Quatre centrales syndicales marocaines ont annoncé, mercredi 5 février, «un large succès» de la grève générale à laquelle elles avaient appelé, affirmant que le taux de participation avait atteint 80 % à l'échelle nationale. Dans un communiqué conjoint, la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), l'Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) ont dénoncé «l'entêtement du gouvernement à faire adopter en plein jour de grève le projet de loi restreignant l'exercice du droit de grève», qualifiant cette démarche de «provocation» susceptible d'accentuer les tensions sociales actuelles. Les syndicats ont exigé l'abandon de toutes les réformes jugées préjudiciables aux acquis sociaux et aux libertés fondamentales, appelant l'exécutif à suspendre la procédure d'adoption du texte controversé et à engager un dialogue «sérieux et responsable.» Les centrales grévistes ont en outre réaffirmé leur détermination à poursuivre la mobilisation sous toutes les formes de contestation pacifique en défense du droit de grève et des garanties sociales des travailleurs. Ce mouvement social intervient dans un contexte marqué par la montée des prix, la hausse du chômage et l'érosion du pouvoir d'achat, autant de facteurs ayant nourri la colère des organisations syndicales. Il s'inscrit également dans une opposition frontale à la réglementation du droit de grève, jugée contraignante et adoptée sans concertation approfondie, selon les syndicats. Le mouvement a touché aussi bien le secteur public que privé, paralysant notamment les services de l'éducation, de la santé, des transports, des finances ainsi que l'industrie du phosphate, ressource clé de l'économie nationale. Selon des sources syndicales, la participation a dépassé les prévisions, témoignant «d'un rejet massif du projet de loi.» De son côté, l'Union marocaine du travail (UMT), qui a appelé à une grève de 48 heures, a fait état d'une mobilisation exceptionnelle dès la première journée. Son secrétaire général, Miloudi Moukharik, a salué «un engagement unanime des travailleurs dans toutes les régions du pays, y compris dans les provinces du Sud.» Dans un communiqué distinct, l'UMT a estimé que la participation nationale avait atteint 84,9 %, malgré ce qu'elle qualifie de «manœuvres administratives et tentatives de désinformation orchestrées par certaines autorités.» Alors que les syndicats dressent un premier bilan jugé très positif, les chiffres précis de la mobilisation, secteur par secteur, devraient être consolidés dans les prochaines heures.