Pour donner un coup de fouet au secteur de l'emploi, il s'avère nécessaire de développer des qualifications en adéquation avec les besoins de l'entreprise et promouvoir l'auto-emploi. La promotion de l'emploi ne passe pas uniquement par des stratégies nationales, mais aussi par des programmes locaux et régionaux impliquant les acteurs territoriaux. La dimension territoriale est, en effet, une composante incontournable dans la réflexion autour de la lutte contre le chômage. L'objectif est d'élaborer un système régional intégré de promotion de l'emploi, aussi bien l'emploi rémunéré que l'auto-emploi, d'améliorer l'employabilité à travers la formation qualificative et de soutenir la mobilité des chercheurs d'emploi dans la région pour profiter de l'intermédiation et l'insertion. C'est dans ce cadre que s'inscrit le partenariat entre le Conseil de la région et l'ANAPEC qui ont signé, en juin dernier, un mémorandum d'entente à l'occasion de la tenue des Assises régionales de l'emploi. Trois priorités ont été passées au crible lors de cette rencontre : le développement des qualifications en adéquation avec les besoins des entreprises, le développement de la capacité à entreprendre des jeunes et la facilitation de leur accès aux moyens de production, le renforcement du système de connaissance du marché de l'emploi. Toutes les parties sont appelées à redoubler d'efforts pour lutter contre le chômage et répondre aux besoins exprimés par les sociétés (23.000, dont 68% concernent les nouvelles technologies, l'offshoring, et les services). Un observatoire pour l'emploi et la formation devra être mis en place dès 2018 pour la production d'indicateurs et d'analyses en vue de soutenir la politique régionale et donner de la visibilité aux entreprises sur l'offre et demande, l'élasticité de l'emploi par rapport à la croissance économique, la productivité, le coût du travail, le parcours des diplômés... La vision régionale est aujourd'hui claire en matière d'emploi. Le diagnostic détaillé du dossier de l'emploi est déjà établi dans le cadre de l'étude relative à l'élaboration du Programme de développement régional de la Région Rabat-Salé-Kenitra. Il en ressort que jusque-là, l'emploi régional est dominé par les secteurs tertiaire et primaire. Près d'un actif sur deux est employé dans les services (48,9%), contre 40,1% à l'échelle nationale. Le secteur agricole pèse 32,1% dans l'emploi régional, contre 39,4% au niveau national. Quant à l'industrie, elle est peu génératrice d'emplois, occupant 10% des actifs. L'étude souligne qu'à l'instar des tendances nationales, la création d'emplois reste relativement faible sous l'effet d'une croissance économique insuffisante. En outre, la croissance a été tirée par la productivité dans les secteurs primaire et secondaire aux dépens de la création d'emplois, tandis que la croissance du PIB dans le tertiaire a été plus favorable à la création d'emplois. Le secteur tertiaire et l'industrie sont les plus créateurs de valeur avec un emploi tertiaire légèrement plus créateur de valeur que la moyenne nationale. La valeur ajoutée de l'emploi primaire est 1,5 fois plus élevée que la moyenne nationale. Pour sa part, le secteur public représente 13% des emplois avec un potentiel limité de création d'emplois dans le futur : politique de maîtrise de la masse salariale, projet de loi sur la mise en place de contrats à durée déterminée. La région est dominée par un emploi majoritairement salarial (50%). L'auto-emploi ne représente que 25%. La vulnérabilité persiste avec 18% d'emplois non rémunérés dont 41% en milieu rural. Le marché de l'emploi est fortement impacté par une formation peu performante et inadaptée. Le niveau de qualification des populations employées reste faible (environ 55% sans diplôme). «La part importante de chômage de primo-insertion (environ la moitié des chômeurs) et les difficultés d'insertion des diplômés démontrent le décalage entre les besoins des entreprises et le système de formation». Les entreprises s'orientent dans leur recrutement vers des profils de formation initiale (qualifiés, techniciens) au désavantage de l'insertion des jeunes diplômés supérieurs. Par ailleurs, une part importante des personnes sans diplômes sont en recherche d'emploi. Ce qui nécessite une réponse spécifique pour leur intégration dans le monde du travail. Recommandations Plusieurs recommandations ont été formulées à l'issue de la tenue des Assises régionales de l'emploi de la Région Rabat-Salé-Kénitra en juin 2016. Il s'agit, en premier lieu, de la nécessité de faire de l'emploi un objectif majeur du Programme de développement régional, d'orienter les choix stratégiques vers la création d'emplois et de développer des secteurs et niches créateurs d'emplois, tout en accompagnant ce dossier dans les secteurs exportateurs et les secteurs porteurs pour l'économie régionale. Il s'avère, aussi, indispensable de soutenir l'auto-emploi à travers le développement de la culture entrepreneuriale, la constitution d'une banque d'idées, l'appui financier et l'accompagnement pré-création et post-création. Des mesures spécifiques devront être mises en place pour les filières agricoles en manque de mains-d'œuvre. En outre, un intérêt particulier est à accorder au secteur social et solidaire en misant sur l'encadrement de la qualité et de la commercialisation. Pour promouvoir l'emploi, il faut développer les compétences qui sont en adéquation avec les besoins du marché de travail : insertion des personnes à faible qualification, formation sur les soft skills, appui de l'autonomie de l'université (financement et ressources humaines et implication des acteurs économiques dans l'ingénierie de formation). Les objectifs escomptés ne pourront pas être atteints sans le renforcement du partenariat entre le public, le privé et la société civile dans le domaine de l'intermédiation. En effet, l'élargissement du réseau d'intermédiation s'impose via la création d'espaces de proximité.