ou lorsqu'un journaliste suggère au gouvernement espagnol une sortie de crise « énergique« … Un journaliste espagnol qui ne porte pas spécialement le Maroc dans son cœur a son mot à dire sur la crise que connaissent actuellement les relations entre l'Espagne et l'Algérie et la méthode pour en sortir. Il estime que « le gouvernement espagnol a tout perdu, ou presque, avec l'Algérie et n'a presque rien obtenu avec le Maroc, si ce n'est un retour à la normalité qui prévalait en 2019, avant la pandémie ». Auparavant, il prend soin de préciser que des « diplomates espagnols et des ambassades européennes à Madrid sont d'avis, en général, que la politique étrangère de l'exécutif de Pedro Sánchez a récolté un échec absolu au Maghreb ». Certains journalistes ont généralement recours à cette formule pour appuyer leurs propres thèses. Prenant les choses en main, ce journaliste s'est autoproclamé assistant bénévole du palais de la place du Marquis de Salamanca (ministère des affaires étrangères). Sans tarder, il a suggéré à la diplomatie de son pays « un moyen de sortir du bourbier dans lequel elle s'est enfoncée au Maghreb ». On aurait pu penser qu'il allait proposer au gouvernement espagnol de dire fermement au gouvernement algérien de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Espagne. Pas du tout: partisan de la manière forte, il est d'avis de « donner à Rabat un ultimatum ». Il détaille son plan: – Mettre en demeure le Maroc d'appliquer l'accord (entre l'Espagne et le Maroc) « dans un délai très court » ; – Obtenir du Maroc qu'il fasse « quelques autres concessions telles que la reconnaissance des eaux territoriales à Ceuta et Melilla, l'acceptation de la validité des condamnations prononcées par les tribunaux espagnols, le démantèlement de la pisciculture que le Maroc a installée dans les eaux espagnoles des Chafarines, etc. » Si Rabat n'accepte pas, « la diplomatie espagnole reviendrait à sa traditionnelle neutralité après avoir tenté en vain de jeter les bases d'une nouvelle relation avec le Maroc ». Pedro Sánchez retirerait la lettre qu'il a envoyée au roi du Maroc en mars dernier et il sera alors loisible « de se réconcilier avec l'Algérie et d'essayer d'établir avec ce pays une relation énergétique solide ». Ne laissant rien au hasard, il propose que « cette fois Sánchez se rende au Congrès pour expliquer pourquoi le manque de collaboration du Maroc l'a contraint à rectifier le virage qu'il a donné en politique étrangère ». Quelle serait la réaction du Maroc et comment éviter une nouvelle crise maroco-espagnole, le journaliste-diplomate ne le dit pas. En revanche, il dit que cette « sortie de crise », en réalité, n'est pas son idée, mais elle lui a été soufflée au cours d'entretiens privés avec « quelques diplomates espagnols expérimentés » et « quelques confrères européens qui, à Madrid, suivent de près la politique extérieure de l'Espagne. » Tous anonymes, bien sûr. Il est pour le moins curieux qu'un journaliste « indépendant » essaie de dicter au ministre des affaires étrangères de son pays la conduite à tenir. La diplomatie ne se fait ni aux terrasses de café ni dans les salles de rédaction. « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées ». —————- PS. L'ancien ministre des affaires étrangères d'Espagne, José Manuel García-Margallo (PP), dans une déclaration à la presse, a affirmé : « le gouvernement d'Aznar avait ordonné de récupérer l'ilot [Taoura, ou Perejil] avec une énorme fermeté ». En réponse à une autre question, l'ex-ministre a dit: « aujourd'hui, ça fait même rire un peu. Je crois que c'était un test, ils [les Marocains] jouaient à voir ce qui allait se passer ». – « Récupérer » n'est pas le mot correct dans ce contexte étant donné que l'ilot n'a jamais appartenu à l'Espagne et elle ne le réclame pas. Envahir un territoire étranger, c'est une agression. – La présence de gardes marocains sur le rocher n'était ni un test ni un jeu. Le Maroc est chez lui sur l'ilot et Aznar a sur-réagi de manière plutôt grotesque. Oui, il y a de quoi rire.