Un an de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende ont été requis lundi contre deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, poursuivis pour avoir voulu faire chanter le roi Mohammed VI en 2015. Les deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet ont eu beaucoup de mal à réfuter les accusations retenues contre eux. Contestant les faits, ils ont essayé de convaincre le tribunal que « la proposition d'arrangement financier émanait de Rabat ». L'ex-journaliste, aujourd'hui âgé de 75 ans, reconnaît devant le tribunal correctionnel de Paris « une erreur déontologique », « un naufrage » pour avoir « accepté de (s)e laisser entraîner dans cette affaire », mais pas « la moindre infraction pénale ». L'émissaire marocain « m'avait séduite avec son offre financière, j'ai plongé et je le déplore », abonde l'autre prévenue Catherine Graciet, 48 ans, auteure de livres sur le Maghreb et la Libye. Le 23 juillet 2015, Eric Laurent contacte le secrétariat particulier du roi du Maroc pour solliciter un rendez-vous, organisé le 11 août dans un palace parisien avec un émissaire de la monarchie, l'avocat Hicham Naciri. « Je lui décris le contenu du livre », raconte Eric Laurent, assis sur une chaise à la barre du tribunal. Le projet de livre « n'a jamais existé, ils n'ont aucun élément pour l'écrire (...) Les révélations qui vont faire trembler le royaume du Maroc: où sont-elles ? Il n'y a rien », argumente l'avocat de Rabat en estimant que les deux journalistes ont vu dans une tentative de chantage « une opportunité » pour « changer de vie ». Après cette rencontre, le Maroc porte plainte. Une enquête est ouverte et c'est sous la surveillance d'enquêteurs que deux autres rendez-vous sont organisés, les 21 et 27 août. Lors du dernier, en présence de Catherine Graciet, les deux journalistes signent un accord pour retirer le projet de livre contre 2 millions d'euros. Avant d'être interpellés avec chacun 40.000 euros en liquide. Ils apprennent alors que les trois rencontres ont été enregistrées par l'émissaire du roi. Confronté à la retranscription du premier rendez-vous, où il semble proposer activement une somme, M. Laurent balaie: « cet enregistrement est un faux ». Les recours de la défense la jugeant illégale ont été rejetés en 2017. « Rien ne démontre que cet enregistrement ait été modifié, morcelé ou qu'il y ait eu un montage », souligne la procureure. La décision sera rendue le 14 mars.