Soupçonnés de chantage envers la famille Royale, les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet, ont été renvoyés en correctionnelle. Les deux journalistes soupçonnés d'avoir demandé plusieurs millions d'euros à la famille Royale du Maroc en 2015 pour ne pas publier un "livre embarrassant", devront passer par la case "Tribunal correctionnel" , selon une source proche du dossier. Dans une ordonnance de 11 pages datée du 2 février, les juges d'instruction chargés de cette enquête ont ordonné un procès pour chantage pour Eric Laurent et Catherine Graciet, auteurs déjà en 2012 d'un précédent ouvrage sur le Roi Mohammed VI. Les poursuites pour extorsion de fonds par menace n'ont pas été retenues. Dans leur ordonnance, les juges estiment qu' »en termes voilés, déguisés sous des réticences, Eric Laurent (…) a menacé Mohammed VI, la famille royale et le Royaume du Maroc de révéler des informations de nature à porter gravement atteinte à la réputation de la famille royale et à déstabiliser le régime en place, pour obtenir le versement (…) d'une somme d'argent disproportionnée et injustifiée ». L'affaire remonte au 23 juillet 2015, lorsqu' Eric Laurent journaliste spécialiste de la politique internationale à France Culture, notoirement connu aussi pour son sens aiguisé des ''affaires'' et un intérêt marqué pour la finance et la géopolitique et sa co-auteure Catherine Graciet, ancienne journaliste du Journal Hebdomadaire (Maroc) et soi-disant spécialiste du Maghreb ont contacté le Cabinet Royal, pour solliciter un rendez-vous, après avoir annoncé qu'un livre à charge à l'encontre du Royaume allait être publié aux Editions Le Seuil pour une sortie en janvier-février 2016. Dans la foulée un avocat marocain et le journaliste-écrivain présumé se voient le 11 août et ce dernier de quémander, contre annulation de la publication du fameux livre, la modique somme de trois millions d'euros au représentant de SM Mohammed VI. Une plainte est aussitôt déposée en France auprès du procureur de Paris. Dix jours plus tard, une nouvelle rencontre a lieu entre l'avocat marocain et le présumé escroc. Eric Laurent, ignorant que la réunion se tient sous surveillance policière, réitère son offre de 3 millions d'euros contre page blanche. Le Parquet de Paris, convaincu alors du caractère délictueux de l'affaire, ouvre une information judiciaire pour chantage et tentative d'extorsion de fonds et face à la gravité des faits, désigne trois juges. Enfin, le dénouement de l'affaire interviendra dans un restaurant parisien lors d'un ultime rendez-vous, entre l'émissaire du Royaume et l'écrivain et celle qui ne se dit être que sa comparse. Emportés par leur cupidité, les deux complices consentent à une transaction à deux millions d'euros, empochent une avance de 80.000 euros à partager et renoncent par un écrit dûment signé, à la publication de leur livre aux relents diffamatoires. A la sortie de l'établissement, ils sont cueillis en flagrant délit. « Comme trop souvent l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel est un copier-coller du réquisitoire », ont réagi Me William Bourdon et Me Bertrand Repolt, avocats de d'Eric Laurent. « Eric Laurent devra être relaxé du chef de chantage », ont-ils estimé. Selon Eric Laurent, il lui a été proposé un accord financier en vue de la non-publication de l'ouvrage. Le Royaume, qui a été défendu au cours de la procédure par Eric Dupond-Moretti, désormais ministre de la Justice, assure que la proposition émanait du journaliste, qui réclamait trois millions d'euros. Me Antoine Vey, actuel avocat du Royaume avec Me Ralph Boussier, s'est félicité de la décision des magistrats qui « démontre un comportement extrêmement préoccupant qu'il reviendra au tribunal de qualifier ».