Un média en ligne espagnol très proche des milieux de la droite a choisi de célébrer la commémoration du 15e anniversaire du conflit de l'îlot Perejil en donnant la parole aux soldats ayant pris part le 17 juillet 2002 à l'assaut contre six Mokhaznis marocains. La publication n'hésite pas à parler de «reconquête». Le souvenir du différend territorial de l'îlot Perejil (Leïla pour le Maroc) revient au-devant de l'actualité. Au Maroc, l'événement est passé sous silence. En revanche en Espagne, le 15e anniversaire de la commémoration de l'intervention armée, décidée le 17 juillet 2002 par José Aznar, pour déloger six membres des Forces auxiliaires du rocher est célébrée par une presse proche de certains milieux de la droite nationaliste. Le site elespanol.com en fait, d'ailleurs, partie. La publication en ligne a choisi de consacrer un long article à l'opération, avec notamment les témoignages de membres de différents corps de l'armée y ayant pris part. Le titre choisi n'est pas sans rappeler la «reconquête» de l'Andalousie par la reine Isabella et le roi Ferdinand au 15e siècle : «La reconquista de Perejil como nunca se contó : hablan los 'héroes'» (La reconquête de Perjeil comme jamais racontée auparavant : Les «héros» parlent). Aznar a reporté à deux reprises l'assaut contre les six Mokhaznis Dans son témoignage, un commandant des forces spéciales affirme que l'intervention pour reprendre Perejil a été avortée à deux reprises. La première fois le 11 juillet 2002 et la 2e fois, sans préciser la date prévue, alors que les éléments de l'armée était en direction vers l'ilot avant de recevoir des instructions pour rebrousser chemin. Ces reports décidés par José Aznar répondaient-ils à une volonté du Premier ministre d'accorder une chance à la médiation des Etats-Unis afin de convaincre le roi Mohammed VI d'ordonner le retrait des six Mokhaznis du rocher ? Ou étaient-ce les conséquences des hésitations au sein de la hiérarchie militaire, dont certains désapprouvaient même le recours à la force, tel l'amiral Antonio Moreno ? 12 ans plus tard, d'autres membres des forces auxiliaires foulent le sol de Perejil L'assaut donné le 17 juillet 2002 s'est déroulé sans problème. Une fois son coup réussi, Aznar ordonne à sa ministre aux Affaires étrangères, Ana Palacio, d'user de ses relations amicales avec Colin Powell pour trouver une solution diplomatique à la crise. Le 22 juillet, le texte proposé par le Secrétaire d'Etat est validé par le Maroc et l'Espagne. Aznar a alors retiré ses troupes. Le rôle déterminant des Américains dans le conflit avait rapproché davantage l'Espagne des Etats-Unis. Une année plus tard, le Premier ministre se rangeait avec enthousiasme, au grand dam d'une majorité d'Espagnols, du côté de Georges Bush dans sa guerre contre l'Irak de Saddam Hussein. Malgré l'escalade militaire entre l'Espagne et le Maroc en 2002, un évènement autour de l'îlot Leïla aura lieu douze ans plus tard. Une trentaine de membres des Forces auxiliaires (Mokhaznis), débarquèrent sur le rocher pour y déloger des migrants subsahariens. Le gouvernement que dirige Mariano Rajoy, un ancien fidèle d'Aznar avant de lui tourner le dos, applaudit l'opération et la justifie même. Entre 2002 et 2014 la donne politique a sensiblement changé aussi bien au Maroc qu'en Espagne.