Le projet de rapport d'étape sur "l'emploi des jeunes", présenté vendredi à Rabat par le Conseil économique et social (CES), traduit la teneur des séances d'auditions et des débats entre des représentants de plusieurs départements ministériels, organisations professionnelles et centrales syndicales et acteurs de la société civile. Ce projet comporte un état des lieux de l'emploi des jeunes, définit les grandes orientations en la matière d'emploi et dresse l'esquisse d'un programme nationale volontariste de promotion de l'emploi des jeunes. Le document fait ressortir un taux de chômage relativement important, en dépit de sa tendance à la baisse, sachant que le milieu urbain enregistre le plus haut niveau de chômage et que les jeunes diplômés son fortement affectés du fait que les diplômés du supérieur, lauréats des facultés et les diplômés de la formation professionnelle enregistrent les taux de chômage les plus élevés. Il révèle que le chômage des jeunes est de longue durée dans la mesure où leur insertion dans le marché du travail peut aller jusqu'à 12 mois ou plus, notant que l'emploi des jeunes se caractérise par sa fragilité et sa précarité (emplois non rémunérés, sans contrat, faible couverture médicale). Le projet rappelle à cet égard les trois mesures de promotion de l'emploi mises en oeuvre depuis 2006, en l'occurrence les programmes "Idmaj" d'appui à l'emploi salarié, "Taehil" portant sur la recherche de l'adéquation emploi-formation et "Moukawalati", un dispositif d'appui à la création des petites entreprises. Il fait néanmoins observer que ces programmes ont été marquées par des insuffisances du fait que les résultats quantitatifs obtenus sont en deçà de l'ampleur du chômage des jeunes, outre les dysfonctionnements qui handicapent le déploiement de ces programmes et le manque d'impact sur certaines catégories de jeunes durement touchés par le chômage. Après avoir exposé certaines appréciations critiques des jeunes vis-à-vis des conditions d'emploi, le rapport a attribué les deux causes majeures du chômage des jeunes à une dynamique économique faiblement créatrice d'emplois en faveur des jeunes et à un système de formation et d'enseignement faiblement adapté et peu anticipatif, qui entraîne un manque de qualification et une carence de compétences. Revenant sur les grandes orientations en faveur de l'emploi des jeunes, le projet met l'accent sur l'impératif d'infléchir de façon significative le modèle de croissance, de repenser le système éducation-formation et d'opter pour une gouvernance territorialisée et comptable des résultats. Le document plaide pour une esquisse d'un programme national volontariste de promotion de l'emploi des jeunes articulés autour de six axes, qui consistent à dynamiser l'offre d'emploi, promouvoir l'auto-emploi et la création d'entreprises, améliorer l'employabilité des jeunes, mettre en place des dispositifs intégrés adapté aux catégories de chômeurs prioritaires, renforcer la gouvernance du marché du travail et à développer et étendre les services d'intermédiation. Le rapport a également préconisé la création d'un observatoire de l'emploi et de la formation destiné à organiser et à pérenniser "un réseau" pour compiler toutes les informations disponibles dans ce domaine, les traiter, les analyser, les partager et mettre à la disposition des acteurs les éléments nécessaires aux prises de décision. Il a aussi plaidé pour la création d'un cadre institutionnel de coordination et de pilotage de la politique territoriale de l'emploi dédié à assurer la cohérence et l'harmonie nécessaires entre les intervenants chargés de la mise en oeuvre à l'échelle régionale et locale du programme national de promotion de l'emploi des jeunes.