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«Polisario» : un ratage algérien
Publié dans Barlamane le 25 - 05 - 2023

Mal conçue, mal préparée, mal exécutée, «l'opération-polisario» est véritablement l'exemple type du plan boiteux concocté par des apprentis sorciers. Cette opération pourra désormais figurer dans les manuels comme un modèle d'amateurisme. Histoire d'un ratage algérien monumental.
Ces jours derniers, dans les camps de Tindouf, les renégats à la solde du régime algérien «fêtent» le 50e anniversaire de la création du polisario. Le tapage médiatique orchestré par la presse algérienne ne suffit pas à masquer l'amère réalité, la morosité ambiante et le scepticisme des «réfugiés». Le renégat en chef, Brahim Ghali, a servi à ses inconditionnels et aux rares invités européens un discours qui se voulait optimiste, mais le cœur n'y était pas vraiment. Pouvait-il en être autrement alors qu'il n'y a rien à fêter et que les motifs de réjouissance sont inexistants ?
Si les renégats considèrent que le fait d'être encore là après 50 ans est un exploit, il n'y a pas de quoi pavoiser. Ils ne doivent leur survie qu'au régime algérien qui met à leur disposition des moyens quasi illimités et se mobilise à leur service avec sa diplomatie, ses médias et ses pétrodollars.
Dans son discours, Ghali a évoqué sans vergogne «le cinquantième anniversaire [d'une] révolution victorieuse». Les signes de cette victoire ne sont pas évidents, c'est le moins que l'on puisse dire.
Un demi-siècle après l'exode forcé d'une partie de la population de Saguia el Hamra et Oued Eddahab vers le pire des exils, rien n'a changé pour les «réfugiés-malgré-eux». Au contraire, leurs conditions de vie se sont détériorées. Ils souffrent de faim, de maladies et de privations multiples, sans compter les atteintes à leurs droits, les mauvais traitements et la répression qu'ils subissent des mains des miliciens-renégats, pourtant «réfugiés» comme eux.
De l'aveu d'une activiste du polisario émigrée en Espagne, une nommée Tesh, «il ne faut pas idéaliser les camps de réfugiés sahraouis, où beaucoup de politiciens et de journalistes vont comme s'il s'agissait d'un Erasmus. C'est dur, je ne vais pas vous mentir. Dans les années 90, il y avait beaucoup de faim, de pénurie et c'était une période très difficile à cause des conditions météorologiques parce que nous dépendons de l'aide humanitaire». Elle précise : «On ne peut se doucher qu'un jour par semaine et on ne mange que deux fois par jour.»
Tant de souffrances imposées à une population sans défense pour servir les intérêts d'une poignée d'affairistes et les visées de quelques galonnés algériens !
«Où sont passées les centaines de millions d'euros accordées sous forme d'aides humanitaires, lesquelles dépassent les 60 millions d'euros par an, sans compter les milliards affectés à l'armement et au soutien de la machine de propagande et de répression utilisée par les séparatistes ?» s'est demandé SM le roi Mohammed VI dans le discours du 6 novembre 2015. Pourquoi, s'est encore interrogé le Souverain, l'Algérie, qui a «dépensé des milliards dans sa croisade militaire et diplomatique contre le Maroc» n'a rien fait pour améliorer les conditions de vie des habitants des camps de Tindouf, sans égards pour leur dignité en les réduisant malgré eux à «l'état de quémandeurs d'aides humanitaires» ?
Le polisario n'est pas le FLN
Dès le départ, le projet du régime algérien était voué à l'échec car il a été bâti sur une série d'appréciations et de calculs erronés. Les stratèges nichés à Alger pensaient naïvement qu'il suffisait d'une poignée de renégats pour cloner leur FLN et monter un maquis. Dans leur esprit, l'affaire allait être réglée en deux temps trois mouvements «comme en Algérie». En prime, ils ont «refilé» à leurs affidés les anciens slogans des «moudjahidines», croyant avoir en face d'eux une armée peu motivée et démoralisée, qui allait rapidement s'effondrer. Erreur fatale. C'était compter sans le patriotisme des Marocains, leur attachement à leur Sahara et leur foi en la justesse de leur cause. Le polisario n'est pas le FLN, nous sommes chez nous au Sahara et la majorité des enfants de la région sont restés dans leur lieu d'origine. Ce n'est pas un corps expéditionnaire dépaysé qui en défend les frontières, ni des appelés terrorisés, mais les FAR, troupes aguerries et intraitables, qui en ont vu d'autres depuis 1975. Les renégats, quant à eux, sont basés loin, en territoire algérien. C'est le défaut majeur de la stratégie du régime algérien qui s'est fourvoyé en pariant tout sur un groupe minoritaire délocalisé.
Après avoir pris en main le polisario, les dirigeants algériens l'ont armé, entrainé et utilisé pour agresser le Maroc. Au besoin, ils lui ont donné un coup de main, comme à Amgala en 1976. Non content de violer allégrement les chartes de l'ONU, de l'OUA/UA, de la Ligue arabe et de l'UMA qui interdisent l'hébergement de bandes armées pour attaquer un pays voisin, le régime algérien viole également le droit humanitaire. Le Maroc a toujours demandé la levée du contrôle imposé par les autorités algériennes sur les camps de Tindouf, pour permettre à ceux qui le souhaitent, conformément aux conventions internationales, de rentrer chez eux. Mais le gouvernement algérien refuse d'ouvrir les portes des camps, violant la convention sur le statut des réfugiés de 1951, qui lui impose de permettre aux réfugiés de «choisir leur lieu de résidence et d'y circuler librement». L'Algérie, pays d'accueil, se refuse obstinément à recenser les populations des camps, à les faire bénéficier de leurs droits et à leur donner la possibilité de décider de leur avenir. Au lieu de cela, le régime algérien a délégué ses pouvoirs régaliens dans la zone des camps à ses hommes de main et leur a livré les «réfugiés» pieds et poings liés, corvéables à merci. C'est là une autre anomalie et une autre violation du droit international. Elle est sans précédent et ce n'est pas la dernière.
Des camps singuliers
Les camps de Tindouf présentent une particularité unique au monde : ce sont les seuls «camps de réfugiés» dans lesquels des militaires vivent au milieu des civils et y exercent des pouvoirs d'Etat! Les renégats, pourtant eux aussi «réfugiés», arrêtent leurs compatriotes à la pointe des armes, les maltraitent, les jugent et les mettent en prison, le tout avec la complicité des militaires algériens qui détournent les yeux. Mais ce n'est pas l'unique originalité de ces lieux, en violation de toutes les conventions internationales : les «réfugiés» n'ont aucune liberté de mouvement, ils ne peuvent pas quitter les camps, ils ne sont pas autorisés à se déplacer librement sur le territoire algérien, encore moins s'installer dans le lieu de leur choix, leurs enfants ne peuvent pas fréquenter les écoles algériennes et ils ne peuvent pas s'adresser aux tribunaux algériens. N'en déplaise à cet ancien membre du polisario aujourd'hui en rupture de ban, bien connu au Maroc, les soi-disant «réfugiés» sont bien séquestrés, il n'y a pas d'autre mot pour les décrire. S'ils n'étaient pas retenus contre leur gré, ils ne resteraient pas un jour de plus dans l'enfer des camps de Tindouf. Qui accepterait de vivre dans une région désertique inhospitalière, dans un état de grande détresse et de dénuement total, sans aucune perspective ?
Cette population est la carte maitresse du régime algérien et des renégats car les « réfugiés », pour leur malheur, constituent un fonds de commerce vital, une carte précieuse à laquelle le gouvernement algérien et le polisario ne peuvent pas renoncer, sous peine de voir s'écrouler tout leur montage. En effet, s'il n'y a pas de «réfugiés», il n'y a pas de «peuple». Pas de peuple, donc pas de «mouvement de libération» et encore moins de «république».
Une «république» à Tindouf
Quel besoin avait Alger de proclamer une «république» sur son sol en sachant parfaitement que cette proclamation allait priver le polisario du label africain de «mouvement de libération» ? Pour ne pas paraitre un pays encourageant le terrorisme, il fallait donner l'illusion de l'existence d'un «Etat sahraoui» disposant d'une armée régulière qui contrôlerait une partie du territoire et lutterait pour la libération du reste. D'où la fiction des «territoires libérés» et le flou volontairement maintenu sur le territoire de cette «république». Après la proclamation de la «rasd», en 1976, l'OUA a estimé «qu'il ne saurait être question de reconnaître le polisario comme mouvement de libération du Sahara occidental», tant il est vrai, a-t-elle ajouté en toute logique, qu'«il n'y a pas de mouvement de libération dans un territoire indépendant».
C'est le seul cas connu où un Etat met une portion de son territoire à la disposition d'un groupe armé pour y créer un «Etat». Ce n'est pas véritablement «un Etat dans l'Etat», mais plutôt un pseudo-Etat dans un camp de réfugiés. La situation de la «rasd» est sans précédent: on connaît les cas de gouvernements en exil, le GPRA par exemple, mais le concept de pays en exil est totalement inédit. Cette invention singulière porte du reste la marque de ses créateurs algériens, depuis la dénomination grandiloquente («république démocratique») jusqu'aux couleurs du «drapeau», en passant par l'idéologie et la phraséologie « révolutionnaires ». L'œuvre en entier apparaît comme surréaliste : Une république en exil, située dans des camps de réfugiés en territoire algérien; une république virtuelle qui se dote d'un «gouvernement», le dernier en date ne comptant pas moins de 18 «ministres» dont celui du commerce (!) et 3 «ministres délégués» ; une république qui dit vivre de l'aide humanitaire internationale, mais qui dispose d'un budget (Voir tableau), d'un réseau diplomatique et de troupes armées à faire pâlir d'envie nombre d'Etats indépendants ; une république dont la population est constituée, nous dit-on, exclusivement de «réfugiés» ; des «réfugiés» dont personne ne connaît le nombre exact, pour la bonne raison que l'Algérie s'oppose à leur recensement.
Budget 2023 du polisario (Futuro Sahara)
Obs. En l'absence d'indication, on ne peut que supposer que les montants sont exprimés en dinars algériens.
Notons que les recettes fiscales sont estimées à 1006 milliards 232 millions. Qui paie des impôts et des taxes dans un camp de «réfugiés» ?
Tout cela ne sent-il pas la supercherie à plein nez ? Mis au pied du mur, les diplomates algériens parlent alternativement de «Sahara occidental» ou de «rasd» pour brouiller les pistes.
Malgré leurs acrobaties, les renégats et le régime algérien peinent à concilier cette dualité branlante polisario-rasd :
– Le polisario n'a jamais été admis comme mouvement de libération et ne peut prétendre au statut qu'il s'attribue de «représentant unique et légitime» de la population du Sahara marocain.
– La «république» n'a pas d'existence réelle en dehors des camps de Tindouf et les reconnaissances dont elle a pu bénéficier se sont réduites comme peau de chagrin. Même sa présence sur les bancs de l'UA est de plus en plus sujette à caution.
Les institutions et les structures étatiques qui ont été instaurées dans les camps ne sont qu'un écran de fumée. La dernière fumisterie est l'apparition subite d'une équipe de football des camps de Tindouf, dont personne n'avait entendu parler jusqu'alors. L'annonce a été faite non pas à Rabbouni, mais à Alger, «la terre d'un million et demi de chahids» ( ?!) selon un renégat-ministre qui, dans la foulée, a affirmé que «cela va ouvrir une nouvelle étape pour le sport sahraoui qui va le mener partout dans le monde» !
Ghali aura beau inaugurer un hôpital dans les camps ou y tenirune réunion « ministérielle », ces pitreries resteront ce qu'elles sont : des gesticulations de pure propagande orchestrée par des renégats qui se gargarisent de titres ronflants à l'intérieur des camps.
Avant l'affaire «Ben Batouche», on n'a jamais vu un «président de la république» arrêté dans un autre pays et traité comme un vulgaire délinquant.
Les jeunes s'en vont
Pour voyager hors de l'Algérie, les habitants des camps doivent «demander un document de voyage algérien,... une procédure qui peut prendre d'un à deux ans», selon l'activiste déjà nommée, qui ne précise pas la nature du document. Elle-même a longtemps été apatride. Nombreux alors sont les jeunes qui quittent les camps comme ils peuvent pour retourner chez eux, au Maroc. Certains se sont laissé tenter par des activités illicites, comme le trafic des migrants ou de la drogue, ou la contrebande de marchandises. Selon Wilson Mc Makin, journaliste indépendant basé à Dakar, «la route principale de Bir Moghrein à l'Algérie est parallèle à une autre route «clandestine» remplie de camions lourds qui transportent du carburant, des cigarettes et parfois de la drogue des ports d'Afrique de l'Ouest vers l'Afrique du Nord, où ils continuent souvent vers l'Europe» (The New Humanitarian, 17 May 2023).
D'autres jeunes des camps, toujours selon Mc Makin, rejoignent les rangs de «l'Etat islamique du Sahel» (EIS) au Mali et au Burkina Faso. Le journaliste indique qu'«une grande partie de la haute direction de l'EIS est originaire du Sahara occidental et a été formée au sein du Polisario avant de faire défection pour déclencher l'insurrection au Sahel».
Perte de soutiens
La diplomatie algérienne et les renégats ont multiplié les échecs. Ils ont perdu le soutien du gouvernement espagnol alors que l'Espagne a été pendant longtemps acquise aux thèses du polisario. Auparavant, les Etats-Unis avaient reconnu la marocanité du Sahara et d'autres pays ont suivi, sans oublier l'ouverture de plusieurs consulats à Laayoune et Dakhla, que les responsables algériens ont non sans légèreté qualifié de «folklore».
Le blocage du poste frontière d'El Guergarat par les renégats fut une erreur dont ils ne finissent pas de payer les conséquences. Depuis le rétablissement de la circulation dans ce point de passage en novembre 2020, la surveillance étroite par les FAR du territoire à l'est du mur de sécurité a rendu difficile tout déplacement suspect dans cette région. Les renégats se sont repliés vers les camps en territoire algérien. Wilson Mc Makin note que les soi-disant «territoires libérés» se sont « dépeuplés » et les miliciens ne peuvent plus s'y établir, sous peine de frappes de drones. Il précise : « les armes télécommandées à longue portée ont donné au Maroc un net avantage militaire contre le polisario et son équipement qui date de l'époque de la guerre froide».
Il n'y a pas que l'armement du polisario qui date de cette époque. Les mots d'ordre et les slogans sont surannés et caducs. En réalité, tout est vermoulu dans l'opération-polisario. Voilà un « mouvement de libération » qui n'en est pas un, une « république » qui n'existe pas, des actions militaires imaginaires et des territoires prétendument libérés qui sont en réalité des territoires prohibés. Tout est fake.
Militairement neutralisé, diplomatiquement asphyxié, le polisario est en proie à des difficultés sérieuses. Son discours n'est plus crédible, il est inaudible dans les provinces et contesté par les habitants des camps qui bravent la répression pour exprimer leur mécontentement. Créé à l'origine par un groupe d'étudiants marocains dans le but de lutter contre le colonisateur espagnol, Kadhafi l'a détourné de ses objectifs et Boumediene a voulu en faire son cheval de Troie pour détruire le Maroc. N'était-ce l'ingérence algérienne, la question aurait été rapidement réglée entre Marocains.
Combien de temps le polisario peut-il tenir, cela ne dépend que de la communauté internationale et de sa capacité à vaincre l'obstination d'Alger. Le calvaire des exilés durera tant que le régime algérien ne souffrira pas de cette situation et continuera à agir dans l'impunité. La folle aventure prendra fin le jour où les renégats seront qualifiés de terroristes et mis à la porte de l'Union africaine. Ils deviendront alors un danger et un fardeau trop lourd pour Alger qui n'aura d'autre choix que d'opérer un revirement, malgré ses promesses d'«engagement éternel». Une autre issue serait que les camps, peu à peu mis sous les projecteurs, à leur tour se dépeuplent. Le Maroc peut y contribuer activement.


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