L'affaire des deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet, poursuivis pour chantage et extorsion de fonds au roi Mohammed VI, s'ouvre ce lundi à Paris. La cour entendra notamment les enregistrements de trois entretiens, faits en cachette par l'avocat du souverain et finalement versés aux débats après une bataille juridique, indique RFI. Les deux journalistes encourent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, alors que leurs avocats comptent prouver qu'ils «sont tombés dans un piège», poursuit la même source. Cette affaire avait éclaté à l'été 2015. Quelques mois plus tôt, Eric Laurent et Catherine Graciet avaient signé un contrat d'édition pour un nouveau livre sur le roi Mohammed VI. Les deux journalistes sont déjà auteurs d'un livre sur le souverain, intitulé «Le Roi prédateur», publié en 2012 mais interdit au Maroc. En juillet de la même année, Eric Laurent sollicite un rendez-vous auprès du secrétariat particulier du roi et rencontre, début août, l'avocat Hicham Naciri, à qui il annonce la sortie début 2016 de ce «livre explosif». Les versions divergent toutefois, car pour le journaliste, c'est maître Naciri qui lui aurait proposé de l'argent pour ne pas publier l'ouvrage, alors que le royaume affirme au contraire que la proposition vient du journaliste, qui aurait réclamé trois millions d'euros. À l'issue de la rencontre, le Maroc porte plainte. Une enquête est ouverte. Sous surveillance policière, un second entretien se déroule entre Eric Laurent et l'émissaire, puis un troisième, en présence de Catherine Graciet. Le 27 août, les deux journalistes signent un accord : deux millions d'euros contre le retrait du livre. Mais ils sont interpellés, en possession de 40 000 euros chacun. Durant l'enquête, les journalistes ont admis avoir accepté le contrat pour «se défaire d'un livre dont les conséquences géopolitiques les inquiétaient», mais ils contestent tout chantage.