Depuis trop longtemps, on ne cesse de nous répéter que le marché boursier marocain ne répond à aucune logique, que les évolutions des cours ne sont pas basées sur une analyse technique et chartiste… Aujourd'hui, des experts démontrent que les niveaux atteints ne sont pas le fruit du hasard. Parfois, des sociétés de bourse émettent des avis contradictoires sur une valeur donnée. Certaines recommandent son achat, d'autres sa vente. Qui croire ? Une confusion s'installe. Elle ne rassure pas les boursicoteurs, surtout les plus petits d'entre eux. Les plus ignares en la matière font aveuglément confiance à des analystes qui jouent sur le marché boursier parfois de façon pas très correcte. Pour les intérêts des uns et des autres, des sociétés émettrices elles-mêmes ou des gestionnaires, les cours fluctuent entre des niveaux souvent peu compréhensibles. C'est comme si des initiés se donnaient tous rendez-vous à un moment donné pour acheter ou vendre une action à un prix donné. Il est ensuite facile de prévoir si le marché va baisser ou augmenter. Le profit est alors déterminé, d'une certaine manière, dès le départ, puisque le boursicoteur sait à l'avance quel gain il va réaliser. L'angoisse des uns et des autres… Pendant trop longtemps, ce phénomène ne s'expliquait pas par des argumentaires logiques et mathématiques. Il suffisait qu'on nous explique, par exemple, que les gens avaient peur de perdre de l'argent ou voulaient en gagner. Entre les deux, il s'installait une dynamique qui faisait que les actions montaient ou baissaient. C'est l'angoisse des uns et des autres qui s'exprimait finalement dans le prix. Et pourtant. Des professionnels démontrent aujourd'hui que toutes les actions marocaines répondent en fait à une logique claire et précise, celle de l'analyse technique, appelée aussi analyse chartiste ou graphique. Selon la définition qui lui est donnée, elle étudie les mouvements de prix des actions à court ou moyen terme. Elle considère que l'étude des corrélations internes au marché sert à déterminer la direction et l'importance des variations des cours. L'analyse technique se fonde sur des modèles mathématiques ou chartistes, pour identifier des tendances et faire des projections sur le court ou moyen terme. Selon Mostafa Belkhayate, trader et gérant d'un fonds en or, qui vient d'animer à la Bourse de Casablanca une conférence sur le sujet, l'analyse des valeurs marocaines démontre qu'elles répondent toutes aux principes de l'analyse technique. «On peut anticiper la Bourse marocaine avec des mathématiques. On peut gagner de l'argent sur tous les titres grâce aux signaux donnés par l'analyse technique», lance d'emblée Belkhayate. A ce titre, l'expert n'hésite pas à exposer sa théorie selon laquelle le retracement de Fibonacci s'adapte au marché marocain. La gymnastique des niveaux Le principe consiste à plaquer sur l'évolution du prix d'une action les niveaux qui représentent le nombre d'or (1,618). Ils sont au nombre de cinq : 23,60%, 38,20%, 50%, 61,80% et 76,40%. Ces niveaux indiquent les différents objectifs de cours pouvant être réalisés. Si une action touche (ou casse dans le jargon financier) un de ces niveaux d'or, par le bas ou par le haut, elle ne pourra que se diriger vers un niveau connu. Or, souligne le trader, 99,9% des opérateurs sur le marché boursier marocain n'ont pas conscience des niveaux où il faut aller sur chaque action. Cette méthode particulière, et l'analyse technique de manière générale, Belkhayate l'affectionne et souhaiterait que les professionnels y recourent, parce qu'elle donne une visibilité sur des objectifs de gain et de perte. Belkhayate n'a pas inventé la roue puisque les fameux nombres dont il est question sont ceux de Fibonacci. Et lorsque le cours d'une action vivote à l'intérieur d'une zone d'or, entre deux niveaux de nombre d'or, Belkhayate recommande de ne rien faire. C'est pour lui une zone de combat entre acheteurs et vendeurs. Finalement, si l'on ne s'en tenait qu'à cette analyse technique, un boursicoteur ne devrait pas chercher à disposer d'informations privilégiées ou être à l'affût d'informations nouvelles émanant d'une société émettrice pour prendre une décision d'achat ou de vente. Sur ce point, les avis divergent encore. 20.000 DH pour se transformer en «trader» La technologie fait des miracles. Des logiciels commercialisés sur le marché marocain aident à la prise de décision pour investir justement en Bourse. Comment? Ils font de l'analyse technique. Ils vous disent quand miser et quand retirer vos billes du marché. C'est la société TPS Fin, gérée par Mostafa Chakroune, qui a été pionnière dans la commercialisation de ce genre de services. Il y a quelques années, peu y croyaient. Aujourd'hui, elle fait ses preuves. Des institutions financières l'ont adoptée et ont choisi d'installer ses logiciels. Le particulier a lui aussi la possibilité d'en acheter. Les logiciels en question lui permettent de gérer seul son portefeuille, avec des marges d'erreur assez limitées. Le principe est simple. TPS Fin a noué des partenariats avec des sociétés internationales de renom dans le domaine du trading (Waldata, leader européen, et Mubasher, l'un des leaders sur le marché de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord). Le logiciel est vendu a près de 15.000 DH. La société offre aussi une possibilité de formation. Le tout s'élève à près de 20.000 DH. A ce prix, le boursicoteur devient trader en bonne et due forme. Il peut utiliser sans intox les informations que les logiciels lui renvoient. Mostafa Belkhayate, trader Achetez ou vendez selon les phases Mostafa Belkhayate, trader, a présenté d'une manière simple les attitudes à adopter lorsque les cours stagnent, montent ou baissent. Quatre étapes caractérisent généralement la vie d'un cours. Belkhayate donne des recommandations pour chacune d'entre elles. Elles peuvent être contestées par certains. Chacun voyant les choses à sa manière. Pour Belkhayate : Phase1 : le marché est hésitant. On ne fait rien. Par contre, si le marché casse par le haut, alors on achète. Phase 2 : la tendance est haussière. La règle : on ne vend pas. Il est «interdit» de prendre des profits. On achète. Phase 3 : c'est un niveau où le marché hésite encore. La règle : si le boursicoteur a acheté en phase 2, il doit prendre ses profits. S'il ne fait rien, il sort du marché pendant cette phase. Phase 4 : la règle : il est « interdit » d'acheter. 80% des traders ne respecteraient pas cette règle. Le trader explique cette recommandation par le fait qu'à ce moment, le cours est bas. La tendance pourrait se prolonger dans le temps. Dans ces cas, les pertes peuvent être plus conséquentes.