Le Maroc l'a fait au bout du suspense insoutenable, aux tirs aux buts, face à l'Espagne. Le Maroc est qualifié en quart de finale de la coupe du monde 2022au Qatar, une première dans son histoire, une première pour un pays arabe. Comment expliquer une telle performance ? Face à l'ogre espagnol, annoncé comme l'un des favoris de ce mondial, grâce à son football léché, à sa maitrise du ballon et au contrôle presqu'absolu des Espagnols dans toutes les rencontres. Même quand l'Espagne perd, la Roja a dominé, car force est de constater que l''équipe d'Espagne domine toujours. Mais dominer n'est pas gagner ! Les Japonais qui ont vaincu l'Espagne au dernier match des groupes étaient l'alerte, le Maroc a été le coup de grâce. Et si la sélection nipponne a fait face à un adversaire relâché, qualifié malgré la défaite, les Marocains eux, ont dû affronter une Espagne avertie et revancharde, prête à tout pour aller accéder aux quarts de Finale : « On est venus pour jouer sept matches et c'est ce que nous voulons faire » déclarait ainsi son entraîneur, Luis Enrique. Oui mais Bono en a décidé autrement, interdisant tout espoir au peuple espagnol, stoppant tous les tirs y compris lors de la séance des tirs aux buts : Prodigieux ! Mais Bono n'est pas le seul héros de cette rencontre, c'est un récital tactique qu'ont proposé les Marocains sous la houlette d'un Regragui particulièrement inspiré. Tout commence par le système de jeu, En-Nesyri en pointe, qui nous a habitué aux sprints incessants, a été discret dans ce registre, se cantonnant à une autre tâche et non des moindres, annihiler pour ne pas dire éteindre la tour de contrôle de l'Espagne, le métronome du milieu de terrain, le fer de lance de la Roja : Sergio Busquets. Contrôlez la tour, vous contrôlez la cour ! Nos héros l'ont compris et l'ont parfaitement exécuté. Busquets subissant un marquage stricte de notre En-Nesyri, il n'a pas pu être trouvé ; les Espagnols privés de l'axe du terrain ont dû se rabattre sur les côtés, ils ont multiplié les centres en première mi-temps en vain et sans jamais trouver de cible dans la surface de réparation. La stratégie est ingénieuse, l'exécution est chirurgicale, la première mi-temps est maîtrisée ! Ajoutez à cela un Boufal en feu, qui a donné le tournis aux défenseurs Espagnols, un Aguerd qui a frôlé de peu la lucarne de la tête sur un centre de Boufal et un Maroc résolument tourné vers l'avant à la récupération du ballon, vous avez alors les ingrédients pour une première mi-temps pleine de satisfactions et de motifs d'espoir aussi bien pour les joueurs que pour les supporters. La deuxième mi-temps démarre sur le même rythme. Regragui a de la ressource, Amrabat recule d'un cran, laissant la défense du milieu à Ounahi et Amellah, et voilà Morata qui fera son entrée à la 63e minute de jeu se retrouve piégé entre Saïss – Aguerd – Amrabat. En cas de centre en retrait, Amrabat est en couverture, en cas de centre dans la surface, bon courage pour l'emporter dans les airs face à la charnière centrale Saïss – Aguerd encore impériale lors de cette rencontre. L'Espagne d'habitude si dominante est déboussolée, désarçonnée, désemparée, avec deux petits tirs cadrés en 90 minutes (contre 3 pour les Marocains) malgré une possession de balle de 77% qui ne sert à rien ! La fin du match approche avec elle les débuts des inquiétudes pour la sélection marocaine. C'est d'abord une blessure inattendue d'Aguerd qui laisse la défense orpheline de son nouveau Roc. Puis suivent la crampe à la cuisse de Saïss, la sortie de Mazraoui diminué et voilà une défense remaniée à 75% avant les prolongations. Mais nos héros sont incroyablement valeureux, les remplaçants comme les titulaires se donnent corps et âme. Les joueurs font les efforts les uns pour les autres, le sens du sacrifice est palpable et nos lions jouent avec énergie et résignation. Nous nous sommes même offerts le luxe de deux contre-attaques tranchantes que le nouvel entrant Cheddira n'a pu concrétiser dans les prolongations. Score final (0-0) au bout de 120 minutes d'une intensité rare. La suite est connue, Bono la muraille, Bono le festival, Bono le félin, Bono le devin, Bono a tout fait, il a tout arrêté, 3 tirs sur 3, une performance titanesque pour un gardien gigantesque. Le Maroc est en Quart de Finale par le sang et la sueur de ses héros. Vous avez fait notre joie, pour la suite advienne que pourra, les Marocains sont déjà très fiers de vous. Allez les lions !