Le sport c'est beau, le dopage, c'est vilain. D'accord, la cause est entendue, on ne va pas discuter là-dessus et se chamailler pour rien. Personne n'est là pour défendre le dopage et les dopés, ce serait se mettre du côté des tricheurs et plus encore complice du crime organisé. Cependant, qu'il nous soit permis de dénoncer l'attitude de certains qui vont si vite en besogne qu'il leur arrive de confondre vitesse et précipitation, et de ne plus savoir où sont les vessies et où sont les lanternes et de mélanger torchons et serviettes. Ainsi, ils créent une confusion redoutable et coupable en parlant d'une situation qui est déjà assez compliquée, sans qu'on vienne y semer encore plus de mystères. Lorsque la marathonienne française Clémence Calvin se soustrait à un contrôle antidopage, il n'y a pas lieu de s'énerver au point d'accuser le Maroc de pays où il est facile de se doper. Cela reste, en effet, une affaire franco-française. « Les journalistes qui ont cru se faire du buzz sur le dos du Maroc se sont trouvés hors-jeu, et hors sujet » Quant au quotidien « Le Monde », il s'est fendu d'un titre ravageur et volontairement provocateur en annonçant « Ifrane, plaque tournante où le dopage est roi ». Appréciez le mot « roi » mis ici de manière loin d'être innocente. N'en prenons pas ombrage, notre pays est un magnifique Royaume et on ne va pas s'offusquer de si peu. Car si nos confrères avaient pris le temps de s'informer, ils auraient vu qu'Ifrane n'a absolument rien à voir dans les mésaventures de la marathonienne Clémence Calvin. Celle-ci, sollicitée par les contrôleurs, était à Marrakech et ici, laissons-là raconter par elle-même, sa mésaventure et qu'après coup, toute la presse française a repris : « Il y a des gens, a-t-elle dit, sur qui on pourrait poser des enquêtes et qui auraient des choses à se reprocher, notamment mon agresseur Damien Ressiot. Il était censé être superviseur, il a été le seul interlocuteur qu'on a eu et il nous a violentés, moi et mon fils ». Accusations graves et troublantes, car l'accusé Damien Ressiot n'est autre que le patron du contrôle anti dopage et dont les méthodes d'inspection ont été si, disons bizarres, que l'athlète française a refusé de s'y soustraire. Alors le gars a voulu la suspendre et la pauvrette, du coup, a été interdite de participer au marathon de Paris. Elle n'a pas rangé les armes pour autant et a été déposer plainte au Conseil d'Etat qui, lui, en 24 heures, a levé la suspension jugeant que « l'état de l'instruction créait un doute sérieux quant à la légalité de la décision de suspension ». Alors deux jours après le jugement qui la confortait, Clémence Calvin, courait le Marathon de Paris où elle se classa 4ème en battant, au passage, le record de France. Du coup, elle passa du stade de suspecte à celui d'héroïne. Et les journalistes qui ont cru se faire du buzz sur le dos du Maroc se sont trouvés hors-jeu, et hors sujet. Une petite pincée pour finir. Le Conseil d'Etat, qui a rendu son honneur à la soupçonnée et harcelée, siège au Palais Royal, un édifice de Paris. Ça ne s'invente pas, c'est comme ça, et vive Ifrane! Vive le Maroc! Et vive le Roi!