La Coordination nationale des familles des Marocains bloqués et détenus en Syrie et en Irak a récemment fait part du décès tragique d'une fillette marocaine de 7 ans dans le camp de Roj, au nord de la Syrie. Elle aurait été enterrée sans qu'aucune enquête ne soit menée pour déterminer les causes de sa mort, survenue dans des « circonstances mystérieuses et dramatiques ». Dans un communiqué, la coordination a dénoncé l'indifférence totale de l'administration kurde du camp, les Forces démocratiques syriennes, (FDS) face à ce drame, déplorant l'absence de toute investigation. La coordination a qualifié cette tragédie de nouvelle blessure infligée aux familles marocaines, affirmant qu'elle renforce la détresse des détenus et de leurs proches restés au Maroc. Elle a fermement condamné ce qu'elle considère comme une violation flagrante des droits humains, appelant à une enquête urgente et transparente pour faire la lumière sur les circonstances du décès de l'enfant et poursuivre les responsables en cas de négligence. Ladite coordination a également interpellé la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l'Homme, soulignant la situation humanitaire catastrophique dans ces camps, où des centaines de Marocains et d'autres détenus luttent pour survivre dans des conditions inhumaines : pénurie aiguë de nourriture et de médicaments, absence de soins médicaux, ainsi qu'une exposition permanente des enfants et des femmes à divers dangers. Dans un appel urgent lancé à l'État marocain, la coordination exhorte le gouvernement et la société civile à intervenir rapidement pour sauver les citoyens marocains piégés dans cet enfer et organiser leur rapatriement immédiat. « Il est inconcevable que des familles marocaines, en particulier des femmes et des enfants, restent otages de crises qui ne sont pas de leur fait. Elles ne peuvent être privées de leur droit fondamental à rentrer chez elles. Trop, c'est trop. Les larmes ne suffisent plus", a-t-elle déploré. Selon les statistiques de la coordination : 97 femmes marocaines sont détenues dans les camps en Syrie, accompagnées de 259 enfants, 130 hommes, ayant combattu en Syrie, sont actuellement emprisonnés, 25 enfants marocains sont orphelins, et 10 Marocains, dont 2 femmes, sont incarcérés en Irak. Le ministère de l'Intérieur marocain a, pour sa part, déclaré que le nombre total de Marocains détenus en Syrie et en Irak s'élève à 277, répartis comme suit : 65 hommes, 30 femmes, 182 enfants et 17 enfants non accompagnés. Le directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), Cherkaoui Habboub, a également indiqué que « 1.660 Marocains ont rejoint les rangs des groupes terroristes en Syrie et en Irak, parmi lesquels : 291 femmes, et 630 enfants, dont certains sont nés de pères non marocains, ce qui pose un problème de nationalité ». Pour rappel, le 10 mars, un accord historique a été signé entre le président syrien Ahmed al-Charaa et le chef des FDS, Mazloum Abdi. Cet accord prévoit l'intégration des FDS au sein des institutions de l'État syrien, tout en réaffirmant l'unité territoriale de la Syrie et le rejet de toute partition. La coordination nationale des familles des Marocains détenus en Syrie et en Irak a accueilli favorablement cet accord, estimant que "le transfert des détenus marocains sous l'autorité du gouvernement syrien est une option préférable". Cette position s'appuie notamment sur la rencontre récente entre les ministres des Affaires étrangères marocain et syrien, qui a marqué un changement notable dans le discours officiel de Damas à ce sujet. Les FDS, principalement composées de combattants kurdes, gèrent plusieurs camps et prisons dans le nord-est de la Syrie. Ces installations abritent des milliers de membres de groupes extrémistes, notamment Daech, ainsi que leurs familles, parmi lesquelles des centaines de Marocains, principalement des femmes et des enfants. Les FDS ont été créées le 10 octobre 2015 dans la province de Hassaké, en Syrie, avec le soutien des États-Unis pour combattre l'État islamique. Leur structure repose sur : les Unités de protection du peuple (YPG), la principale force militaire kurde, les Unités de protection de la femme (YPJ), leur branche féminine, des factions arabes et syriaques-assyriennes, en particulier dans les zones à majorité arabe. Le décès tragique de cette fillette marocaine illustre une fois de plus l'urgente nécessité d'une intervention internationale pour éradiquer les souffrances des détenus dans ces camps. La coordination presse le Maroc et la communauté internationale d'agir avant que d'autres vies ne soient perdues dans ces camps de la mort.