en situation de primo-insertion, une inadéquation quantitative et qualitative entre les besoins de l'économie en compétences et les profils des jeunes chercheurs d'emploi, la difficulté d'accès à l'information, etc. Par ailleurs, les diagnostics réalisés jusqu'à présent révèlent qu'en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics dans ce sens, des faiblesses importantes subsistent encore et de nouveaux efforts devront être consentis pour faciliter la transition des jeunes ruraux vers le marché du travail. Ces diagnostics ont ainsi mis en évidence la nécessité de : * renforcer le rôle de l'intermédiation en milieu rural ; * mettre en place des mesures spécifiques et adaptées aux conditions des jeunes en milieu rural et de mieux cibler les catégories des chômeurs ruraux moins touchés par les programmes en vigueur et les jeunes exclus de l'école et du marché du travail ; * renforcer le système d'information en réalisant des investigations ad hoc et en améliorant l'actuelle enquête sur l'emploi en vue de l'adapter à la particularité des jeunes en milieu rural. Une analyse approfondie des caractéristiques des jeunes chômeurs ruraux et ceux exclus de l'école et du marché du travail (Neet) ainsi que de l'importance du rôle que peuvent jouer les services d'intermédiation en milieu rural est de grande utilité pour les pouvoirs publics et les acteurs du marché du travail afin d'apporter des solutions appropriées pour faciliter l'inclusion économique et sociale des jeunes en milieu rural à travers l'amélioration de leur employabilité et leur insertion dans le marché du travail. Comment transformer une pression démographique en une ressource humaine ? Le développement de l'intermédiation en milieu rural peut constituer un levier pour combler les déficits en matière de compétence et de travail décent à même de rendre les zones rurales de véritables locomotives de croissance, d'insertion sociale et de développement. En effet, l'intermédiation est un maillon important et un complément des autres politiques de développement rural à l'image des politiques macroéconomiques et fiscales, de renforcement de la gouvernance, de la réglementation du travail, des programmes de promotion de la productivité et de l'innovation, etc. L'intermédiation est importante selon les auteurs, car elle permet une allocation optimale des ressources et des transitions fluides des facteurs de production. Dans le contexte du marché du travail rural, elle permet -entre autres- la mise en place de certaines conditions de modernisation de l'agriculture (ex : formation des agriculteurs), mais également la réallocation des travailleurs vers d'autres industries et localités. Elle est un complément, car elle ne peut à elle seule assurer le bon fonctionnement des marchés, mais devrait nécessairement s'intégrer dans des schémas de développement économique et social. Plus particulièrement, et dans un contexte de surplus de l'offre de travail en milieu rural, l'intermédiation est appelée à faciliter le transfert de la main-d'œuvre, faciliter l'approvisionnement de nouvelles entreprises -s'installant en zones rurales à surplus- en main- d'œuvre suffisante et adéquate, et aider les originaires des zones en question à y retourner et à y créer leur propre entreprise. L'intermédiation a donc un rôle important à jouer dans la facilitation du transfert de la main-d'œuvre rurale des localités excédentaires à celles déficitaires, transformant ainsi une pression démographique en une ressource humaine. Elle est concernée par l'allègement des obstacles à la création, l'installation et la prospérité des nouvelles entreprises, grâce à des mesures telles que la formation et le recrutement organisé. En ce qui concerne les entrepreneurs locaux (porteurs de projets ou en post-création), l'intermédiation pourrait combler le manque d'expérience nécessaire en matière de procédure et de gestion, mais aussi de fonds et d'agrégation d'affaires à petite échelle ; grâce à des mesures comme les formations à la création d'entreprise, les petits prêts garantis, le conseil, etc. Dans un contexte de manque en main-d'œuvre, l'intermédiation aiderait à résoudre ce problème de pénurie, notamment dans des branches particulières. En effet, les activités d'information et d'attraction sont des facteurs clés de la réduction de la pénurie en main-d'œuvre dans certaines zones rurales et branches. En termes qualitatifs, le développement et la modernisation de certaines entreprises et productions rurales pourraient nécessiter une main-d'œuvre formée et qualifiée. Le rôle de l'intermédiation dans ce contexte est de créer des liens de coopération avec les zones à surplus, de proposer des services de qualification et d'upskilling de la main-d'œuvre ainsi que des formations personnalisées, notamment au profit de certains branches et profils. Par ailleurs, certaines zones rurales peuvent exprimer des besoins spécifiques en matière d'intermédiation, à l'image des services d'emploi d'urgence (ex : récoltes exceptionnelles).