Nécessité d'interventions ciblées pour améliorer leur employabilité Le Maroc fait face à un défi majeur qui est l'insertion professionnelle des jeunes en milieu rural. Une récente étude du think tank marocain Policy Center for the New South intitulée «Jeunes Neet et intermédiation sur le marché du travail en milieu rural» a apporté des éclairages sur le chômage des jeunes en milieu rural. Les diagnostics réalisés jusqu'à présent ont révélé qu'en dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics, des faiblesses importantes persistent et de nouveaux efforts devront être consentis pour faciliter la transition des jeunes ruraux vers le marché du travail. Selon les auteurs de l'étude, les diagnostics réalisés ont mis en évidence la nécessité de renforcer le rôle de l'intermédiation en milieu rural ; mettre en place des mesures spécifiques et adaptées aux conditions des jeunes en milieu rural et de mieux cibler les catégories des chômeurs ruraux moins touchés par les programmes en vigueur et les jeunes exclus de l'école et du marché du travail. Il est aussi nécessaire de renforcer le système d'information en réalisant des investigations ad hoc et d'améliorer l'actuelle enquête sur l'emploi en vue de l'adapter à la particularité des jeunes en milieu rural. L'analyse des données rétrospectives sur le marché du travail, issues de l'enquête nationale sur l'emploi, montre que sur un total de 6,9 millions de jeunes âgés de 15-24 ans au niveau national en 2020, près de 2,4 millions résidaient en milieu rural, soit 40,2%. Le taux d'activité en milieu rural était de 50% en 2020. Cela dit, il est seulement de 23,7% chez les femmes rurales et de 28,5% chez les jeunes ruraux âgés de 15-24 ans. Autre constat : les jeunes ruraux sont généralement peu scolarisés. Ainsi, l'accès des actifs ruraux aux diplômes demeure un défi majeur à relever par les pouvoirs publics. En 2020, près des trois quarts (73,3%) des actifs ruraux ont déclaré qu'ils n'avaient aucun diplôme. Seulement 23,1% ont un diplôme de niveau moyen et 3,5% un niveau de diplôme supérieur. L'étude montre que le chômage des jeunes est masqué par le sous-emploi en milieu rural. En effet, si le taux de chômage des jeunes ruraux est relativement faible en zones rurales (environ 16,3% contre 45,3% chez les jeunes citadins en 2020), le taux de sous-emploi est en revanche plus élevé en milieu rural. Le sous-emploi touche 11,6% des travailleurs ruraux contre 10,1% en zones urbaines. Ainsi, «le taux relativement élevé du sous-emploi et le faible niveau de qualification et de participation des jeunes et des femmes à la vie active en milieu rural constituent des défis majeurs à relever pour leur inclusion et la valorisation de la force potentielle de travail qu'ils constituent», notent les auteurs de l'étude. Caractéristiques des Neet en milieu rural S'agissant des jeunes en situation de Neet en milieu rural, les auteurs ont eu recours aux résultats d'une enquête menée dans la province de Taounate par la FAO pour appréhender leur situation. Selon les résultats de l'enquête, plus de 61% des jeunes ruraux sont sans emploi et hors des systèmes éducatifs ou de formation professionnelle (Neet). Ce taux est relativement plus élevé chez les jeunes femmes rurales (71%) que chez les jeunes hommes ruraux (57,8%) et chez les jeunes sans diplôme (67,2%) que chez les jeunes diplômés (47,9%). Les résultats de l'enquête ont aussi confirmé le faible niveau de qualification des jeunes Neet en milieu rural, puisque près des deux tiers (64%) ont tout au plus le niveau d'instruction collégial. Cette proportion est de 63% chez les jeunes hommes ruraux et 67% chez les jeunes femmes rurales. Les diplômés représentent près d'un quart des jeunes Neet en milieu rural (24,6%). Pour faire face à cette situation, l'étude publiée par Policy Center insiste sur la nécessité de mettre en place des interventions ciblées pour aider les jeunes ruraux, notamment les Neet, ayant accumulé des déficits en termes d'éducation et de formation et de soft skills, afin d'améliorer leur employabilité et de faciliter leur transition vers la vie active. Cela doit se faire en tenant compte des spécificités des zones rurales, les besoins en compétences au niveau local et le profilage de la population des jeunes chômeurs ruraux. La réussite de ce processus d'adaptation des mesures aux conditions des jeunes ruraux est tributaire de l'adhésion et de l'implication des acteurs locaux, des organismes publics et privés et de la société civile. Les auteurs estiment également qu'une analyse approfondie des facteurs de risque de devenir Neet sera d'une grande utilité pour les pouvoirs publics. Elle permettra ainsi d'apporter des solutions appropriées afin de faciliter l'inclusion économique et sociale des jeunes en milieu rural.