Douze secteurs démontrent les enjeux du prochain gouvernement. Si certains connaîtront un mandat moins douloureux, d'autres seront sous pression, surtout dans les branches stratégiques comme la justice, l'éducation, l'agriculture et les finances. Alors que nous mettions sous presse, la nouvelle équipe gouvernementale n‘était pas encore connue. Tout ce qui nous parvenait consistait en des fragments de la proposition du Premier ministre désigné adressée aux partis de la majorité sortante pour former le prochain exécutif. Selon les échos qui nous parviennent, le parti de l'Istiqlal se désiste du ministère des Finances. Les rumeurs placent Mustapha Bakkouri, l'actuel directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion, comme argentier du futur gouvernement. Sauf que le scénario le plus vraisemblable planche pour la reconduction de Fathallah Oualalou. Un istiqlalien nous explique pourquoi : « Oualalou a été adopté par les puissantes directions du ministère des Finances, une chose à ne pas négliger sachant que ce sont ces directions qui font et défont les ministres ». Si le parti d'Abbas El Fassi cède les finances aux usfpistes, il leur emprunte la structure gouvernementale d'Abderrahmane Youssoufi. Tout laisse croire, et plusieurs sources le confirment, qu'Abbas El Fassi souhaite placer Nizar Baraka au poste de ministre des Affaires générales et de l'Economie. Il ne le fait peut-être pas par penchant clanique. Il n'en demeure pas moins que l'avocat qu'il est a besoin d'un profil pointu comme celui de Baraka pour le seconder, à l'instar du binôme Youssoufi/Lahlimi en 1998. Quel que soit le choix de la personne, l'idée d'une telle structure s'impose d'elle-même pour la simple raison que les enjeux économiques et sociaux exigent des cervelles bien faites. Le legs de Jettou, pas aussi reluisant que cela Le gouvernement sortant affiche un bilan honorable avec des coups d'éclat dans certains secteurs, mais aussi des zones d'ombre dans d'autres. Les prochains ministres n'auront pas la tâche facile, loin de là, ils se casseront les dents sur des chantiers complexes et politiquement sensibles. Si sur le plan des infrastructures, de l'habitat ou de l'industrie, des ministres comme Karim Ghallab, Taoufiq Hjira ou Salaheddine Mezouar ont mis le train sur les rails, dans d'autres départements, les dossiers épineux attendent toujours une prise en charge. En y regardant par deux fois, on se rend compte que rien (ou peu) n'a été fait. C'est le cas de l'agriculture, de la pêche, de l'emploi, de la santé, du sport, de l'éducation nationale, de la justice, des finances, surtout sur le volet de la réforme des retraites et de la fiscalité… Aussi, certains futurs ministres auront pour principale tâche de suivre les chantiers et d'en accélérer la cadence. Cela n'empêche qu'ils en assumeront l'échec ou en récolteront tous les bénéfices. Des chantiers comme le plan Emergence ou Rawaj ne sont pas une partie de plaisir. La vigilance, la rapidité d'adaptation et la cadence d'exécution sont déterminantes. Pour les autres ministres, la mission sera beaucoup plus rude car elle concernera des secteurs stratégiques (l'éducation), sensibles (l'agriculture et la pêche), complexe (comme la santé et la réforme de l'administration) et dont les résultats doivent se faire sentir dès 2012. Donc, il faut rapidité et efficacité. En gros, pour vous rapprocher des enjeux de la prochaine législature, nous nous sommes livrés à un exercice qui nous a révélé l'étendue des attentes et la maigre récolte du gouvernement sortant. En un mot, Driss Jettou et son équipe se sont démenés comme des diables, mais le poids des problèmes a réduit drastiquement les réalisations positives. C'est dire que l'héritage de Jettou est en soi le challenge d'El Fassi.