Ifrane, lieu de stage prisé des athlètes français serait dans le viseur de l'IAAF, la Fédération internationale d'athlétisme selon le ce qu'a révélé jeudi le journal français Le Monde, la raison : la ville serait la plaque tournante du dopage. Tout a commencé après l'affaire du contrôle antidopage « présumément » esquivé par la marathonienne française vice-championne d'Europe du marathon en août 2018 à Berlin, et son compagnon et entraîneur. C'est à Marrakech que l'épisode s'est produit, mais Ifrane est un lieu de stage fréquent du couple et fait partie des endroits que la Fédération française d'athlétisme (FFA), échaudée par cette nouvelle affaire, devrait prochainement déconseiller à ses athlètes. « Ifrane, c'est la catastrophe ! », résume un enquêteur travaillant dans la lutte antidopage. Particulièrement pour l'athlétisme français, dont les plus éminents représentants y ont pris leurs habitudes : outre Clémence Calvin, c'est le cas des trentenaires, champions d'Europe à l'été 2018, Mohrad Amdouni (10 000 mètres) et Mahiedine Mekhissi (3 000 mètres steeple), également triple médaillé olympique – aucun de ces deux athlètes n'a été contrôlé positif. Selon Le Monde, pour l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), Ifrane est une épine dans le pied, « une petite zone de nondroit qui m'inquiète beaucoup », comme nous l'expliquait à l'automne 2018 Damien Ressiot, son directeur des contrôles. Alors que le centre d'entraînement d'altitude de FontRomeu, dans les PyrénéesOrientales, fait l'objet d'une surveillance et de contrôles réguliers, Ifrane est devenue un lieu de repli. Parmi les étrangers, Les Français y sont les Européens les plus assidus, pour des raisons linguistiques et de réseaux ancestraux. On y trouve aussi Qataris, Saoudiens ou Tunisiens, souvent encadrés par des entraîneurs marocains qui organisent facilement et à bas prix des stages de préparation avec appartement, masseur… et pour certains, produits dopants. « C'est un marché du dopage à ciel ouvert, décrit un enquêteur. Les gens qui louent des appartements fournissent le package total, avec les produits. » « Ifrane, c'est "open bar" », confirme un agent expérimenté de la lutte antidopage. Le monde a rapporté une déclaration d'un connaisseur de l'athlétisme marocain explique que « la culture du dopage à Ifrane s'est mise en place par le biais d'athlètes marocains qui ont importé les méthodes de dopage d'Espagne, d'Italie ou de Belgique, où ils couraient en club. Ils savaient se procurer et comment utiliser de l'EPO et de l'hormone de croissance. Ceux qui voulaient s'initier allaient à Ifrane, parce que les gens en parlent entre eux et savent qu'ils vont tout trouver sur place. Pour moi, il n'y a pas de réseau structuré mais une organisation en petites cellules. » Aujourd'hui, poursuit cette source, les produits dopants viennent souvent de Ceuta, l'enclave espagnole sur le continent, et sont vendus par des pharmaciens peu scrupuleux. Un établissement médical local est également réputé faciliter l'exercice de transfusions sanguines. Dans l'athlétisme, dès qu'un athlète se signale à Ifrane sur la plateforme de localisation Adams, cela déclenche une alerte rouge chez l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), entité indépendante qui assure le programme antidopage de l'IAAF. Lors d'un entretien avec Le Monde, André Giraud, président de la Fédération française d'athlétisme (FFA), affirme sa volonté de mieux encadrer les sportifs, alors que la marathonienne Clémence Calvin est soupçonnée d'avoir esquivé un contrôle antidopage au Maroc. Mardi 9 avril, la FFA a annoncé qu'un stage fédéral, qui devait avoir lieu fin avril à Ifrane, au Maroc, a été supprimé « compte tenu des suspicions sur ce site » et de l'affaire Calvin.